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Comment justifier le respect d'autrui ?

Publié le 09/03/2004

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La pitié joue un autre rôle, particulièrement pratique et « terre-à-terre « (loin du « sublime « de la raison). Elle est le sentiment sur lequel, dans le début d'une réflexion (puisqu'à partir d'elle se forge une formulation qui dégage un principe), peut se construire « utilement « (mais sans la perfection, qui relève de la raison) une maxime. On sait qu'une maxime est le principe (subjectif) que le sujet se donne lui-même pour règle dans sa manière d'agir. La maxime se formule généralement de manière impérative, sur le mode du « Fais ceci de telle ou telle manière, de telle sorte que... «. Rousseau épouse cette approche, que l'on trouvera plus tard sous la plume de Kant. Ici, Rousseau, dans son expression, (« Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible «) tient compte à la fois de l'amour de soi-même (« Fais ton bien «), formulation qui renvoie à un inévitable égoïsme, et l'amour d'autrui (« le moindre mal... «). Le mouvement de la pitié va vers autrui (deuxième partie de la maxime) mais il vient de nous, et ne peut alors s'opposer à nos propres intérêts : « Fais ton bien « (première partie de la maxime). Dès lors, la pitié est tension entre le mien et le tien, sorte de synthèse dialectique (bien que le terme, à la résonance hégélienne, soit anachronique) qui satisfait l'intérêt non égoïste du nous.

 

L’Homme est un animal politique d'après les mots d'Aristote. La vie en société repose sur des règles de vie afin que l’être humain puisse vivre  harmonieusement et paisiblement avec l’autre. L’une d’elles, certainement la plus importante, est le respect d’autrui.

            Autrui est un moi qui n'est pas moi, il se caractérise par sa différence et en même temps par sa similitude. Il est l'alter-ego.

L’Homme se doit de respecter l’autre, de ne pas attenter à sa liberté, de ne pas lui porter préjudice, de ne pas avoir peur de sa différence.

            Pourquoi l’Homme doit-il respecter autrui ? Dans quelles situations se doit-il de le respecter ? Que serait le monde si l’Homme ne respectait pas l’autre ? Sur quel fondement repose ce nécessaire respect d'autrui ? Quel est le principe moral à l'origine de la reconnaissance de la dignité de l'autre ?

 

« 2) Puis, la pitié est décrite en ses différentes fonctions.3) Rousseau indique la supériorité de la maxime qu'elle inspire.4) Il ait de cette maxime le fondement de la morale. 1) Dans la forme d'une argumentation qui s'achève (« donc ») Rousseau affirme que « la pitié est un sentimentnaturel ».

On sait que Rousseau opposera constamment ce qui est de l'ordre de la nature et ce qui est de l'ordre dela société (du social, ou du civil).Cette succession historique (supposée) a son équivalent à l'intérieur de l'homme.

Il y a en lui ce qui est de l'ordre dela nature (inné) et ce qui a sa source dans la société (l'acquis).

Rousseau estime que ce qui est de l'ordre dusentiment (la pitié) est déjà là, en l'homme, au niveau de l'homme naturel, et donc premier (et par là mêmeantérieur) à la raison qui, elle, est seconde (et par là même postérieure), de l'ordre de l'homme civilisé.Ainsi, Rousseau, au niveau de l'homme « naturel », distingue-t-il un sentiment égoïste (« l'amour de soi ») et unsentiment altruiste (« la pitié »).

Il les comprend comme antagonistes, et s'équilibrant l'un l'autre (« la pitié [...]modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même »).Sans que Rousseau soit très explicite sur ce point, on peut imaginer que l'amour de soi conduit l'homme au repli etl'éloigne de ses semblables (à moins que l'amour de soi ne le conduise à vouloir imposer sa volonté par la force).

Aucontraire, la pitié nous ouvre vers autrui et conduit à nous rapprocher des autres hommes, nos semblables, nosfrères.

Chacun, éprouvant de la pitié pour l'autre, est enclin à le protéger et à lui porter secours.

Ainsi, la pitiéconcourt-elle « à la conservation mutuelle de l'espèce ». 2) Aussi Rousseau se livre-t-il à une célébration de la pitié, en décrivant ses différentes fonctions.

Plus exactement,il croise les descriptions concrètes avec les fonctions abstraites.

Ainsi la pitié est reliée à la souffrance (« c'est ellequi nous porte [..] au secours de ceux que nous voyons souffrir ») ou bien elle est pensée comme frein à l'injustice(« c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant [...] sa subsistance acquise avecpeine »).Mais, à chaque fois, une fonction de la pitié est indiquée : à la suite de la souffrance, Rousseau montre que la pitiéjoue dans l'état de nature le même rôle que la loi joue dans l'état de société (« la pitié tient lieu de lois, de moeurs,et de vertu »).

De même, à la suite de l'injustice, Rousseau montre que la pitié débouche sur une maxime valabledans l'état de nature (« une maxime de bonté naturelle ») autrement plus efficace que la maxime qui a cours dansl'état de société.A chaque fois, la pitié est un sentiment immédiat (« sans réflexion »), à l'opposé de ce que serait une raisonnaissante qui pèserait le pour et le contre, les avantages et les inconvénients.

La pitié s'oppose même à l'instinct.En effet, elle est même capable de nous « détourner » du mouvement instinctuel qui nous ferait prendre ce qui est àportée de main (« c'est elle [la pitié] qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant...

»), instinctpar lequel le fort est tenté d'opprimer le faible.A chaque fois, la pitié est un sentiment qui naît du spectacle d'autrui –à l'opposé de l'amour de soi à qui l'existenced'autrui importe peu.

Tout d'abord par une sorte de sympathie (empathie) devant la souffrance d'autrui (« ceux quenous voyons souffrir »), ressentie vraisemblablement comme une souffrance que nous ressentons dans notre proprecorps.

Le « secours » que nous portons à autrui est un secours que nous porterions spontanément à nous-mêmes.

Iln'est certainement pas ici (ce qui se passera au contraire plus tard avec Bentham) lié à un calcul (plus ou moinsrationnel).En effet, Rousseau indique que ce mouvement de la pitié est « sans réflexion ».

Il n'est possible qu'au prix d'unesympathie universelle où chaque individu est en même temps tous les autres.Si la pitié est un sentiment premier (qui joue pleinement son rôle dès l'état de nature), c'est aussi un sentimentproprement humain, qui s'oppose à l'instinct (naturel lui aussi, mais strictement animal).

Là encore, la pitié inondel'homme (tout « sauvage robuste » qu'il soit) au moment du spectacle du malheur.

Le sauvage se connaît commefort, il voit l'enfant comme « faible ».

La pitié abolit les distances.

Elle nous fait aller d'un coup vers l'autre, elle nousfait l'égal de l'autre, et nous sommes prêts à lui donner la puissance que nous avons en trop, mais qui lui manque. 3) Cette description concrète des effets de la pitié se croise avec une réflexion sur ses fonctions.

Elle préfigure,dans l'état de nature, ce qui se passera dans l'état social (ou état civil).

Elle est la forme première (et primitive) «des lois, des moeurs et de la vertu », mais ces lois, ces moeurs et cette vertu qui auront cours dans l'état socialperdront de leur efficacité par rapport à la pitié.

Car, avec l'entrée en scène de la raison dans l'état social, leraisonnement joue son rôle néfaste.

Il est alors possible de désobéir à ce que dicte la raison.

La pitié est tropimmédiate, elle est trop entière, elle est trop puissance, elle est trop exclusive (le raisonnement n'y trouve aucuneplace) pour qu'à aucun moment sa voix, qui est impérative, soit discutée.La pitié joue un autre rôle, particulièrement pratique et « terre-à-terre » (loin du « sublime » de la raison).

Elle est lesentiment sur lequel, dans le début d'une réflexion (puisqu'à partir d'elle se forge une formulation qui dégage unprincipe), peut se construire « utilement » (mais sans la perfection, qui relève de la raison) une maxime.On sait qu'une maxime est le principe (subjectif) que le sujet se donne lui-même pour règle dans sa manière d'agir.La maxime se formule généralement de manière impérative, sur le mode du « Fais ceci de telle ou telle manière, detelle sorte que...

».

Rousseau épouse cette approche, que l'on trouvera plus tard sous la plume de Kant.

Ici,Rousseau, dans son expression, (« Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible ») tient compte à lafois de l'amour de soi-même (« Fais ton bien »), formulation qui renvoie à un inévitable égoïsme, et l'amour d'autrui(« le moindre mal...

»).

Le mouvement de la pitié va vers autrui (deuxième partie de la maxime) mais il vient de nous,et ne peut alors s'opposer à nos propres intérêts : « Fais ton bien » (première partie de la maxime).Dès lors, la pitié est tension entre le mien et le tien, sorte de synthèse dialectique (bien que le terme, à larésonance hégélienne, soit anachronique) qui satisfait l'intérêt non égoïste du nous.. »

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