Culture de l'intelligence et culture de la volonté
Publié le 08/05/2012
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L'esprit et le coeur. Quelque intérêt que l'on accorde légitimement à la culture artistique et intellectuelle de l'esprit, la culture du coeur, c'est-à-dire la pratique des vertus morales et la droiture du caractère doivent conserver le premier rang dans notre estime, contrairement à l'opinion si souvent citée de GoeTHE, qui préférait une injustice à un désordre (comme si l'injustice n'était pas le pire des désordres), - ou à celle de VoLTAIRE, qui déclare (Lettre à Ciderille, 8 mars 1732): J'aime encore mieux voir les moeurs du public dépravées que si c'était son goût (comme si le goût, qui implique aussi une sorte d'ascèse, pouvait fleurir durablement dans une société dépravée)...

«
et intellectuelles : attention, sensation et perception, imagina
tion
et mémoire, jugement et raisonnement.
Pour toutes ces
activités,
il y a des techniques de formation auxquelles il con
vient parfois d'avoir recours.
Mais les problèmes de techniques
relèvent de la pédagogie.
Pour nous en tenir à la question des
devoirs à l'égard de l'âme, qui est proprement morale, nous
observerons que nos obligations peuvent s'envisager, en
ce
qu'elles ont d'essentiel, sous un triple aspect, à savoir : comme
formation du jugement, - comme culture de l'esprit, - enfin
comme
formation professionnelle.
1.
La formation du jugement.
- On ne saurait trop insister
sur l'importance qu'il y a à
se mettre en état de savoir juger,
c'est-à-dire, non pas, comme on le fait trop communément, de
pouvoir énoncer à
tort et à travers des opinions plus ou moins
ingénieuses, mais
de se pourvoir d'esprit critique, qui est un
esprit de discernement, perpétuellement soucieux de substituer
aux opinions spontanées et irréfléchies, imposées par le caprice,
la mode ou l'intérêt, les préjugés de classe et de milieu, - des
croyances et des jugements fondés
sur des raisons précises.
-
Cette formation de l'esprit critique n'a pas de méthode spéciale.
Tout doit y contribuer : les études variées auxquelles on se
livre, celle de la philosophie en premier lieu, les eonseils des
personnes sages
et l'expérience de la vie.
Tout doit nous servir
à acquérir
le goût de la prudence dans l'affirmation, de la pré
cision dans les idées, de l'objectivité et de la rigueur dans le
raisonnement.
Esprit de géométrie
et esprit de finesse à la fois : ainsi se
définit le jugement le mieux formé.
L'aptitude logique, la rigueur
dans l'enchafnement des idées
sont de précieuses qualités, à
condition que
s'y ajoutent le bon sens, l'attention à l'expérience,
la pré(lision des exceptions,
le (lif sentiment de la complexité du
réel, qui interdit de traiter les choses avec la rigidité qui con
vient dans les mathématiques et, selon le mot de PASCAL, de
prendre les hommes pour des théorèmes.
234 2.
La culture de l'esprit.
- Par.
»
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