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Commentaires sur la société du spectacle

Publié le 19/04/2013

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Debord nous propose, dans son livre Commentaires sur la société du spectacle paru en 1988, une critique de la raison marchande, de son omniprésence dans la vie de tous les êtres humains, dans tous les systèmes socioculturels et économiques. Cette raison, qui prime partout,  est le moteur ainsi que la source de l’aliénation de notre société de consommation qui, dès lors, est comparée à un spectacle. Son livre se propose de brosser un portrait de ce qu’est ce spectacle, de démontrer quelles sont ses ramifications, d’établir à partir de quelles techniques il tire sa puissance. Il se propose parallèlement, à partir de son livre La société du spectacle paru vingt ans plus tôt, de comprendre dans quelle mesure il s’est modifié, qualitativement et quantitativement et de quelle façon il s’est subtilement inscrit dans nos institutions et nos modes de vie contemporains. Également, tout comme le livre de 1967, Commentaires sur la société du spectacle nous est proposé en tant qu’essai politique décliné en plusieurs déclarations en autant de chapitres courts et succins, informant sur la façon dont procède le spectacle et dans quelles sphères il s’incarne. Debord ne cherche pas ici à convaincre, mais plutôt à exposer des états de fait, à décrire le spectaculaire sous ses formes les plus importantes. Il y mentionne les conséquences pratiques du rapide déploiement spectaculaire depuis vingt ans. Sans polémique, sans vouloir être moralisateur ni montrer ce qui serait souhaitable, il y décrit seulement ce qui « est «[1]. Toutefois, son style incisif ne laisse aucun doute sur sa position, en opposition totale avec le spectaculaire et ses effets collatéraux. Aussi, laisse-t-il au lecteur le choix de se mobiliser ou non, de trouver d’autres façons de faire, mieux adaptées à une éthique marchande, s’il en est une ou de repartir sur d’autres bases.               La thèse principale de Debord dans La société du spectacle est que le spectaculaire, construction du capitalisme, s’est immiscé dans toutes les sphères d’activités humaines, notamment dans les médias, afin d’accroître et de valoriser la production de bien marchands comme un moyen et une fin en soit. Il s’est autoproclamé comme étant la seule voie possible, il a dicté son langage, ombragé toute autre forme de vision du futur que la sienne, manipulé l’opinion publique, fait oublier le passé, limitant de surcroit la capacité de penser et de décider de la suite des choses des individus spectateurs et de leur société. Tout a ainsi été mis en place par le spectacle afin de formater ces derniers, de plus en plus aliénés, de plus en plus dépendants de la marchandise et de plus en plus éloignés de leur propre existence. Il précise sa thèse, dans la suite qu’est Commentaires sur la société du spectacle, en démontrant comment le spectaculaire, qui était en 1967 soit concentré dans les sociétés dites totalitaires (staliniennes ou nazies)  ou diffus dans les sociétés capitalistes du type américaine, s’est aujourd’hui fusionné pour devenir le spectaculaire intégré, régnant partout sur la planète.[2] Aussi, le concept prend-il plusieurs significations : « Le spectacle est à la fois l'appareil de propagande de l'emprise du capital sur les vies, aussi bien qu'un rapport social entre des personnes médiatisé par des images. «[3] Son nouveau livre de 1988 semble décrire parfaitement notre monde et est, de façon inquiétante, toujours plus d’actualité en 2013, voyant ses prévisions se concrétiser magistralement.             Debord se propose d’emblée, à partir de la description qu’il faisait du spectaculaire en 1967, de comprendre quelle expansion il a subit. Il est assurément plus puissant aujourd’hui et quoique déjà très bien établi et puissant à l’époque, il cherche à démontrer quelles sont ses nouvelles lignes d’opérations sous cinq traits principaux, soit le renouvellement technologique incessant, la fusion économico-étatique, le secret généralisé, la faux sans réplique ainsi que le présent perpétuel.[4]             Le premier changement majeur d’ordre pratique advenu depuis l’apparition du livre La société du spectacle est la continuité, la mainmise sur une génération complète qui fut élevée dans le spectacle et qui se plie facilement à ses lois. Cette domination monopolisant une très large strate de la population permet, mieux que jamais, sa domination et dicte facilement de façon insidieuse et captieuse ce qui est permis et empêché sans obtenir le moindre questionnement, la moindre révolte. C’est le réel modifié en faux qui devient de facto  le vrai.             Le ...

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