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Conatus et philo allemande (mémoire M1)

Publié le 30/04/2013

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« L'effort du Réel « De l'impact du conatus spinoziste pour la visée transcendantale post-kantienne. Mini-mémoire présenté dans le cadre du séminaire sur le Réel (Prof. Alexander Schnell) par Paul Foyer Université de Paris-Sorbonne (Paris-IV) UFR de philosophie et de sociologie Année académique 2011-2012 Notre lecture générale de l'Éthique1B. Spinoza, Spinoza opera, Heidelberg, C. Winter, 1925. Notre étude s'appuie sur B. Spinoza, Ethique, trad. A. Guérinot, Paris, Ivera, 1993. (notée E par la suite) Le choix de cette traduction, qui contraste avec celles de Charles Appuhn, Roland Caillois, Robert Misrahi, Émile Saisset, Bernard Pautrat, plus communes, répond à un choix de lecture. La diversité des études spinozistes font relais à bien des traductions et des débats sur leur pertinences singulières. Guérinot semble se distinguer par le choix d'une langue propre au XVIIe siècle. Cette dynamique langagière moderne s'affirme par delà les problèmes de traduction, sans par ailleurs leurs ôter leurs importances. Notre étude fait aussi référence au latin de Spinoza issu de l'édition Van Vloten et Land. s'installe dans une attention au dessin que son propos exprime. Un dessin au double trait : à la fois global et géométrisé dans lequel les éléments sont inclus, à la fois particulier dans lequel chaque élément se présente comme ancrage singulier d'une forme approchée par conjonction des éléments, au regard de la causalité immanente au fondement du projet. Un propos à la double incidence : à la fois explicite, puisque présenté par des définitions, des axiomes, des propositions claires ; à la fois implicite, puisque questionnant les doctrines, installant les problèmes par delà leur expression première. Spinoza place ainsi le donné dans une perspective que le lecteur ne peut qu'espérer saisir. Sous couvert d'un rationalisme moderne patent, la pensée spinoziste apparaît à la fois installée à travers un dialogue avec une visée médiévale, et prête au tournant transcendantal propre à l'idéalisme Allemand. Se conforter dans cette perspective suppose, à l'instar des lectures de Wolfson et de Deleuze, de « démêler l'implicite de l'argumentation2H.A. Wolfson, La philosophie de Spinoza, trad. A-d. Balmès, Paris, Nrf, 1999. Le projet annoncé dès l'introduction consiste à maintenir une étude analytique de Spinoza, tout en « démêlant l'implicite « qui s'oppose à l'idée d'une philosophie ex nihilo. Pour Wolfson, Spinoza est le dernier des médiévaux et le premier des modernes. Un pareil prisme de lecture le pousse à mettre en évidence ce qui rend compte d'un Spinoza derrière les mots. La perspective de G. Deleuze dans Spinoza et le problème de l'expression, Paris, Minuit, 1968, est identique sur ce point. Mais si l'intention est similaire, le mode de procédé phénoménologique particulier conduit à une lecture tout à fait caractéristique de Spinoza, lecture axée prioritairement sur la thématique de l'expression pour laquelle les notions spinozistes apparaissent comme simples dynamiques.  «, donc d'oser chercher du sens nouveau par delà les dessins apparents d'une première lecture. L'analyse structurale de Martial Gueroult, plus complexe, nous invite à saisir le mécanisme de l'impact spinoziste, sans négliger son fond propre. Notre travail entend partir de cette analyse problématique tout à fait hypothétique de Spinoza pour chercher, dans le dessin particulier du conatus, une manifestation d'un propos capable de la questionner au mieux. Par delà les lectures, le conatus installe avec Spinoza un faisceau rationnel de compréhension fertile pour la philosophie. Faisceau central qui ferra dire à Bergson : « tout philosophe a deux philosophies : la sienne et celle de Spinoza1H. Bergson, « lettre à Léon Brunschvicg « in Oeuvres complètes en trois tomes, Correspondances, Paris, PUF, 2002 : « C'est pourquoi nous avons beau nous être engagés, par nos réflexions personnelles, dans des voies différentes de celles que Spinoza a suivies, nous n'en redevenons pas moins spinozistes, dans une certaine mesure, chaque fois que nous relisons l'Éthique, parce que nous avons l'impression nette que telle est exactement l'altitude où la philosophie doit se placer, telle est l'atmosphère où réellement le philosophe respire. En ce sens, on pourrait dire que tout philosophe a deux philosophies : la sienne et celle de Spinoza. « Ici, Bergson ne traite pas directement du conatus mais de la fécondité générale de Spinoza. Notre étude cherche, entre autre, à retrouver, dans le mécanisme du conatus, un moyen de témoigner de la pertinence de Spinoza pour la philosophie, au travers et par delà ses assises propres.  «, faisceau qui oriente notre méthode historique dans une volonté de mise en lumière de la dynamique rationnelle de la doctrine, dans son élaboration, et au travers de sa portée 2R. Rorty, « Quatre manières d'écrire l'histoire de la philosophie «, in Que peut faire la philosophie de son histoire ?, Paris, Seuil, 1989, p. 58-94. L'auteur y présente quatre méthodes générales d'histoire de la philosophie. Notre étude entend s'approcher du type de la Geistesgeschichte par l'intêret porté aux problèmes posés par les philosophes vis à vis de leurs doctrines strictes. . Le conatus apparaît chez Spinoza sous diverses formes, formes qui révèlent toutes quelque chose de sa nature. Il s'entend généralement comme effort de préservation dans l'être - in suo esse perseverare- mais répond aussi à l'effort de conservation -sese conservandi- qui sont deux manières de désigner l'essence de l'effort. Si l'introduction du conatus dans la partie III de l'Éthique semble trouver ses racines dans quelques uns des chapitres du Court traité3B. Spinoza, « Court traité « in OEuvres I, premiers écrits, Paris, PUF, 2009. De nombreuses occurrences dans la seconde partie préfigurent l'installation du terme chez Spinoza. Les chapitres XVI et XVII, respectivement « de la volonté « et « de la différence entre volonté et désir « p. 331-344. sont à ce titre particulièrement significatifs. . La question du rassemblement en une notion synthétique est aussi celle de ses multiples traits, et donc de la vocation essentielle du concept ici posé. Un effort tourné vers la métaphysique semble s'opposer à un effort strictement naturel. Il nous faut alors comprendre en quoi, et comment, Spinoza aboli toute discontinuité entre physique, métaphysique, éthique et politique. Car, si c'est bien du bonheur de l'homme dans son état brut qu'il s'agit, le conatus répond à une multiplicité d'ancrages aussi fondamentaux que divers. Comment, chez Spinoza, le conatus, comme effort essentiel, répond à la plurivocité de ses acceptions possibles ? Si en lui-même, le conatus se déploie dans l'Éthique, il convient d'observer que sa saisie suppose une lecture par delà Spinoza. La visée transcendantale, qui semble s'opposer à bien des fondements spinozistes, doit beaucoup à l'ancrage du conatus. Un tel ancrage fait place à une situation nouvelle de la métaphysique à partir de Kant, qui s'installera, comme visée sur le Réel, au côtés de la visée spinoziste. Notre étude s'articulera en deux moments distincts. Un premier temps de mise en perspective du conatus spinoziste, dans son émergence et dans son articulation propre. Un second temps qui, à partir du questionnement sur l'impact du conatus pour la métaphysique, cherchera à confronter la visée spinoziste comme héritage ou comme spécificité, dans quelques unes des visées post-kantiennes. * * * Le conatus spinoziste est une notion multiple reliée à différentes acceptions, bien que centrée sur une vision nouvelle est unie de la conservation de soi. Ainsi, il y a un conatus entendu comme trait commun de toutes les choses singulières, animant l'univers de la plus petite à la plus grande. Mais il y a aussi un conatus éclaté de la chose singulière qui permet de définir son essence. Ces deux points de vue sur un caractère universel et singulier font échos à différents genres de perspectives mises en lumière par le conatus. La question qui se pose est celle de la place du conatus en métaphysique, elle doit donc être aussi celle de la place générale du conatus, puis celle des différents domaines qu'il lui est possible de convoquer. Le conatus apparaît premièrement chez Spinoza comme le lieu de l'articulation par lequel les affects sont mesurés. Comprendre le conatus, c'est dont explicitement comprendre ce qui permet de mesurer la puissance d'agir du corps. Le conatus est ainsi un critère de détermination de l'acte du corps, dans sa capacité à se maintenir dans son être. Une affection augmente l'effort d'auto-conservation qui permet à la chose de se conserver, et donc de rendre possible tout ce qui découle d'elle-même. Mais cette dynamique apparente du conatus opérant au coeur des sentiments passifs primaires se fonde à travers une tradition dont l'histoire va de pair avec celle des grands systèmes philosophiques. Comprendre cette origine apparaît nécessaire pour comprendre, par suite, ce que Spinoza installe en articulant le conatus, ainsi que la manière dont celui-ci se spécifie. Comment se sont constituées les premières assises rationnelles du conatus ? L'on peut identifier clairement l'origine du conatus spinoziste dans trois ancrages successifs. Une origine antique qui installe le terme, des articulations médiévales qui en font un objet de problématisation, un contexte moderne pré-spinoziste qui le précisera. Ce dernier contexte témoigne de frontières floues avec les différents conatus modernes, qui sont objets de différenciation et de spécification. Cependant, en s'appuyant sur les mots de Lacombe sur l'héritage naissant de la confrontation : « je tiens qu'on est le disciple des hommes que l'on contredit, autant que celui des hommes que l'on répète1P. Lacombe, De l'histoire considérée comme science, Paris, Hachette, 1984.  «, l'on peut montrer que ces compréhensions, bien qu'étrangères, et parfois contraires, à l'héritage systématique à la base de la visée spinoziste, permettent tout autant de le comprendre. Ainsi, il serait tout à fait malvenu de s'arrêter à une première genèse simpliste qui négligerait les conditions réelles ...

« Notre lecture générale de l’ Éthique 1 s’installe dans une attention au dessin que son propos exprime.

Un dessin au double trait : à la fois global et géométrisé dans lequel les éléments sont inclus, à la fois particulier dans lequel chaque élément se présente comme ancrage singulier d'une forme approchée par conjonction des éléments, au regard de la causalité immanente au fondement du projet.

Un propos à la double incidence : à la fois explicite, puisque présenté par des définitions, des axiomes, des propositions claires ; à la fois implicite, puisque questionnant les doctrines, installant les problèmes par delà leur expression première.

Spinoza place ainsi le donné dans une perspective que le lecteur ne peut qu'espérer saisir.

Sous couvert d'un rationalisme moderne patent, la pensée spinoziste apparaît à la fois installée à travers un dialogue avec une visée médiévale, et prête au tournant transcendantal propre à l'idéalisme Allemand.

Se conforter dans cette perspective suppose, à l'instar des lectures de Wolfson et de Deleuze, de « démêler l'implicite de l'argumentation 2 » , donc d'oser chercher du sens nouveau par delà les dessins apparents d'une première lecture.

L'analyse structurale de Martial Gueroult, plus complexe, nous invite à saisir le mécanisme de l'impact spinoziste, sans négliger son fond propre.

Notre travail entend partir de cette analyse problématique tout à fait hypothétique de Spinoza pour chercher, dans le dessin particulier du conatus , une manifestation d'un propos capable de la questionner au mieux.

Par delà les lectures, le conatus installe avec Spinoza un faisceau rationnel de compréhension fertile pour la philosophie.

1 B.

Spinoza, Spinoza opera , Heidelberg, C.

Winter, 1925.

Notre étude s'appuie sur B.

Spinoza, Ethique , trad.

A.

Guérinot, Paris, Ivera, 1993.

(notée E par la suite) Le choix de cette traduction, qui contraste avec celles de Charles Appuhn, Roland Caillois, Robert Misrahi, Émile Saisset, Bernard Pautrat, plus communes, répond à un choix de lecture.

La diversité des études spinozistes font relais à bien des traductions et des débats sur leur pertinences singulières.

Guérinot semble se distinguer par le choix d'une langue propre au XVIIe siècle.

Cette dynamique langagière moderne s'affirme par delà les problèmes de traduction, sans par ailleurs leurs ôter leurs importances.

Notre étude fait aussi référence au latin de Spinoza issu de l'édition Van Vloten et Land. 2 H.A.

Wolfson, La philosophie de Spinoza , trad.

A-d.

Balmès, Paris, Nrf, 1999.

Le projet annoncé dès l'introduction consiste à maintenir une étude analytique de Spinoza, tout en « démêlant l'implicite » qui s'oppose à l'idée d'une philosophie ex nihilo .

Pour Wolfson, Spinoza est le dernier des médiévaux et le premier des modernes.

Un pareil prisme de lecture le pousse à mettre en évidence ce qui rend compte d'un Spinoza derrière les mots.

La perspective de G.

Deleuze dans Spinoza et le problème de l'expression , Paris, Minuit, 1968, est identique sur ce point.

Mais si l'intention est similaire, le mode de procédé phénoménologique particulier conduit à une lecture tout à fait caractéristique de Spinoza, lecture axée prioritairement sur la thématique de l'expression pour laquelle les notions spinozistes apparaissent comme simples dynamiques.. »

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