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Commenter une phrase de Dostoïevski (Les Frères Karamazov) : Rien n'est plus séduisant à première vue que la liberté de conscience, mais rien n'est plus torturant en réalité. ?

Publié le 27/02/2008

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conscience

ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET.

 

 

§  La liberté de conscience est la liberté de choisir, sans contrainte, une religion, une croyance, une conviction. Plus précisément et historiquement, la liberté de conscience est le droit pour un individu de s’affranchir du culte officiel de son pays pour avoir ses propres convictions, croyances. La liberté de conscience va de pair avec la notion de laïcité, en ce sens qu’elle suppose l’égalité des croyants. La liberté de conscience est fondée sur l’autonomie du jugement et ouvre par là à une culture universelle. La liberté de conscience implique également celle de se tromper, se faisant ainsi apprentissage de la vie.

§  Plus largement, la liberté de conscience est le mode immédiat sur lequel la conscience se rapporte à ses actes, se faisant le signe d’un pouvoir indéterminé de vouloir. La liberté de conscience séduit alors dans la mesure où elle laisse le sujet être le maître de ses propres jugements et plus largement de ses propres actes, de sa vie. Néanmoins cette liberté se fait en même temps pouvoir d’illusion, le sujet étant livré à lui-même et la liberté immédiate qu’il expérimente pouvant se transformer en aliénation, eu égard aux passions, elles aussi souvent spontanées chez l’homme.

§  La citation semble mettre en lumière ce paradoxe de la liberté de conscience qui rend l’homme à lui-même, le dégageant de toute contrainte objective venant lui imposer un dogme et par là un mode de vie, mais lui imposant par là de se rendre autonome dans ses jugements, en proie à toute erreur possible.

§  Le problème qui se pose est alors le suivant : la liberté de conscience est-elle ce qui rend l’homme à son propre jugement, l’exposant ainsi à l’erreur, l’illusion, la tromperie, l’homme n’étant pas capable par lui-même d’assumer cette liberté, et ne pouvant vivre heureux que sous la contrainte que lui impose un certain type de pensée, ou l’autonomie de l’homme dans la liberté de conscience se manifeste-t-elle par une contrainte qu’il s’impose à lui-même, marquant la capacité de l’homme à être maître de ses propres jugements ?

conscience

« d'illusion en l'homme, ce dernier n'étant pas capable, en tant qu'être fini, de maîtriser un pouvoir infini ? L'homme nedoit-il pas toujours limiter sa liberté, voire se voir donner une limite de l'extérieur, afin de na pas être dans uneperpétuelle illusion ? II) La liberté de conscience comme source d'illusion, un pouvoir infini trop haut pour l'homme. § La liberté de conscience se manifeste donc par un pouvoir infini du vouloir de l'homme concernant sesopinions, croyances, convictions, et a fortiori son mode de vie, ses agissements.

Cette libertéapparaît donc comme disproportionnée eu égard à la finitude de l'homme et c'est semble-t-il le sensde la critique que met en lumière la citation.

En effet, dans le roman Les frères Karamazov , Dostoïevski met en scène une discussion entre deux dès frères, un athée et un étant en voie derentrer dans les ordres.

Le premier explique ainsi au second qu'en laissant les hommes libres de choisirde croire ou non, Jésus a fait une erreur, dans la mesure où l'homme n'est pas Dieu.

L'homme n'a pasune puissance infinie lui permettant de faire des choix raisonnables, bien au contraire cette capacitéde choix, cette liberté de conscience, rend l'homme malheureux, dans la mesure où il ne sait pas s'ilfait le bon choix ou non.

L'homme, en tant qu'être fini, ne semble pas capable de cette liberté deconscience qui lui est attribuée, au sens où il ne possède pas cette illimitation, cette capacité infiniede décider toujours le mieux pour lui.

La liberté de conscience semble alors contribuer au malheur del'homme plus qu'à son bonheur, ce dernier n'étant pas capable de la maîtriser et de l'utiliserconvenablement. § Qui plus est, se manifestant comme une liberté immédiate, la liberté de conscience semble donner lieuà l'illusion pour l'homme.

En effet, incapable de cette capacité infinie de choix, l'homme se laisseraitentraîner spontanément par ce qu'il y a de plus immédiat en lui : les passions.

C'est en outre la thèsedes Stoïciens qui montrent que l'homme, incapable de cette liberté de conscience, puissance infinie, sdonne alors une image et une idée trompeuse de cette liberté comme assouvissement aux passions.C'est alors une aliénation qui fait suite à la liberté de conscience, cette dernière manifestant alors soncontraire le plus radical : la soumission. § La finitude de l'homme semble donc faire de la liberté de conscience une véritable « torture » pourl'homme au sens où, ne sachant pas l'utiliser, il en fait involontairement une puissance d'aliénation.L'homme semble ainsi incapable d'une liberté de conscience, d'une capacité infinie de choix, étant lui-même fini.

La liberté de conscience irait donc de pair chez l'homme avec une nécessaire limitation decette liberté, voire une nécessaire soumission. Mais n'est-il pas possible de concilier soumission et liberté en l'homme, de sorte que l'home parviendrait par lui-mêmeà user de cette liberté de conscience convenablement, pour se rendre autonome et pour donner une impulsion à savie ? III) liberté de conscience et autonomie : l'autolimitation de l'homme. § La loi et la contrainte semble pouvoir être compatible avec la liberté, voire semble rendre possible laliberté de conscience si elle est définie comme obéissance à soi même, c'est-à-dire commeautonomie.

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , Kant thématise cette idée d'obéissance à soi-même, et ce dans le cadre de la définitionde la loi morale.

En effet, pour ne pas être une contraintesoumettant nécessairement l'individu, au prix de la liberté, Kantdéfinit la loi morale comme autonomie.

L'obéissance à la loimorale est alors une obéissance à la loi que la raison nousprescrit, c'est-à-dire à la loi que l'on s'est prescrit à soi-même.La loi morale n'est donc rien d'autre que la manifestation denotre raison.

Dès lors non seulement la loi est conforme à laliberté, dans la mesure, où je m'obéis à moi-même, mais plusencore, la loi est la manifestation même de la liberté, dans lamesure où c'est par un acte totalement libre que le choisis deme donner la loi morale et de m'y soumettre.

Loi et liberté sontalors compatibles dans la mesure où la loi est la liberté, elle estl'acte par lequel je manifeste ma liberté, mon autonomie : je nesuis soumis à rien d'autre qu'à la loi morale, donc qu'à mapropre raison, donc qu'à moi-même. § C'est donc librement que la volonté se donne la loi morale qui vala déterminer à agir selon la vertu.

Le sujet moral est doncle sujet soumis à une loi qui n'est autre que la loi de sapropre raison pratique et qu'il s'est donné librement.

La loimorale n'est donc pas ce qui détermine de manière touteextérieure l'existence du sujet, elle est au contraire le signe. »

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