Devoir de Philosophie

croire ce que l'on voit

Publié le 12/11/2013

Extrait du document

Alexia Bernard TS1 18/20 ''Ne doit-on croire que ce que l'on voit ?'' ''Je suis comme saint Thomas : je ne crois que ce que je vois''. Ce proverbe, faisant référence à un passage de la Bible, soulève une importante question philosophique à l'origine de nombreuses querelles entre grands penseurs : celle de la provenance de la vérité et de la façon dont on peut l'obtenir. En effet, le verbe ''croire'' est ici synonyme de tenir pour vrai. Elaborée par Isaac Israëli dans son Livre des Définitions (VIIIè s) et reprise par Thomas d'Aquin, la définition canonique de la vérité est la suivante : adequatio rei et intellectus (adéquation de la chose avec l'idée, de la réalité et du jugement). Peut-on trouver la vérité avec nos sens? C'est ce qu'affirme cet apôtre lorsqu'il déclare : ''Si je ne vois dans ses mains (celles du Christ) la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.'' L'idée que l'expérience, c'est-à-dire l'ensemble des informations de la perception, est à l'origine de tout ce que l'on considère comme vrai et donc adéquat au réel, est soutenue par les empiristes. Ceux-ci prônent l'idée que toute connaissance (représentation adéquate d'un objet par rapport à la réalité) passe par les sens. Mais, cette source de connaissances est-elle vraiment infaillible ? Doit-on avoir une confiance aveugle dans nos sens ? Par ailleurs, le caractère exclusif de la déclaration de saint Thomas peut-être discuté. N'existent-ils pas d'autres moyens d'atteindre la vérité, une vérité encore plus certaine que celle des sens ? Les rationalistes, s'opposant aux empiristes, mettent en avant les failles de notre perception. Eux croient, comme leur nom le laisse imaginer, en une raison qui a toujours raison, même contre l'expérience. Cependant, une autre question se pose alors : ces deux thèses contradictoires laissent supposer l'existence de la vérité. Mais est-il réellement possible de porter un jugement qui prétend à la vérité? Cette question de ''Ne doit-on croire que ce que l'on voit',' nous interroge sur les fondements de notre croyance, sur les limites de cette adhésion à ce que nous voyons. Y a-t-il autre chose, au delà de la perception à quoi nous puissions donner notre adhésion ? La chose la plus naturelle au monde est de croire ce que l'on voit. Toute connaissance, c'est-à-dire représentation adéquate d'un objet par rapport à la réalité, passe d'abord par les sens : c'est ce que prône la théorie empiriste. Ses partisans, parmi lesquels Locke, s'intéressent avant tout aux sensations d'une expérience et disent que tout ce que nous connaissons du monde est fondé sur l'expérience sensible. ''L'expérience, c'est là le fondement de toutes nos connaissances.'' Locke, Essai sur l'entendement humain (1690). L'empirisme est donc une thèse sur l'origine des connaissances. Mais d'où viennent les idées vraies qui constituent nos connaissances ? Les empiristes vous répondront : l'expérience, le contact avec le monde extérieur, c'est-à-dire les sens, la sensation. En effet, personne ne peut nier que les premières de nos idées sont les plus concrètes : les couleurs, le chaud, le froid, le sucré, les sons, le parfumé... Ce sont toutes les qualités des objets du monde extérieur. Cette première source de nos idées est appelée ''sensation'' par les empiristes. Voici comment Locke expose son opinion : ''Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? (...) D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela je réponds en un mot, de l'Expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tiennent leur première origine.'' Ainsi, si l'on suit la théorie de Locke, qu'il partage avec de nombreux partisans de la théorie empiriste, il n'y a pas d'idées innées : toutes les idées sont acquises, acquises grâce aux organes sensoriels. Selon les empiristes, et notamment David Hume, l'expérience répétée suffit à expliquer la formation des idées, elle se fait grâce à l'exercice des sens joint à l'habitude. Ainsi, on croit qu'un chien a quatre pattes parce que tous les chiens que l'on croise au parc en ont quatre. En effet, chez la totalité des êtres humains, il est totalement naturel de croire ce que l'on voit. Cette croyance accordée aux sens est un instinct primitif, qui existait déjà chez les premiers hommes et qui a largement fait ses preuves dans notre vie courante. Par ailleurs, il est évident qu'il faut croire ce dont on ne peut douter. Or, y aurait-il plus de raisons de douter de nos sens, plutôt que de ce que l'on nous raconte ? Dans la vie courante, en plus de ''croire'' ce que l'on perçoit, nous accordons facilement notre confiance aux autres et donc nous ...

Liens utiles