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Créer est-ce rompre avec la tradition ?

Publié le 27/02/2008

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Créer, c'est plaire, et pour plaire, il faut que l'artiste prenne en considération la sensibilité du contemplateur.   Seul le génie rompt avec la tradition : les oeuvres inaugurales Métaphysique du présent : dans sa Critique de la faculté de Juger, Kant fait part de la vision du génie comme un plus grand vivant dont l'activité créatrice fait preuve d'une sensibilité dynamique qui engendre le chef d'oeuvre. Le génie n'obéit pas à la tradition, mais édicte ses propres règles, l'originalité étant la preuve de l'irréductible singularité de l'artiste. Le génie reçoit la règle de la Nature comme forme sans concept, intuitivement aperçue. Pourtant, de manière peut être plus concrète, créer, c'est faire des choix : P. Francastel, dans son introduction à ses Etudes de sociologie de l'art, rappelle que l'artiste est confronté dans son travail à la multiplicité des matières et des techniques, qu'il choisit de manière à devenir « le porte-parole de son entourage «. Qu'est-ce à dire ? Qu'il existe une part d'originalité propre à l'artiste, mais que celui-ci ne peut jamais être considéré comme une entité isolée de son milieux social et culturel. Quand l'artiste créé, il est « homme du présent «, ce n'est que la réception de l'oeuvre et la postérité qui peuvent juger de sa rupture éventuelle avec la tradition. Dès lors, Francastel établit une distinction féconde entre les artistes inaugurant des séries, inaugurant un style en rompant avec la tradition, et ceux qui ne font que s'inscrire dans ce qui a été préalablement établi.

 

Le terme de création renvoie à la production d’une œuvre originale dans les beaux-arts. Or, dans l’art classique, la formation de l’artiste se résumait dans un premier temps à son rattachement à l’atelier d’un maître reconnu afin de parvenir à copier les procédés nécessaires à l’application de son art. Créer, c’était avant tout poser ses pas dans les empreintes de son prédécesseur. L’originalité à proprement parler n’entre ainsi dans l’histoire de l’art qu’assez tardivement, et même si les artistes acquièrent une formation à grande partie individuelle, il leur est impossible d’ignorer leurs prédécesseurs. En s’interrogeant sur les rapports qu’entretiennent création et tradition, c’est la possibilité d’un progrès dans l’évolution qui s’avère problématique : créer, est-ce dépasser ce qui précède, le nier, ou encore l’amener à soi pour inaugurer une ‘nouvelle’ tradition ?

Si nous avons évoqué les beaux-arts, il s’avère que les enjeux d’un tel questionnement ne relèvent pas exclusivement de l’esthétique, mais également de l’épistémologie en mettant en lumière la façon dont peut se constituer le savoir.

 

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