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Connaitre la vérité, est-ce découvrir le réel ?

Publié le 26/10/2009

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Incipit : Définir la nature de la connaissance de la vérité est une constante dans l’histoire de la philosophie. Depuis son institution dans les dialogues platoniciens, où la philosophie se caractérise elle-même comme la recherche de la vérité à l’aide de moyens rationnels, jusqu’aux plus récents développements de la philosophie analytique et pragmatique anglo-saxonne ou encore dans le cadre de la philosophie contemporaine continentale d’inspiration phénoménologique, définir ce qu’est connaître la vérité n’a cessé de produire diverses conceptions de la nature même de la vérité. Ce qu’il faut alors d’emblée souligner, au travers de la mention ces divers courants philosophiques, est que la solution ne peut être univoque. A cette fin, il importe d’éviter croire pouvoir partir d’une définition de la vérité, pour ensuite se demander ce qu’est la connaître, et enfin si cette connaissance est, ou non, découverte du réel. Bien au contraire, l’exigence de clarté et de simplicité recommande de partir du syntagme tel qu’il est formé dans l’énoncé, à savoir : “ connaître la vérité ”. Dans ce cadre, il faut privilégier une approche qualifiable de propositionnelle de la vérité. Parler d’approche propositionnelle de la connaissance de la vérité empêche de confondre cette dernière, la connaissance de la vérité, avec la détention d’un savoir, ou plus justement la possession d’une science. Cela sera explicité par la suite.

 

Thèmes : Les thèmes sont ici les thèmes implicitement contenus dans la formulation de l’énoncé, c’est-à-dire présents de manière sous-jacente à l’emploi des notions qui le constituent. Afin de structurer la réflexion à suivre, et sa problématisation, trois thèmes principaux peuvent être retenus : (i) la connaissance : fondamentalement, la connaissance se caractérise par sa transitivité, autrement dit, par le fait d’avoir un objet, de porter sur quelque chose, et plus exactement sur quelque chose qui lui est extérieur (comme cela apparaîtra, une difficulté réside ici dans le syntagme verbal “ connaître la vérité ”, car un tel syntagme tend à promouvoir la vérité en objet de la connaissance, ou encore, à l’objectiver) ; (ii) la notion de vérité elle-même : afin d’éviter (cf. la précaution du préambule) de partir de la vérité comme idée définissable indépendamment de notre investigation actuelle, de substantialiser cette dernière en en faisant quelque chose existant indépendamment de la connaissance et dont celle-ci s’emparerait sur le mode justement d’un objet (cf. point (i)), la vérité doit se comprendre comme une modalité d’évaluation de la connaissance, une qualité attribuée à la connaissance en fonction de critères à déterminer (notamment, en fonction de son adéquation avec le réel, comme l’indique l’intitulé de l’énoncé) ; (iii) la découverte du réel : parler de découverte suppose toujours implicitement quelque chose à découvrir qui précéderait le fait d’être découvert, par-là nous signalons une conception réaliste de la réalité elle-même, ce qui signifie plus clairement que parler de “ découvrir le réel ” implique de présupposer l’existence indépendante de ce dernier, c’est-à-dire de concevoir le réel comme quelque chose de préexistant à sa découverte : il y a, ou plutôt, il y aurait le réel, et la connaissance viendrait à le découvrir (en cas de connaissance vraie) – ce qu’il faut ici noter, c’est l’indépendance apparente du réel envers le fait d’être connu.

« vérité se distingue donc par le fonctionnement interne de son évaluation des propositions qui la constitue – oùfonctionnement interne autonome signifie une certaine indépendance abstraite envers le réel (penser à laconnaissance des vérités mathématiques, logiques, etc.).

Dès lors il faut se demander si le réel, et sa découverteen est l'objet, en questionnant plus en avant les modalités du rapport de la connaissance (vraie ou non) au réel.

Nb. Ici se loge l'opposition entre la conception platonicienne idéelle de la connaissance de la vérité (abstraction pure de la pensée hors-réalité) et la conception aristotélicienne de la connaissance – connaissance dont la scientificitéest attestée par la nécessité qui la caractérise (il n'y a de science que du nécessaire, non du contingent), or lenécessaire n'étant pas le propre du monde réel (dit sublunaire), connaître la vérité ne saurait consister en quelquedécouverte du réel.

Il n'en reste pas moins que dans le cadre d'une conception propositionnelle de la connaissancede la vérité, le réel a un rôle à jouer.

Voilà pourquoi, même chez Aristote, il faut se demander si le réel, et sadécouverte est l'objet de la connaissance de la vérité, en questionnant plus en avant les modalités du rapport de laconnaissance (vraie ou non) au réel.

II.

Vérité et découverte du réel Au tournant du XXe siècle (réductionnisme logique (Russell, Frege)) s'opère la re-fondation de la logiquepropositionnelle.

La question de la vérité y est primordiale, et on ne saurait se satisfaire de sa définition abstraiteindépendante d'un contact avec le réel.

Le positivisme logique du Cercle de Vienne (Carnap, Neurath, Schlick), enretour d'une certaine manière à la conception aristotélicienne de la vérité comme adequatio rei (les choses du réel à découvrir) et intellectu (la valeur de vérité propositionnelle de la connaissance), définit alors la vérité d'une connaissance non plus en termes uniquement de valeur propositionnelle abstraite, mais fait reposer cette dernièresur la confrontation avec la réalité de l'expérience : est vrai ce qui est empiriquement vérifiable, c'est-à-dire validépar les faits de la réalité – dans les termes de la logiques propositionnelle d'Aristote, cela revient à dire qu'unprédicat affirmé d'un sujet est une proposition vraie, et donc une connaissance, si et seulement si il y a un faitcorrespondant dans la réalité, à savoir si un accident (pour reprendre notre exemple, “ être plate ”) est attribuée àune substance (“ la terre ”) avec vérité.

Dès lors, en réponse à la question de notre second enjeu, la fonction duréel envers la connaissance est constituée en instance discriminante de la valeur propositionnelle.

Ceci seraconcrétisé dans le principe T de Tarski ( truth ) stipulant la trivialité suivante : “ ‘T' est vraie [autrement dit une connaissance vraie] si et seulement si T ” (= “ ‘Il pleut est vrai' ssi il pleut ”, dans le réel alors découvert).

End'autres termes, ce n'est pas connaître la vérité qui est découvrir le réel, mais bien plutôt découvrir le réel quipermet de déterminer la vérité de la connaissance.

* Conclusions : - Dans le cadre de la conception propositionnelle de la vérité, la vérité n'est pas un objet de connaissance. On ne connaît pas la vérité.

Car la vérité est une modalité d'évaluation de la connaissance, connaissance elle- même formulée en propositions susceptibles de valeurs de vérité (vrai / faux). - Dans le cadre de l'empirisme du positivisme logique (enjeu II), la vérité est à concevoir comme une conséquence de l'adéquation de la connaissance et de la réalité.

La vérité y est conçue comme la déterminationde la valeur de la connaissance par vérification empirique : est vrai ce qui est vérifié dans les faits du monderéel.

La découverte du réel n'est pas conditionnée par la connaissance préalable d'une vérité substantielle,abstraite, immatérielle et éternelle, mais au contraire conditionne la connaissance de ladite vérité.

Découvrir leréel, c'est connaître la vérité. - Nota bene : Le problème majeur d'une approche empiriste, croyant en l'existence du réel indépendamment de sa connaissance (puisqu'il y apparaît comme le critère de vérification) tient justement à son réalisme.

Dansquelle mesure a-t-on le droit de supposer que le réel existe indépendamment de la connaissance que nous enavons et des propositions que nous formulons à son propos ? le réel lui-même ne serait-il pas le produit de saformulation propositionnelle ? peut-il être antérieur à et autre chose que la connaissance que nous en avons ?auquel cas, connaître la vérité, la formuler en propositions linguistiques, scientifiques, ou poétiques, serait nonpas certes découvrir le réel (car ainsi que nous l'avons souligner, et tel est le vice de l'énoncé, découvrirsuppose la préexistence de ce qui est à découvrir – tel est le propre du réalisme, implicite dans la formulation del'énoncé), mais l'inventer, le créer.

Ceci milite pour une conception relativiste de la vérité pour laquelle connaîtrela vérité est la faire être en un monde dans lequel elle ne préexiste pas.. »

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