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Cours le sujet et autrui

Publié le 08/03/2022

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1 Introduction : L’être conscient se dresse au-dessus de la nature. Il répond à la question QUI en répondant c’est moi. 1.1 Nature de la conscience A) Un être conscient est donc un être qui est et qui sait qu’il est, qui pense et qui sait qu’il pense, qui agit et qui sait qu’il agit, qui parle et qui sait qu’il parle. Etre conscient, ce n’est pas une abstraction de l’esprit c’est d’abord savoir qui l’on est parce que l’on peut constituer une unité dans la reconstitution de la durée : savoir qui je suis par opposition aux autres et au monde. Etre conscient, c’est surgir d’un néant en prenant conscience grâce au corps, à la sensibilité, mais aussi grâce à la mémoire de ce que l’on est : pensons à l’analyse de Proust dans A la Recherche du Temps Perdu B) La mémoire : Il n’y a de conscience de soi sans mémoire car sans mémoire, on n’est plus rien, on ne se reconnaît plus tous comme les autres ne nous reconnaissent plus comme faisant partie de notre monde (Alzheimer). Autrement dit, si à chaque fois que je devais apprendre ce que je suis et ce que sais, en oubliant ensuite ce que j’ai appris, je devrais toujours et constamment apprendre sans jamais savoir. En d’autres termes, si la conscience est savoir, elle sait parce qu’elle a la mémoire de ce qu’elle sait. Sans mémoire, la conscience ne serait une coquille vide. Si la conscience est savoir pourquoi ? Pourquoi cette rupture gnoséologique introduite par Descartes qui rompt avec la tradition philosophique du sujet comme souci de soi et des autres ? C) La nature de la conscience se caractérise par son unité en instaurant DISTANCE, SEPARATION. Il est donc, continuellement à distance de ce qu’il dit, de ce qu’il pense et de ce qu’il fait mais il n’est pas son propre miroir déformant, déformé de quoi ? de qui ? La conscience n’est pas ENGLUEE DANS LE MONDE. Si elle était engluée, elle ne saurait plus qui ELLE EST. Le SUJET ET AUTRUI Page 2 D) Enfin, la conscience est anticipation et attention au présent. C’est tout le contraire de l’être inconscient. Un homme inconscient est en situation d’absence de présence de d’enjeu, de séparation du monde et donc d’inquiétude dans ce cas présent qui surgirait chez tout être conscient du danger présent et à venir. L’être inconscient ne vit pas l’inquiétude, qu’induit la représentation d’un danger présent et futur. 1.2 Problématique concernant l’être conscient 1° Positivement la conscience de soi et l’affirmation d’une personne Lorsque nous nous interrogeons sur le fait que nous ne sommes pas englués au monde, parce que nous avons conscience d’être, d’être une unité, avec une permanence, instaurant distance et séparation. En d’autres termes, et de manière positive on peut donc dire que l’être conscient devient une personne Ainsi comme le montre justement Kant dans l’anthropologie du point de vue pragmatique, au pg 1, Le fait de posséder le JE dans sa représentation et non pas simplement des sensations éparses et jamais unique, atemporelle et universelle, constitue un pouvoir qui élève l’homme au-dessus de la condition des tous êtres vivants. Parce qu’il possède un JE dans sa représentation, grâce à l’unité de sa conscience, il est une PERSONNE, une et universelle. L’enfant 17 ne dit pas JE mais parle à la troisième personne, il se sent plutôt qu’il ne se pense. 2° Négativement, l’affirmation de la personne et l’affirmation de l’égoïsme et de son « moi bien aimé » En effet et c’est bien le problème que soulève l’être conscient. Un être conscient parce qu’il s’oppose au monde et aux autres, en perdant sa conscience naïve, devient un sujet. Mais le sujet qui se hisse au-dessus de la nature et qui dit non au monde, affirme aussi la force des passions, et son égoïsme. On peut donc penser avec Kant, dans l’Anthropologie du point de vue pragmatique, au paragraphe 2, que l’éveil de la conscience nous fait quitter le monde de l’enfance et de la confiance, celui de sa famille pour devenir une personne consciente qui développe l’amour de soi-même, « son moi bien aimé «. Autrement dit, affirmer que l’on est conscient de soi, c’est aussi reconnaître l’amour de soi et le développement de l’égoïsme. On peut penser à cet égard à l’expression d’Emile de Rousseau « il faut que nous nous aimions plus que nous même ». Si nous nous aimons pas, plus que nous même, alors nous nous aimerions comme n’importe qui, mais ; si nous étions n’importe qui, on ne pourrait pas être une personne qui s’affirme face aux autres, comme amour de soi. Le SUJET ET AUTRUI Page 3 3° On peut donc penser que le développement de l’égo comme autant de moi bien aimé conduit à la guerre de tous contre tous ou du moins à l’opposition des uns contre les autres car autrui devient celui qui n’est pas moi. Léviathan chapitre XIII Le développement de l’égoïsme comme autant de moi existants, crée une société dans laquelle tous les sujets sont autant d’égo qui s’opposent les uns autres comme adversaires. Autrement dit, l’avènement du sujet libre de dire non au monde et aux autres est aussi l’avènement de l’égoïsme et de l’opposition de chacun contre tous, comme fondement possible d’une société. 1.3 Le sujet Trois acceptions possibles concernant le sujet Premier sens : ce dont on parle, ce dont il est question. Sujet d'un roman est ce dont il est question. Le sujet ramène le divers à l'unité. Dans un roman, il y a un nombre infini de péripéties. Ce qui les rassemble. Il les rassemble, les subsume, de telle sorte que le sujet les résume en quelques mots. Ce roman de Dostoïevski a été publié en 1866.Raskolnikov, principal personnage de ce roman, est un jeune étudiant. C’est un être riche en forces intellectuelles et morales que son ami Razoumikhine définit ainsi :« Sombre, triste, altier et fier ; dans les derniers temps et peut-être même avant, impressionnable et hypocondriaque . Généreux et bon. Il n’aime pas exprimer ses propres sentiments… Terriblement refermé. Tout l’ennuie ; il demeure étendu sans rien faire ; il ne s’intéresse à rien.il rejette la morale collective. Se considérant comme un homme hors du commun, il veut éprouver les limites de sa liberté par la pratique du mal et la transgression arrogante de l’ordre moral. C’est pour cela qu’il considère qu’il est en droit de commettre un délit, et même prendre la vie d'autrui, pour le bien de l’humanité.Désirant secourir sa sœur qui est sur le point d’épouser un rustre pour aider sa famille, il décide d'assassiner une vieille usurière afin de lui voler son pécule. Raskolnikov est conforté dans sa théorie par un « acte d’évasion » de Napoléon « d’une morale commune » :« Si un jour, Napoléon n’avait pas eu le courage de mitrailler uen foule désarmée, nul n’aurait fait attention à lui, et il serait demeuré un inconnu. » 300 victimes royalistes désarmés mais tués par le commandant Napoléon et ses troupes le 15 septembre 1795Mais son forfait ne se déroule pas comme prévu : certes il tue l'usurière, mais il assassine aussi sa sœur. De surcroît, le butin est beaucoup plus maigre que prévu . Cet échec lui fait prendre conscience que la liberté et l'indépendance morale qu’il recherchait sont perdues.Ses rêves de «surhomme» l’abandonnent et Raskolnikov découvre l’humilité : il n’est qu’un homme. Pris d’un fort sentiment de culpabilité, il se rend à plusieurs reprises chez le juge Porphyre et éveille ainsi ses soupçons. Raskolnikov se rapproche alors « sans s’en apercevoir de ceux-là même qu’auparavant il tentait de dominer de son mépris » . il fait la connaissance de Sonia, une jeune prostituée. Il est ému par son dévouement. elle vend son corps pour faire face à la misère du foyer familial. Le SUJET ET AUTRUI Page 4 Raskolnikov confesse son crime à Sonia, qui le pousse à se livrer à la justice. Il est condamné à la déportation en Sibérie.Comme l’écrit Ettore Lo Gatto, professeur de littérature russe à l’Université de Rome : « Il (Raskolnikov) accepte la condamnation des hommes et se sauve ainsi moralement. Il rejoint la lumière en s’abandonnant au courant de la vie pour se laisser porter à quelque port, renonçant à la lutte, s’agrippant aux valeurs élémentaires de l’homme pour y retrouver la bonté originelle : c’est la tragique salvation russe par la soumission passive ». Deuxième sens : Le sujet au sens logique ou grammatical. Il faut distinguer le sujet de l’action de celui qui ne l’est pas. Pierre court est sujet de l’action. Il est cause de sa volonté. Par opposition, « la pierre tombe » est déterminée par une cause extérieure. Autrement dit le sujet physique est déterminé par la loi de l’inertie et par des causes extérieures alors que le sujet de l’action se détermine par sa volonté. Toute proposition en logique implique un sujet, la copule (le EST) et le prédicat. Pierre court veut dire Pierre est courant. La Copule consiste à réunir le sujet et le prédicat. Dans un sens, le prédicat détermine le sujet. Le sujet, c'est ce qui SOUTIENT le prédicat. Le prédicat c’est les qualificatifs, ce qui n’est pas tenu par le sujet, ce qui évolue. LE MOI PAR OPPOSITION AU SUJET LE SUJET est ce qui donne de la tenue à ce que l'on dit. c’est, le sujet qui Stabilise, qui maintient, qui fixe ce qui est. Le prédicat sont les qualités ou le Moi du sujet : je suis gros, maigre, grand, petit etc Troisième sens : Le sujet philosophique : τὸ πὐ ὸκείμεινὸν ( servir de fondement à un Etat, être couché, être placé sous, être posé comme fondement) Le sujet vient du grec hypokeimenon ; ce qui est placé sous. Le sujet est ce qui est stable, ce qui demeure malgré les changements. Ce qui est placé sous et ce qui est soutient. Le sujet vient aussi du latin SUJECTUM, le sujet qui pose l’objet, qui est placé devant quand le sujet est placé dessous. Parler du sujet c’est poser le pb d’identité : ce qui est une chose et ce qui demeure identique, ce qui demeure malgré les changements ( le sujet face aux moi divers) ce qui est stable ( to hypokheimeinon) et le sujet face aux objets ( effets de l’objet sur le sujet, liens entre le sujet et les objets et le sujet et les autres sujets. le sujet demeure alors que le moi change, les sujets changent et les objets changent. Le sujet est il si stable ? Le SUJET ET AUTRUI Page 5 D’où l'opposition entre ce qui advient (avec les qualités définies par les prédicats qui varient dans le temps et le sujet qui énoncé une idée de solidité mais surtout une notion d'identité. Enfin, ce qui est sujet devient objet. Le sujet grammatical peut être un objet. L’objet est un chose inerte que l’on nommait inanimée, sans âme car l’objet comme le sujet grammatical répondent à la question Quoi quand seul le sujet philosophique répond à la question Qui. Pourquoi ? Parce que le sujet grammatical ou l’objet inanimé subit les lois de la nature. Il n’est pas CAUSE DE LUI-MÊME ET DONC VOLONTAIRE. Une pierre qui tombe répond à la question Quoi qui se complète par pourquoi : une pierre tombée en raison de la tempête. Par opposition, le sujet parce qu’il est volontaire répond à la question qui es- tu ? Moi en tant que sujet. IPSE EN PERSONNE 2 Le sujet en tant que conscience de soi 2.1 La prise de conscience du sujet Qu’est- ce que la conscience de soi ? : C’est la conscience capable de revenir sur elle-même, c’est-à-dire capable de se prendre elle-même comme objet. Pourquoi prendre conscience de soi ? Afin que le sujet se réapproprie son identité. On ne se réapproprie l’identité que lorsque nous avons un doute sur ce que nous sommes. Qui sommes-nous ? QUI SUIS-JE ? Posent tous les deux, la question de l’identité 3 sens d’identité : Le premier sens : l’identité génétique C’est ce qui fait de moi que je ne suis jamais absolument une volonté pure et un sujet différent des autres et du monde. Le sujet en tant que personne est tout d’abord un être soumis aux lois de l’hérédité et au mécanisme de la nature. Son effort presque tragique pour se situer au- dessus de la condition des vivants montrent son extrême faiblesse et le manque de soutien et de permanence du sujet. Le sujet appartient à une famille qui le veulent ou non qui détermine des caractères nécessaires et qu’il subit contre sa volonté. Cependant, l’hérédité moléculaire inscrit dans nos gênes un Le SUJET ET AUTRUI Page 6 déterminisme tel que l’homme ne semble être sans la technique et leurs artifices (artifice vivant à améliorer le vivant) un être programmé. Page 331 de la Logique du Vivant « la mort imposée du dedans comme une nécessité prescrite dans l’œuf, par le programme génétique ».. « C’est donc l’exécution même du programme qui ajusterait la durée de la vie. Quoiqu’il en soit la mort fait partie intégrante du système sélectionné dans le monde animal et son évolution. Le programme est l’annonce d’un plan, selon le principe de l’invariance mais aussi de la variabilité que l’on appelle aussi mutation, certes bénigne car elle est coexistence à l’être. Le deuxième sens : Ce qu’est une chose par opposition à ce qu’elle n’est pas. Opposition à ce qu’elle est. La carte d’identité croise paramètres, nom, prénom, date de naissance, extraction d’une identité parmi les individus d’une nation. Identité d’un carré, ce qui distingue le carré d’un losange. L’identité est ma singularité par rapport à un autre Le troisième sens : L’identité est ce qui le même. Ce qui demeure le même et qui échappe à l’altération : ce qui fait de nous un homme quel que soient nos différences par opposition au végétal et à l’animal Le quatrième sens, C’est l’ipséité. IPSE veut dire en personne, Auguste ipse, Auguste en personne en chair et en os, lui- même. Ipséité désigne la relation de soi à soi. Rapport de soi à soi implique la conscience. La chenille et le papillon ? animal rampant et l’animal aux ailes déployés. Or programmation de X en Y. Organisation qui caractérise l’identité d’un insecte passant de chenille à celui de papillon. L’identité d’un homme : une certaine organisation, ce qui fait que je suis le même en personne malgré mes moi différents. Le problème que pose l’identité, Hegel le pose fort bien : Wesen ist was gewesen ist ». Ce qui est, est, ce qui a été. Ce que nous sommes, ce qui est présent ? Or ce que je dis de ce que je suis c’est ce qui est déjà passé, ce qui fût. Ce qui est présent es, hic et nunc, c’est ce qui est actuel, ce qui est en train d'agir, ce qui n'est pas encore. Le présent est ce qui est en voie d’arriver. Quant à l’avenir, il est ce qu’il n'est pas. Finalement, ce qui est Le SUJET ET AUTRUI Page 7 vraiment est bien ce qui a été. L’identité du sujet est tiraillée par le temps. Car il ne peut pas dire ce qu’il sera car ce qu’il ne sera n’est pas encore, et lorsqu’il parle de lui au présent, il se projette dans l’avenir ou il parle d’un passé révolu, ce qu’il fût et qu’il ne sera plus. 2.2 Le sujet, l’être et l’apparaître : le sujet n’est-il que représentation ? Lisons le paragraphe 147 de la Volonté de Puissance : Ce que vise Nietzsche est- ce la défaite de la philosophie du sujet ? Je lis : « Il est pensé : donc il y a un sujet pensant, c’est à quoi aboutit l’argumentation de Descartes. Mais cela revient à poser comme vraie a priori notre croyance au concept de substance : dire que s’il y a de la pensée, il doit y avoir quelque chose qui pense, ce n’est encore qu’une façon de formuler, propre à notre habitude grammaticale qui suppose à tout acte un sujet agissant. Bref, ici déjà on construit un postulat logique et métaphysique, au lieu de constater simplement… Par la voie cartésienne on n’arrive pas à une certitude absolue, mais seulement à constater une très forte croyance. Si on réduit le précepte à « il est pensé, donc, il y a des pensées » on obtient une tautologie pure : et ce qui est justement en cause, la réalité de la pensée, n’est pas touchée ; sous cette forme en effet, impossible d’écarter le phénoménisme de la pensée. Or, ce que voulait Descartes, c’est que la pensée eût non seulement une réalité apparente mais une réalité en soi. » Afin de pouvoir expliquer ce texte très court puis le commenter, je voudrais revenir sur un aspect essentiel de l’identité du sujet. Son ipséité. Le Cogito, c’est le seul moment où la pensée en se rencontrant elle-même, rencontre l’Etre et non pas l’apparaître. Le sujet n’est pas un apparaître. L’apparaitre est soumis à la génération et à la corruption, l’apparaître est soumis au temps. Le moi est un phénomène et il apparaît sans permanence alors que l’être est permanent. Pourquoi ? Parce qu’il est un JE. Il y a une ambiguïté en latin lorsque l’on parle du cogito. Le JE n’est pas clairement affirmé. Il est sous - entendu par la conjugaison grammaticale à la première personne du singulier. Le JE N’est PAS AFFIRME et SINGULARISE. Le SUJET ET AUTRUI Page 8 Ce n’est pas qu’une habitude grammaticale que de dire JE. JE PENSE, c’est le JE qui EST en tant qu’EXISTANT. Dans le « JE PENSE » en français, je « JE pense est double » car il est en double tension entre moi et moi-même et le JE qui EXISTE. Mais, l’accent est mis sur le JE, ce JE qui existe et qui pense. Exister ce n’est pas apparaître. Exister, c’est sortir du temps, se projeter audelà de soi-même et créer son propre temps et sa propre histoire. Ainsi, apparaître, c’est être soumis au temps et aux lois qui s’imposent à moi quand le JE crée son histoire, son unité, le temps sans être dépendant des lois de la nature, de la sensibilité propre au phénomène. On ne peut donc pas dire avec Nietzsche, que le JE est un phénoménisme c’est-à-dire une fiction du philosophe, qui dans le cadre d’une théorie sur les objets sensibles et du monde (phénomène qui apparaît et donc disparait) ferait du- je- un objet, soumis au temps, à la génération et à la corruption. Si le moi est certes soumis au temps, le JE existe, atemporel, comme affirmation d’une pensée à prétention universelle, le JE n’est pas une représentation passive soumise au devenir. C’est pourquoi la question qui suis-je n’est pas du tout la question qu’est-ce que je suis. En posant la question Qu’est-ce que je suis (Quod) je me pose en tant que phénomène. En posant la question Qui suis-je (quid) je ne suis plus une quantité, un phénomène de la nature, un phénomène englué dans la nature, JE suis une qualité : LE JE Qui pense et qui rencontre l’être. Le JE PENSE EGAGE L’ETRE. Donc, le qu’est-ce que c’est renvoie à un phénomène, Le Qui renvoie à une volonté qui s’affirme, Le sujet. EX Une pierre qui roule dépend des lois de la nature, le sujet est volonté. Analysons les deux premières méditations. Que dit la Première Méditation du sujet ? Pour penser, il faut savoir dire non pour affirmer ensuite ce que je suis. Ce que ne dit pas Nietzsche. Il exclut du sujet sa nature, sa volonté, cette volonté qui pour dit ce qu’elle est doit d’abord DOUTER absolument. Le doute mené à sa radicalité, alors, le doute s’inverse et fait apparaître la pensée elle-même. Le SUJET ET AUTRUI Page 9 Ce qui est essentiel à comprendre c’est que la pensée n’est pas séparable du doute. Penser, nous dit Descartes, ce n’est PAS PRODUIRE DES IDEES. L’Ame n’est pas qu’un cerveau, un hangar à idées. L’Ame pense lorsqu’elle JUGE. Et, penser à quelque chose, c’est mettre de la distance par rapport à la pensée, c’est penser quelque chose de différent de soi. 3 moments de la première méditation : Le premier moment, douter du sensible, Le deuxième moment consiste à douter des idées rationnelles Le dernier moment, quant à lui, fait intervenir la croyance du Malin Génie (je préfère la notion de croyance à celle de l’hypothèse) PREMIER MOMENT DE LA PREMIERE MEDITATION Le Cogito, c’est l’idée que par la pensée, l’homme existe et n’est pas rien. S’il n’est pas rien c’est parce qu’il sait penser. Penser et ne pas simplement être producteur d’idée comme un hangar à idée, penser et ne pas simplement se représenter, mais aussi penser car avoir le pouvoir de transformer le contenu de sa conscience peuplé d’opinions fausses en connaissance vrai. Il faut éliminer les opinions fausses afin de savoir au moins affirmer une connaissance vraie. En effet, un enchainement d’opinions fausse conduira à une chaine d’erreurs et jamais à une chaine de vérités. Si je veux pourvoir énoncer une vérité, même une seule, il faut d’abord éliminer tout ce qui peut être faux et ce qui conduit à l’énoncé d’opinions fausses. L’opinion la plus fausse mais qui semble la plus vraie, c’est le sensible. Il s’impose toujours à moi. Le sensible est une force qui s’impose à moi. Si, de nos jours on déteste la raison, c’est parce que l’on est séduit par les croyances (théorie des complots) c’est parce qu’il est plus facile de croire et d’être séduit que de vouloir penser. A noter que pour Descartes, il n’y pas de division des facultés entre la pensée, la raison et le bon sens. Qu’est-ce que penser nous dit Descartes ? Ce n’est pas produire des idées, mais avoir la volonté de passer des opinions à des pensées justes et fondées. Le SUJET ET AUTRUI Page 10 Si penser, n’était que produire des idées, le cerveau, de manière physico chimique, penserait à notre place sans se poser la question du vrai et du faux. Il produirait des idées sans penser à ce que valent ces idées car sans douter de son contenu, et sans néantiser son contenu pour dire ce qui est. Pourquoi insister sur la différence entre le VERBE PENSER ET PRODUIRE DES IDEES ? Parce que très souvent, on ne pense pas, nous dit Descartes. On produit des idées. NOUS NE SOMMES PAS TOUJOURS CAUSE DE NOS PENSEES. Il est donc nécessaire dans ce premier temps de remettre en cause l’évidence de la sensation. L’évidence est ce que je VOIE. Ce que je vois devient l’évidence parce que l’évidence est une coïncidence entre ce qui est pour moi et ce qui en soi. Elle n’est pas simplement une certitude objective. C’est pourquoi le sensible s’impose souvent avec plus de force que la raison alors même que ce qui est pour moi n’est pas en soi dans la certitude sensible. Le premier doute porte sur le sensible, car le sensible incline, nous fait pencher (on se penche vers le sensible) nous fait croire que l’on connaît grâce à la sensibilité, grâce à l’effet de l’objet sur le sujet alors même que si je veux connaître je dois affirmer le JE. LA VERITE doit d’abord émaner du sujet. Différence de méthode, affirmation d’une méthode scientifique : on ne connait pas par l’expérience sensible, on ne connaît pas dans l’éparpillement de l’expérience sensible en tâtonnant. On ne connaît que par le sujet. Seul le sujet a la capacité d’énoncer un jugement vrai qui a une valeur universelle. Seule la subjectivité peut énoncer un jugement objectif. DEUXIEME MOMENT Nous avons montré que le sensible nous trompait en nous présentant les choses comme existantes et comme évidentes. Après avoir douté de ce que nous SENTONS, IL FAUT A PRESENT DOUTER DE CE QUE NOUS PENSONS et DONC DOUTER DES IDEES RATIONNELLES Mais si nous nous trompons, c’est pour deux raisons Le SUJET ET AUTRUI Page 11 1) Nous nous trompons en accordant du crédit au phénomène dont parle Nietzsche alors qu’il nous faut le fuir 2) Nous nous trompons aussi nous même, le grand ennemi de la vérité c’est nous même et notre jugement. Nous nous trompons sur nous-même, en jugeant faussement. Parce qu’il est difficile de douter de ce que nous pensons par nous-mêmes, Descartes fait intervenir le DIEU TROMPEUR. Que nous dit ce Dieu trompeur ? : QUE NOUS DEVONS DISTINGUER CE QUI EST (ce qui vaut en soi) et ce que JE ME REPRESENTE (ce qui vaut pour moi). Nous ne disons pas que les représentations sont bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses, nous n’en savons rien. C’est tout le problème. Une représentation n’est pas une PENSEE car elle n’est pas fondée. Une représentation n’est ni vraie, ni fausse, ni bonne, ni mauvaise. Positivement, Elle permet d’agir comme les croyances, négativement, elles nous empêchent de penser. Pour se connaître soi- même, il faut en finir avec les représentations. Car sinon on ne sera jamais distingué le vrai du faux, la représentation de l’être. Pour se connaître soi-même, NOUS DEVONS ETRE RESPONSABLE DE NOS PENSEES. Si nous NE SOMMES PAS TOUJOURS CAUSE DE NOS PENSEES, NOUS SAVONS A PRESENT QUE NOUS SOMMES EN REVANCHE RESPONSABLE DE CE QUE NOUS PENSONS ET DE NOTRE VOLONTE DE BIEN PENSER : et donc, de passer des représentations à la pensée, des représentations fondées sur l’imagination, sans être (on se représente quelque chose qui n’est pas en chair et en os) des représentations fondées sur des croyances (le paradis, l’enfer, le purgatoire), sur des opinions, sur l’effet du sujet sur moi-même quand bien même la chose sensible n’existe plus. Il faut aller plus loin que le Dieu trompeur. Fin de la PREMIERE MEDITATION Descartes fait appel à une croyance (AUTO CONVICTON DE L’EXISTENCE DU MALIN GENIE) qui va contrecarrer mes croyances. La croyance du MALIN GENIE CONTRE TOUTES MES CROYANCES. Pourquoi ? Pour contrecarrer la force de la croyance, on ne fait pas appel à la raison (Trump) on fait appel à la force d’une autre croyance. TROISIEME MOMENT : Je me persuade de l’existence d’un malin génie. La première méditation s’achève sur l’avènement de cette puissance baroque, le Malin Génie dont je me persuade qu’il existe. Le SUJET ET AUTRUI Page 12 Et s’il se manifeste à moi comme puissance baroque, c’est qu’il existe face à moi, comme moi j’existe face à lui. Je ne suis pas qu’une représentation. Un duel s’instaure en lui et moi. Il va plus loin que le dieu trompeur. Que me montre le puissant Génie ? 1° négativement, l’épreuve de la pensée se manifeste non pas lorsque je pense mais parce que je doute. Je doute de ce que je doute et non plus simplement de la différence entre la représentation et l’être. L’épreuve du doute me permet d’aller plus loin et de douter de tous résultats qui proviennent du doute. 2° Il me fait croire le faux alors que je dis le vrai. Je dois me persuader que c’est faux et ne pas prendre le doute pour quelque chose qui conduit nécessairement au vrai. 2° positivement, par le doute, je sais QUE RAREMENT JE PEUX REPONDRE DE MA PENSEE MAIS EN REVANCHE JE PEUX REPONDRE DE MON ACTE DE PENSER. Deuxième méditation Métaphysique Dans la première méditation, nous avons compris que penser, est un acte souverain consistant à s’émanciper de tout ce qui, en moi, s’impose malgré moi. PENSER C’est REPONDRE DE MON ACTE DE PENSER. Deuxième méditation en trois temps : Le premier temps : Découverte de la première vérité. « je suis, j’existe est nécessairement vraie toutes les fois que je les prononce et que je les conçois en mon esprit « Deuxième moment : Soulève la question « qu’est-ce que je suis ? » Vous constaterez que répondre à la question « qu’est-ce que je suis ? » n’est pas la même chose que de répondre à la question « qui suis-je ? Réponse en DEUX TEMPS -Je ne suis qu’une chose qui pense. -Je suis chose qui pense, qui imagine et qui sent. Troisième moment : il est occupé par l’analyse du morceau de cire. Question n’est pas qu’est-ce que la cire ? On s’en moque. Mais, il s’agit de développer la connaissance de ce que je suis. Je suis celui qui conçoit la cire. MAIS JE SUIS Le SUJET ET AUTRUI Page 13 AUSSI LE COGITO, quelque chose qui pense, UN MINUCULE ILOT va se développer. Ce que je suis, c’est l’ensemble de mes pensées. Analyse Ce que je suis en termes d’identité objective, VOUS ME DIRIEZ c’est mon corps, car je suis ici et maintenant. Je ne peux être là qu’avec mon corps. Si vous vous dites, « qui suis-je ? » De manière radicale, c’est un corps que je sens et dont j’aie conscience d’être un corps (Spinoza). Pourquoi alors Descartes élimine le corps ? Afin de révéler en creux, grâce au doute, le sujet. Il ne dit pas, je pense sans le corps et donc je nie que j’aie un corps (c’est absurde) mais je pense en tant qu’ACTE REPONDANT DE MON ACTE DE PENSER NE VEUT PAS DIRE QUE LE CORPS, l’imagination et les sens n’ont pas d’importance. ILS CONSTITUTENT UNE FORCE qui contrarient la recherche du sujet. En réalité, je suis une chose qui pense, mais, se développent avec moi, le corps, l’imagination, les sens, et avec eux, le monde et autrui. Le monde et autrui ne sont pas insignifiants, extérieurs à moimême, mais au contraire, ils constituent cette force qui m’induit en erreur, cette force qui se développe avec ce minuscule ilot qu’est le sujet. Autrement dit, il n’y a pas de pensée sans tout ce monde qui peuple ma conscience, mon corps, les sens, la perception qui n’est qu’une conception confuse, et l’imagination, autrui et la terre. Ce qui veut donc dire qu’ETRE et SE REPRESENTER DEVIENNENT UNE SEULE ET MEME CHOSE. Peut-on parler du phénoménisme de Nietzsche ? Dans un sens, NON, puisque le JE n’EGALE PAS TOUJOURS L’ETRE, même si L’acte de PENSER EST RARE. Le JE EXISTE et n’est pas REPRESENTATION DANS L’ACTE DE DISTINGUER LE VRAI DU FAUX, dans l’acte de PRODUIRE DES PENSEES ET NON PAS DES REPRESENTATIONS, dans l’ACTE DE JUGER QUI EST PENSER. Mais, dans un sens, oui, on peut parler de représentation, que nous distinguons du phénoménisme de Nietzsche, POUR DEUX RAISONS Le SUJET ET AUTRUI Page 14 Première raison : Le sujet en tant que JE EST AUSSI UN MOI QUI EVOLUE dans le temps, par rapport à la sensibilité ; à l’imagination, à sa perception du monde et par rapport à autrui. Autrement dit, la représentation de ce que je suis en tant qu’homme n’est pas séparable de l’être du sujet qui présente en tant que JE . Seconde raison Afin de mieux comprendre la seconde raison, qui nous fait penser que le sujet peut être représentation ( active et non passive comme le pense Nietzsche, mais une représentation cependant, partons d’un exemple Je pense à un arbre : je peux me représenter un arbre qui n’existe pas ( le doute l’a exclu de mon jugement) mais je peux aussi me représenter un arbre qui existe c’est-à-dire que je peux énoncer l’équivalence entre ce que je suis en tant qu’être pensant dans l’acte de penser comme existence ( le JE) mais aussi comme représentation. Donc après avoir exclu ce qui échappe à ma souveraineté (la croyance, l’imagination, la sensation, l’effet de l’objet sur le sujet, mon corps, les opinions, les idées reçues sans l’épreuve du doute) reste alors que la représentation de moi- même qui égale l’être de moi-même. On peut donc dire que le seul moment où la pensée est représentation et être à la fois, représentation et existence du JE, c’est le moment où je reviens sur moi- même après avoir douté de tout. LA THESE DU SUJET N’EST DONC PAS UN PHENOMENISME TEL QUE LE PROCLAME Nietzsche, une théorie de la connaissance du sujet comme phénomène tout simplement parce que la pensée n’est pas un phénomène car elle ne dépend que de moi puisque c’est par MA VOLONTE QUE JE L’AIE PRODUITE. On peut donc conclure en quatre points : 1° Nietzsche a donc tort de considérer au même niveau le moi et le JE Qui pense en tant que phénomène Il considère que le JE ET LE MOI ne sont que des représentations passive parce qu’il EVACUE LA VOLONTE DU SUJET, le TRI QU Effectue le sujet entre la représentation et la pensée grâce à l’épreuve du doute. La représentation est l’être parce qu’elles sont le produit d’une VOLONTE ET DE MA PENSEE. Le SUJET ET AUTRUI Page 15 La représentation n’est pas passive, soumis aux lois de la nature et de la nécessité. Elle est le produit de l’exercice spirituel et du doute qui est l’acte même de penser. 2° Nietzsche a tort de dire que le sujet une représentation passive. « il est pensé ». Car PERSONNE NE PEUT VOULOIR A MA PLACE. Le SUJET N’EST PAS LE -IL Y A- comme un contenu de pensée. Tout au contraire. Car afin de penser justement, il FAUT ETRE CAUSE DE SA PENSEE ET DONC ETRE VOLONTAIRE. IL NE SUFFIT DE PRODUIRE DES IDEES POUR PENSER. IL FAUT D’ABORD DOUTER DE TOUS LES CONTENUS DE PENSEE, les opinions, la sensibilité, l’imagination, les objets des représentations pour pouvoir affirmer qu’une seule vérité, je pense et je suis. 3° Mais Nietzsche a raison de poser le problème du sujet comme un pur acte de connaissance. Il nous dit que c’est une illusion ou une prétention démesurée de chercher à se connaître soi - même ? Le sujet ne peut pas revenir sur lui-même pour dire ce qu’il est et en tant que objet, il ne serait qu’un phénomène et donc une représentation passive dont nous ne serions pas le maître IL MET EN DOUTE l’idée QUE L’ON PEUT SE CONNAITRE SOI MEME. La rupture avec Descartes intervient non pas en raison du Cogito, puisqu’il affirme que le sujet est pensé mais en raison du Cogito passif (il est pensé) qui affirme qu’il peut arriver à énoncer une VERITE METAPHYSIQUE. LE JE PENSE QUI EGALE L’ÊTRE, LE JE PENSE QUI S’oppose aux phénomènes en tant qu’être qui sait et qui énonce cette vérité. Ce que veut montrer Nietzsche c’est que la théorie de la connaissance du sujet n’est qu’une croyance qui s’affirme comme une science : le sujet se connaît par soi-même ce qui élève la connaissance métaphysique à un doctrine du sujet que remet en cause Nietzsche. On peut considérer que Nietzsche n’apporte pas la preuve que sa doctrine n’est pas une pétition de principe en vue de disqualifier la thèse du sujet. Mais, parallèlement, Nietzsche nous fait réfléchir sur la force de la théorie du sujet. La Vérité métaphysique du sujet exclut la vérité spirituelle de l’être, la vérité esthétique, peut -être même une vérité morale. Seule existe la vérité du CONNAIS TOI TOI-MEME. 4° Enfin et en dernière analyse, Nietzsche nous interroge sur la valeur gnoséologique l’être et corrélativement le déficit gnoséologique de la représentation. 

« LE SUJET ET AUTRUI - A) Bibliographie possible Alcibiade de Platon ou le souci de soi ( 119b-128d) Anthropologie du point de vue pragmatique de Kant Volonté de Puissance de Nietzsche pg 147 Méditations Métaphysique 1, 2 et 3 de Descartes Lettre écrite à Elisabeth du 15 septembre 1645 Essai de Psychanalyse appliquée de Freud Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse de Lacan A’) bibliographie complémentaire Le livre de sable de Borges extrait du chapitre sur Autrui ( recueil de 1972 paru en 1975) espagnol bilingue - La légende Dorée de Voragine - Totalité et infini de Paul Ricoeur - Luc, 10, verset 25 à 37 - Matthieu, 25-40 - - B) Dissertations données au bac Le travail permet –il de prendre conscience de soi ? Que peut-on savoir de soi ? Peut-on se connaître soi-même ? (Sujet 2013 proposé aux élèves) Pourquoi chercher à se connaître soi- même ? (Bac ES 2014) La conscience de soi suppose-t-elle autrui ? L’inconscient échappe-t-il à toutes formes de connaissances ? ( 2021) C) Plan du cours 1 Introduction 1.1 Nature de la conscience 1.2 Problématique concernant l’être conscient 1.3 Le sujet : ce dont on parle, le sujet grammatical, le sujet philosophique 2 Et si le sujet n’était qu’une représentation ? 2.1 La prise de conscience du sujet 2.2 Le sujet, l’être et l’apparaître : le sujet n’est-il que représentation ? 3 Le Sujet et Autrui : qui suis-je sans autrui ? (à résumer pour les classes de S) 4 Doute concernant la force du sujet et et le pouvoir de l’inconscient (classe de L) 4.1 Doute concernant la force du sujet 4.2 Doute concernant le pouvoir de l’inconscient 4.3 Et si le Sujet et l’inconscient ne font qu’un ? 5 Termes grecs ou latins : Le SUJET ET AUTRUI Page 1. »

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