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Commentaire de texte : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Max Weber

Publié le 20/04/2022

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Toutefois, il n’est pas interdit de se reposer car il y a une exception : c’est le dimanche. En effet, on ne travaille pas le dimanche, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il y a péché. Bien au contraire, le dimanche est “le jour du Seigneur”. La Bible instaure l'obligation de conserver un jour de culte et de repos. Ainsi, il s’agit également d’un commandement divin qui se trouve d’ailleurs dans l’Exode (20:8) « Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. ». Bien évidemment, ceci fait écho au jour de repos de Dieu lui-même lors de la création : après avoir achevé son œuvre, Dieu se reposa le septième jour et le sanctifia. Dès lors, la contemplation n’est pas en elle-même proscrite, mais c’est lorsqu’elle se fait au détriment de la gloire de Dieu qu’il y a une faute au sens religieux du terme, c’est-à-dire qu’il y a péché. Max Weber voit donc dans le protestantisme la meilleure illustration de la valorisation du travail professionnel car cette tâche est voulue par Dieu : “Le travail (...) constitue surtout le but même de la vie, tel que Dieu l’a fixé” (l.6-7). Le travail n’est plus cette activité qui, traditionnellement, est reléguée au rang de moyen en vue d’une fin extérieure, pour le protestant, le travail est une fin en soi. Pour le dire autrement, le protestant ne travaille pas pour vivre, il vit pour travailler. Ceci explique notamment le verset de saint Paul ligne 7-8 : “Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus”. Cette idée est assez commune, on la retrouve d’ailleurs dans la Cigale et la fourmi, la célèbre fable de la Fontaine : “vous chantiez, j’en suis fort aise, et bien, dansez maintenant !”. Ceci se présente habituellement comme un principe de justice : celui qui travaille peut profiter de ces gains, tandis que le paresseux, quant à lui, n’a rien. Toutefois, dans le protestantisme cette idée a une dimension plus métaphysique car elle a une justification religieuse, une assise religieuse. La gloire de Dieu n’est cependant pas le seul motif de cette éloge du travail, il semble y en avoir un deuxième, plus difficile à cerner : le protestant essaye également de savoir s'il est élu ou damné, c’est-à-dire qu’il cherche un signe de son salut dans la réussite professionnelle. Nous en avons parlé en introduction, une branche du protestantisme qui s’appelle le calvinisme défend le dogme de la prédestination : Dieu aurait déjà choisi ceux qui iront au paradis et ceux qui iront en enfer. Dès lors, il est inutile de chercher à se faire pardonner en rachetant ses fautes auprès de l’Eglise. Ce dogme de la prédestination est en effet une forme de réaction contre le commerce des Indulgences, c’est-à-dire envers la possibilité d’acheter, avec de l’argent, sa rémission, et par conséquent, son accès au Paradis. L'affaire du commerce des indulgences fut d’ailleurs le déclencheur de la Réforme protestante. P
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« Commentaire classique : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber L’expression “le temps, c’est de l’argent” est un dicton que l’on doit à Benjamin Franklin. Cela signifie que lorsque le temps est bien investi et bien employé, il est une source de profit.

A contrario, tout le temps qui est gaspillé est un manque à gagner.

En ce sens, le dicton exprime également le coût monétaire de la paresse et du simple loisir.

D’ailleurs, on utilise parfois l’expression “passe-temps” pour désigner ce qui est l’ordre du divertissement.

L’adage de Benjamin Franklin se présente comme un conseil et a même vocation à être une mentalité, càd un principe d’action qui stipule qu’il faut travailler dur et sans relâche pour générer toujours plus d’argent.

Cet état d’esprit, on le retrouve notamment dans la conception capitaliste du travail.

En effet, le profit comme fin en soi est un des fondements du capitalisme : l’argent gagné n’est pas consommé, il est toujours réinvesti pour créer davantage de profit et accroître le capital, presque à l’infini on pourrait dire.

Pourtant, traditionnellement, le travail est conçu comme une activité, certes nécessaire, mais surtout douloureuse, à laquelle il faut par conséquent préférer le loisir.

Dès lors, d’où vient cette mentalité, presque contre-intuitive, qui fait du travail une fin en soi ? Autrement dit, qu’est ce qui est à l’origine de l’état d’esprit capitaliste ? Dans le texte extrait de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber propose une réponse à cette question généalogique.

Selon lui, c’est dans la conception protestante du travail que naît cette conduite étrange et inédite de la recherche du profit le plus élevé possible, non pas pour jouir des douceurs de l’existence, mais pour la satisfaction de produire toujours plus.

En d’autres termes, le capitalisme moderne tire sa source d’un état d’esprit religieux.

Plus précisément, le dogme calviniste de la prédestination a notamment exercé des effets psychologiques sur les fidèles.

Selon Jean Calvin, Dieu a de toute éternité destiné certains hommes au salut et condamné les autres à l'enfer. Dans cette situation préétablis, le croyant cherchera alors dans son activité professionnelle les signes de sa confirmation, càd que la réussite professionnelle lui semblera être le témoignage de son statut d'élu et de son accès futur au paradis.

En effet, seuls les élus peuvent avoir du succès dans le métier que Dieu leur a donné pour sa plus grande gloire.

Les protestants vont ainsi transformer leur vie en une recherche méthodique du profit dans le cadre de leur profession, et bien entendu, il est hors de question de transformer les richesses ainsi produites en luxe ou de s’en servir pour satisfaire les désirs de la chair.

C'est donc dans cette conception ascétique et religieuse du travail, fondée à la fois sur la gloire de Dieu et sur l’incertitude de la grâce, que le capitalisme trouvera selon Weber l'impulsion fondamentale à son essor.

(Lecture du texte) Le texte, on le voit, possède de nombreux crochets ce qui signale des coupure du texte initial et rend de ce fait plus difficile l’identification du plan de l’auteur, toutefois, tel que le texte est présenté, il semble procéder en deux moments successifs.

Du début du texte à “Et ce métier ne constitue pas (...) un destin auquel on doit se soumettre et se résigner, mais un commandement que Dieu a fait à l’individu de travailler à la gloire divine” (l.14-16).

Dans ce premier temps, Weber présente la conception protestante du travail comme étant le but même de la vie et révèle les justifications religieuses qui sous tendent cette conception.

Si le protestant passe son temps à travailler, c’est pour honorer Dieu et chercher une confirmation de son salut.

Mais l’argumentation de Weber ne se limite pas à une exposition de fait, car dans un second temps, il révèle les liens qui unissent cette conception protestante du travail avec la recherche du profit, et par conséquent, avec la naissance de l’esprit capitaliste.

De la ligne 17 “Partant, le bon chrétien doit répondre à cet appel” à la fin du texte : il y développe l’idée selon laquelle la mentalité ascétique du protestantisme a incité les fidèles à rechercher le profit pour le réinvestir encore et toujours sans jamais en profiter, et c’est cette dynamique qu’on retrouve dans le capitalisme moderne.. »

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