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Dans quel monde vivons-nous ?

Publié le 04/12/2012

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Colle de Philosophie : Dans quel monde vivons-nous ? « Dans quel monde vivons-nous ? « : le plus souvent, dans cette question, le point d'interrogation vaut autant qu'un point d'exclamation. Elle sonne à la fois sur le mode de la révolte et sur celui de la résignation. Dans l'usage ainsi fait du mot, ou de l'idée, de « monde « se cache la valeur la plus forte qu'on puisse lui attacher : celle du cosmos, ensemble harmonieux des corps célestes dont les orbes portent les rapports de l'ordre universel, c'est-à-dire tourné vers une unité intégrale. C'est le sens et le balancement de cet ordre et de cet un qui se trouvent donc implicitement interrogés par cette question. Le rapport au monde, à un monde, est essentiel à l'existence humaine, aucune conscience de soi ne serait possible sans une conscience du monde extérieur. La perception est justement ce phénomène de conscience qui par l'intermédiaire de nos sens nous met en relation avec le monde extérieur. On retrouve à l'origine le verbe latin « capere « qui signifie « prendre «. La perception, dans son sens le plus général, est donc la faculté qu'a un sujet d'appréhender le monde et ses objets, rassembler différentes sensations pour parvenir à une représentation unique de la réalité. Comme telle elle fait intervenir la conscience ; elle concerne le sujet tout entier et son pouvoir de compréhension du monde, voire sa façon d'habiter le monde. Il se trouve qu'aujourd'hui l'expérience du monde déjoue la postulation « cosmique « dans laquelle la pensée semblait inévitablement devoir se déployer. L'idée même de « monde « (comme unité, ensemble) en effet ne répond plus ni à l'investigation physique ni à l'interrogation métaphysique : « plurivers « ou « multivers « sont à l'ordre du jour des physiciens tandis que « multiplicité « et « multitude « traversent les sociologies autant que les ontologies. Aussi, dans quel monde vivons-nous ? Pouvons-nous considérer que le monde dans lequel nous vivons n'est pas un mais multiple ? Nous vivons dans le monde sensible et sommes régis par nos perceptions La première idée qui me vient à l'esprit est celle que nous vivons dans le monde réel. Aussi, très vite on peut se poser la question de savoir comment moi, en tant qu'être sensible et perceptif, je perçois la réalité du monde dans lequel je suis plongée. Cependant, pour répondre à cette question, il faut se tourner tout d'abord vers le processus de perception. La sensation est une représentation sensible, au moyen de la vue par exemple. Je vois cet arbre, j'en produis une image, et immédiatement je le perçois, c'est-à-dire que cette image est en moi, identifiée et prête à être conservée. Mon être tout entier reçoit ce que mon oeil voit. Mais la question qui a été longtemps débattue est la suivante : cette faculté de transformer de simples sensations en perceptions déterminées appartient-elle à la sensation elle-même ou bien est-elle produite par l'intellect ?

« Il est quand même bien vrai que sans la sensation il n’y aurait pas de connaissance parce que la conscience n’aurait rien à appréhender.

Mais en même temps la perception n’est pas seulement une sensation, car si la sensation me présente une qualité sensible, c’est bien la perception qui m’apporte un « objet », quelque chose ayant une forme objective repérable dans l’espace.

Donc la perception est un phénomène de conscience global, structuré et structurant.

Nos perceptions nous aident à constituer un monde et pas seulement à accumuler des connaissances.

Merleau-Ponty dans son œuvre intitulée La Structure du comportement insiste sur l’aspect corporel de cette expérience.

Lorsque nous percevons un objet, celui-ci se détache en quelque sorte d’un fond, d’un horizon, qui est le monde ; mais ce monde, nous le percevons aussi et en même temps.

Nous percevons la chose et son environnement.

De la même manière, ce n’est pas seulement avec l’organe des sens que nous percevons, mais avec notre corps tout entier.

Si l’on adopte cette hypothèse, il semble bien que la perception nous donne le seul monde réel.

Aussi le monde dans lequel nous vivons n'est-il qu'un monde que nous percevons depuis et grâce à notre corps ? N'est-ce qu'un monde où la sensibilité et le perceptif règnent en maître ? Comment une perception pourrait-elle nous tromper ? Ce monde perçu par notre corps serait-il irréel ? La question sous-entend que nos perceptions pourraient bien ne pas être fiables.

Faut-il situer le « réel » au-delà du monde sensible comme le conçoit un certain idéalisme ? II.

Entre monde intelligible et illusion des sens : une autre vision du monde On oppose en général l'apparence et la réalité, c'est-à-dire une fausse et une vraie réalité.

On entend par « réel » ce qui existe vraiment.

On dit que l’apparence est trompeuse, comme lorsque un visage sévère cache une âme tendre et délicate.

Dans ce cas, l’apparence est physique, tandis que la réalité est spirituelle et invisible.

Il s'agit de la thèse développée par Platon .

En effet, u ne interprétation simplifiée du platonisme oppose un monde sensible à un monde intelligible.

Ce terme de « monde intelligible » désigne l'ensemble des réalités intelligibles, ou Idées, que l'esprit peut saisir, par opposition au monde sensible qui désigne l'ensemble des choses qui sont connues par les sens.

Pour lui, il faut dépasser l'apparence sensible, fugace et changeante, des choses, pour accéder au monde des Idées, qui fonde tout ce qui existe dans le monde sensible, et en permet la connaissance .

L'apparence sensible est donc une forme d'illusion, en tout cas d'imperfection de l'archétype parfait.

Aussi cette pensée contredit celle d’ Épicure et de Lucrèce qui soutiennent que les sens ne trompent jamais, l'illusion est due au jugement que l'on fait de nos données sensibles. Platon donne une version imagée de cette théorie dans la célèbre « allégorie de la caverne » ( La République , Livre XI ).

Enfermés dans une caverne, ignorant tout du monde extérieur, les hommes sont condamnés à prendre les ombres pour la réalité.

Celle-ci n’est perceptible que par la connaissance intellectuelle et la libération se confond avec la philosophie.

Plus particulièrement, Platon s’en prend aux images, parce qu’elles ne sont que les copies des choses (naturelles ou fabriquées), qui sont elles-mêmes déjà des copies c’est-à-dire des exemplaires imparfaits d’une réalité essentielle.

Selon Platon la perception sensible d’un objet restera à jamais imparfaite, déformante, contingente, tandis que l’Intellect rend compte de tous les aspects d’un phénomène et donc permet d’approcher l'essence de la chose. A son tour Descartes ne se lasse pas d’affirmer la supériorité de la raison et de l’intellect sur la perception sensorielle.

Pour lui les sens ne nous apportent aucune certitude .

Descartes développe assez longuement un exemple fameux dans la deuxième méditation des Méditations métaphysiques , celui du « morceau de cire », démontrant que la raison a bien plus de puissance que la sensation.

Si je considère une première fois un morceau de cire quelconque, puis une deuxième fois ce même objet totalement fondu, réduit à une flaque de cire informe, ce n’est pas la vue mais bien l’entendement qui m’indique sans conteste qu’il s’agit du même objet ayant les mêmes propriétés.

Il poursuit avec l’exemple d’un groupe d’hommes observés par la fenêtre : à une certaine distance je pourrai les observer pendant des heures, je ne distinguerai rien de plus que des « chapeaux et des manteaux » ; je ne verrai jamais des « hommes », en revanche c’est mon bon sens qui me l’apprend.. »

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