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Comte: Si l'on pouvait concevoir, en aucun cas, que, sous l'influence de conditions

Publié le 27/02/2008

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Si l'on pouvait concevoir, en aucun cas, que, sous l'influence de conditions exactement similaires, les phénomènes ne restassent point parfaitement identiques, non seulement quant au genre, mais aussi quant au degré, toute théorie scientifique deviendrait aussitôt radicalement impossible: nous serions dès lors nécessairement réduits à une stérile accumulation de faits, qui ne sauraient plus comporter. aucune relation systématique, susceptible de conduire à leu prévision. Il est donc indispensable de reconnaître en principe que, même dans les phénomènes éminemment complexes qui se rapportent à la science des corps vivants, chacune des diverses actions vraiment élémentaires qui concourent à leur production varierait nécessairement selon des lois tout à fait précises, c'est-à-dire mathématiques, nous pouvions en effet l'étudier en elle-même, isolément de toute autre... Si donc les phénomènes les plus généraux du monde inorganique sont éminemment calculables, tandis que les phénomènes physiologiques ne peuvent l'être nul ment, cela ne tient évidemment à aucune distinction font mentale entre leurs natures respectives ; cette différer provient uniquement de l'extrême simplicité des uns opposée à la profonde complication des autres. COMTE

Thème :          Le thème de cet extrait du texte d’Auguste Comte porte sur la théorie scientifique et ses réquisits. La rationalité scientifique s’inscrit, pour Auguste Comte, dans le prolongement de l’étonnement suscité par le monde des phénomènes auxquels l’homme se trouve confronté. La rationalité est ce qui s’efforce de rendre compte de l’ordre du monde afin de réduire l’étonnement consécutif à son incompréhensibilité première. L’homme s’étonne du monde et cherche à le comprendre pour estomper son étonnement : tel est l’activité de la raison (thème déjà aristotélicien). La raison est ce qui systématise la relation des phénomènes en y constatant l’ordre – ceci en vue d’éviter la simple accumulation des faits anarchiques et anomiques.

 

Problème :     Le problème de cet extrait consiste en la détermination des conditions de possibilité et d’application de la théorie scientifique. La théorie scientifique étant ce qui satisfait “ le besoin fondamental qu’éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes ” (Cours de philosophie positive), il s’agit de penser les modalités d’intégration et de soumission des phénomènes aux lois des mathématiques.

 

Enjeu :           L’enjeu fondamental consiste dans cet extrait à évaluer l’ampleur de la rationalité et de l’ordre du monde des phénomènes. Enjeu semblant ici répondre à une objection qui consisterait à arguer qu’il existe des phénomènes incompréhensibles (les phénomènes physiologiques), et qu’en tant qu’incompréhensibles, ils réfutent une conception du monde comme ensemble rationnel. Si quelque chose se soustrait à la possibilité d’être expliqué, cela serait parce que le monde lui-même n’est pas rationnel de part en part mais que certaines choses sont par nature incalculables. L’enjeu consiste donc dans la continuité ou la discontinuité des phénomènes naturels (inorganiques – physiologiques). Est-ce là une différence de nature (qualitatif) ou de degré (quantitatif) ?

 

« existe des phénomènes incompréhensibles (les phénomènes physiologiques), et qu'en tantqu'incompréhensibles, ils réfutent une conception du monde comme ensemble rationnel.

Si quelquechose se soustrait à la possibilité d'être expliqué, cela serait parce que le monde lui-même n'est pasrationnel de part en part mais que certaines choses sont par nature incalculables.

L'enjeu consistedonc dans la continuité ou la discontinuité des phénomènes naturels (inorganiques – physiologiques).Est-ce là une différence de nature (qualitatif) ou de degré (quantitatif) ? Plan : I.

La théorie scientifique et son (im-)possibilité [“ Si l'on (…) prévision.

”] La possibilité de la théorie scientifique se fonde sur un principe de continuité et d'homogénéité : une même cause, dans les mêmes conditions, produit sur un phénomène identique les mêmes effets.Ce principe assure la continuité de l'identité du phénomène dans ses variations.

Ainsi est renduepossible la reproduction de l'expérimentation selon des conditions dont l'exacte similarité en assurel'identité. En opposition, une modification incompréhensible (ce qui justement produit l'étonnement, “ la sensation la plus terrible que nous puissions éprouver [et] qui se produit toutes les fois qu'unphénomène nous semble s'accomplir contradictoirement aux lois naturelles qui nous sont familières ”(ibid .)) ne peut conduire qu'à une simple accumulation de faits.

Accumulation de faits absolument insatisfaisante au regard des exigences de la raison puisque incapable de rendre compte d'uneexplication : accumulation stérile parce que hors de tout ordre, c'est-à-dire non-systématique. L'ordre entre relations alors mises en système est donc le garant de la rationalité des phénomènes.

Par l'intégration à l'ordre, intégration qui est soumission aux exigences de la rationalité,le phénomène assure la possibilité de sa reproduction dans l'expérimentation.

La connaissance des loisdu phénomène permet son intégration en un système rationnel dont le résultat constant est lapossibilité de la prévision : “ science d'où prévoyance ” ( ibid .) ! II.

Le postulat [“ Il est donc (…) de toute autre ”] Cet impératif de soumission du phénomène à l'ordre et à la légalité de la rationalité(mathématique) exprime la position d'un postulat : il faut “ reconnaître en principe ”, autrement dit sans exiger dedémonstration de la légitimité de ce qui est à reconnaître en principe comme principe (la raison et l'ordre du monde).S'il est un postulat, c'est parce que la soumission du phénomène à la légalité mathématique est la condition del'intégration de la variation de ses effets en la rationalité.

Tout est dans les phénomènes déterminé, et déterminéselon une loi qui est celle de la raison : voilà le déterminisme.

La raison dans son investigation de la nature ne faitque découvrir un ordre rationnel qui préexistait à la dé-couverte.

Tout fait est par nature rationnel : voilà lepositivisme. Ainsi, l'action élémentaire concourant à la production des phénomènes peut être étudiée individuellement et de manière isolée parce qu'elle est intrinsèquement rationnelle.

Son fonctionnementrationnel est indépendant, mais d'une indépendance rationnelle tout de même conditionnée par sasoumission à la rationalité totale du monde des phénomènes. III.

La continuité du principe [“ Si donc (…) des autres.

”] Le problème de la complexité se réfère ici à l'objection mentionnée dans l'introduction (enjeu). Pour Comte, la complexité du phénomène, son apparente incompréhensibilité voire irrationalité, estrelative à la puissance d'investigation du réel (la raison).

Un esprit absolu connaîtrait absolument toutle fonctionnement du monde [le démon de Laplace].

Rien ainsi ne saurait se soustraire au principe derationalité élaboré dans la seconde partie.

La nature elle-même se conduit de manière identique auregard de l'impératif de soumission à la rationalité : elle est rationnelle de part en part. En conséquence, l'existence de phénomène dont la raison est actuellement ignorée ne réfute pas l'idée d'un ordre général et universel de la nature, mais s'explique simplement par la complexitécroissante des phénomènes physiologiques (en opposition à l'évidence simple des phénomènesinorganiques).

Le projet du positivisme vise à la diminution de l'existence de l'inconnu et consiste en laréduction des phénomènes particuliers à des lois de plus en plus générales – afin de promouvoirl'exercice de l'action humaine.. »

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