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Dans quelle mesure doit on respecter le tradition ?

Publié le 21/08/2005

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n'est produit que pour l'infinité. Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu'il garde toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés. Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement ; de sorte que les hommes sont aujourd'hui en quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes s'ils pouvaient avoir vieilli jusqu'à présent, en ajoutant aux connaissances qu'ils avaient celles que leurs études auraient pu leur acquérir à la faveur de tant de siècles. De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d'un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement [... ]" Rousseau fera même une comparaison entre l'homme naturel et l'homme civilisé: « Ce passage de l'état de nature à l'état civil produit dans l'homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l'instinct et en donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. C'est alors seulement que, la voix du devoir succédant à l'impulsion physique et le droit à l'appétit, l'homme, qui jusque-là, n'avait regardé que lui-même, se voit forcé d'agir sur d'autres principes et de consulter sa raison avant d'écouter ses penchants. Quoiqu'il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu'il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s'exercent et se développent, ses idées s'étendent, ses sentiments s'ennoblissent, son âme tout entière s'élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l'instant qui l'en arracha pour jamais et qui, d'un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme . »Les traditions contredisent l'idée de progrès. L'homme en serait toujours à l'âge de la pierre s'il avait conservé scrupuleusement les traditions.

« Le thème du progrès, relativement récent dans l'histoire de la penséeoccidentale, s'est d'abord affirmé au niveau de la représentation de laconnaissance, avant d'être envisagé, par les philosophes du XVIII siècle, pourl'ensemble de la société.

Il n'a pas eu d'emblée une connotation positive(progrès = amélioration) et bien des philosophes (Pascal, Rousseau) l'utilisentdans son sens premier — et neutre — d'avancée dans le temps ou l'espace,développement quantitatif (latin progredior: « je m'avance »).

Le thème duprogrès a été associé très tôt à l'idée que les connaissances et l'expérienceacquises par une génération sont transmissibles à la génération suivante.

Cecumul rend possible une amélioration des savoirs etdes savoir-faire et, par lebiais de l'éducation, perpétue les acquis culturels en une sorte de « mémoirecollective ».

De ce point de vue, le progrès culturel constitue l'envers del'évolution biologique : alors que cette dernière s'explique non par lareconduction des caractères acquis par chaque génération (cf Jean Rostand,L'Homme) mais par une « pression » sélective du milieu naturel sur l'ensembledes êtres préexistants, l'histoire humaine comme progrès n'est possible quepar une transmission de l'acquis, et ce à travers l'éducation.

Le texte dePascal thématise la notion de progrès comme cumul et dépassement tout à lafois.

S'il semble envisager surtout l'histoire des sciences, il ne manque pas designaler que cette faculté de « conservation » et d'augmentation desconnaissances constitue une donnée distinctive de l'homme (cf.

« prérogative particulière »).

La façon dont la fin du texte met en parallèle le développement graduel de l'humanité et lacroissance par étapes de l'individu devra être examinée dans toutes ses implications. Objet du texte Une double interrogation semble nourrir le texte : comment concevoir le progrès ? qu'est-ce qui le rend possible ? La thématique du texte • Idée générale : le progrès, saisi comme cumul et dépassement continuel de l'acquis, caractérise l'existencehumaine au niveau collectif (« humanité ») comme au niveau individuel.• Développement et thématisation de cette idée :a) la condition première de l'homme : perfectibilité ;b) l'instrument de cette perfectibilité : la transmission de l'acquis (l'éducation comme mémoire collective) ;c) la conservation de l'acquis comme condition du dépassement ;d) illustration du rapport conservation-dépassement : la transmission de l'acquis fait éclater les limites de l'existenceindividuelle (« anciens philosophes » perpétués) ;e) énoncé du parallélisme individu-humanité et explication de sa signification : l'apprentissage individuel commeréappropriation graduelle de l'acquis collectif ; réciproquement, le progrès collectif comme conséquence del'éducation individuelle ;f) caractère exclusif et distinctif de cette dialectique du progrès (« prérogative particulière ») qui spécifie l'« homme» ;g) confirmation finale de l'analogie mentionnée.Problématique sous-jacente• Rôle déterminant de l'éducation et de l'apprentissage.

Peu de données innées (« ignorance au premier âge de lavie »).• Rejet de tout dogmatisme en matière de connaissance : à aucun moment, un homme ne peut prétendre parvenir àune théorie absolue, définitive et indépassable.• Possibilité d'une appréciation critique (relativisation) de ce que les anciens nous ont transmis.• Accomplissement progressif du savoir, impliquant une remise en question de tout principe d'autorité.

Conceptiondynamique de l'histoire des sciences.. »

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