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Dans quel but le scientifique utilise-t-il l'expérience ?

Publié le 21/08/2005

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Nous pourrions dire, dans une telle hypothèse, qu'un objet ou un événement en a suivi un autre, mais non que l'un a été produit par l'autre. La relation de cause à effet serait nécessairement absolument inconnue aux hommes. Dès lors, ce serait la fin de toute inférence et de tout raisonnement sur les opérations de la nature; la mémoire et les sens resteraient les seuls canaux qui pourraient livrer accès dans l'esprit à la connaissance d'une existence réelle. Notre idée de nécessité et de causalité naît donc entièrement de l'observation d'une uniformité dans les opérations de la nature où des objets semblables sont constamment conjoints les uns aux autres, et l'esprit déterminé par accoutumance à inférer l'un de l'apparition de l'autre. Ces deux circonstances forment le tout de la nécessité que nous attribuons à la matière. En dehors de la constante conjonction d'objets semblables et de l'inférence, qui en résulte, d'un objet à l'autre, nous n'avons aucune notion d'aucune nécessité ou connexion. »       « Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde ; il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjonction peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre.
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« l'empirisme ne fait-il pas seulement de l'expérience l'origine de notre connaissance, mais aussi ce qui la justifie.

Ence sens, il ne répond pas seulement à la question de fait que demeure la question de l'origine ; mais il pose danstoute son ampleur la question de droit. Dans « Essais philosophiques sur l'entendement humain », Hume affirme que les « idées » ne sont d'abord que des copies affaiblies des « impressions » d'origine externe et qu'elles sont ensuite liées suivant les lois mécaniques de l'association.

Ainsi, par exemple, nous observons qu'un phénomène donné est suivi d'un autrephénomène donné.

Rien ne nous permet d'affirmer qu'il existe entre eux une relation causale nécessaire sinonl'habitude que nous avons acquise, sous l'influence d'une association souvent répétée, de nous attendre à lesvoir se suivre.

Le principe de causalité est donc acquis par expérience.

Il en est de même pour les autresprincipes. La pensée empiriste anglaise distinguera avec insistance vérités logiques et propositions induites de l'expérience.

Hume analyse ainsi ce qui sépare relations d'idées et relations de faits : si l'opération « 2+2=4 » n'exige nul recours à l'expérience, l'affirmation « le soleil se lèvera demain » ne peut être proférée que parce que j'ail'expérience quotidienne de la levée du soleil.

La proposition contraire n'est ici nullement contradictoire sur le planlogique, comme le serait « 2+2+5 ».

C'est un recours aux faits, non le jeu d'une opération purement rationnelle, qui établit la vérité.

Qu'en est-il alors de son universalité ? Comment prouver qu'il n'y aura pas un matin où le jour ne selèvera pas ? Questions qui ont pour effet de fragiliser la valeur rationnelle des propositions scientifiques.

A côté dessciences de pure raison, les plus nombreuses sont relatives à des faits.

Celles-ci, parce qu'elles ne relèvent pas dela pure logique, ne peuvent pas être démontrées : « Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement et aussi directement que s'il concordait pleinementavec la réalité. » Hume montre donc que l'induction ne conduit pas à une opération intuitive : le moyen terme sous-entendu ( cela se passera toujours comme cela s'est passé ) n'est pas une évidence logique.

Il faut que l'esprit induisant que « le pain m'ayant nourri hier il me nourrira demain » fasse un saut ne relevant pas de la logique.

Or l'induction est indispensable dès qu'on a affaire à des relations de faits.

Aussi les vérités empiriques ne sont-ellesnullement nécessaires : outre qu'il peut y avoir des inférences fausses, parce ce qu'on n'a pas encore rencontré lecontre-exemple qui les démentira, il n'existe aucun moyen de démontrer absolument, par la pure logique, que laconclusion d'une induction est nécessairement vraie.

Du point de vue de la logique, elle ne lest pas.

Si l'on s'entenait là, il faudrait en conclure que les sciences de faits, même si elles sont provisoirement acceptables, demeurenten partie incertaines.

Elles reposent, au mieux, sur de hautes probabilités. Ces théories de Locke et Hume , qui affirment que la raison humaine tire ses principes de l'expérience, sont deux formes de ce qu'on appelle l'empirisme. Mais les choses sont plus complexes que cela et l'expérience s'avère être au contraire un mélange de soumission àun donné (ou " fait ", appelons-le comme on le voudra) et de construction de ce même donné.

Notre esprit en effetreçoit des impressions sensibles, mais les organise, les lie, les synthétise et participe ce faisant à leur élaboration.En ce qui concerne l'expérience au sens savant du terme, elle n'est pas non plus la soumission aux faits mais bienplutôt la soumission des faits à une théorie explicative offrant cohérence et constance.

Le savant dans sonlaboratoire ne fait pas que travailler sur des faits bruts (un fait brut en astronomie donnera bien souvent une illusiond'optique qu'une perception de la réalité de l'objet étudié). Bachelard montre que la pensée théorique anime la totalité de la recherche scientifique.

L'observation scientifique a besoin d'un« corps » de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder. Elle a un caractère polémique en ce sens qu'elle s'oppose àl'observation première toute passive qui enregistrerait directement lesdonnées du réel.

Elle suppose toujours une activité rationnelle : « elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un pland'observation ; elle montre en démontrant ; elle hiérarchise lesapparences ; elle transcende l'immédiat ; elle reconstruit le réel aprèsavoir reconstruit ses schémas ». L'expérimentation scientifique accentue encore ce caractère polémiquede la connaissance scientifique.

Le fait est transformé en« phénomène trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments,produit sur le plan des instruments ».

Or les instruments sont des incarnations de théories.

Le réel étudié par le scientifique porte doncde toutes parts la marque théorique. « ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes c'est ducôté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance;le monde serait notre représentation.

Par contre si nous étions livrés tout entiers àla société, c'est du côté du général, de l'utile, du convenu que nous chercherions laconnaissance; le monde serait notre convention.

En fait la vérité scientifique estune prédiction, mieux une prédication.

Nous appelons les esprits à la convergenceen annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée. »

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