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David Hume (résumé de son oeuvre)

Publié le 22/02/2012

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Considéré par les penseurs anglais comme un philosophe de génie, Hume n'est pour ceux du continent qu'un empêcheur de " tourner en rond ". Qu'en est-il au juste ? Écartons d'abord trois caractéristiques de la pensée de Hume, qui, à mon avis, ne sont pas essentielles.  1. Hume se prend pour le créateur d'une nouvelle " science naturelle de l'esprit ". Il voulait être le Newton des sciences morales, c'est-à-dire de celles que nous appelons : psychologie, sociologie, sciences politiques, histoire, économie, morale, critique littéraire. Aux Principes de Newton correspondrait Un Traité de la nature humaine : essai d'appliquer la méthode du raisonnement expérimental aux sujets moraux.   En fait, la prétendue mécanique des opérations psychiques de Hume avait une base expérimentale encore moindre que celle de Hartley. Qu'il fasse usage, pour la réalisation de ses projets de science expérimentale, de notions prises à la mécanique ou à la biologie, qu'il pense à l'aide d'analogies hydrauliques ou physiologiques, il n'établit pas de loi ; à peine isola-t-il ses phénomènes. Ses atomes psychiques : impressions, idées et passions, sont des produits de sa théorie au lieu d'en être le véritable point de départ. Les principes coordinateurs d'association, de l'accoutumance et de la vivacité, sont de faux équivalents de l'attraction, de l'inertie et de la force vive.  Bien que l'ambitieuse entreprise newtonienne de Hume fût vouée à l'échec, l'exemple fourni par d'autres sciences lui ouvrit des horizons nouveaux et sa croyance dans le caractère scientifique de ses propres idées augmenta sa hardiesse.     2. Hume se piquait d'être sceptique ; il aimait tourner en ridicule les convictions des autres et déconcerter les pontes. Iconoclaste et sincère, il désirait scandaliser. Une telle Schadenfreude, quoique avivant le sens critique d'un homme, ne lui confère pas plus de grandeur intellectuelle que ne le ferait le désir de rassurer d'autres dans leur croyance.  

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« Considéré par les penseurs anglais comme un philosophe de génie, Hume n'est pour ceux du continent qu'unempêcheur de " tourner en rond ".

Qu'en est-il au juste ? Écartons d'abord trois caractéristiques de la pensée deHume, qui, à mon avis, ne sont pas essentielles.

1.

Hume se prend pour le créateur d'une nouvelle " science naturelle de l'esprit ".

Il voulait être le Newton des sciences morales, c'est-à-dire de celles que nous appelons : psychologie, sociologie, sciences politiques, histoire, économie, morale, critique littéraire.

Aux Principes de Newton correspondrait Un Traité de la nature humaine : essai d'appliquer la méthode du raisonnement expérimental aux sujets moraux.

En fait, la prétendue mécanique des opérations psychiques de Hume avait une base expérimentale encore moindre que celle de Hartley .

Qu'il fasse usage, pour la réalisation de ses projets de science expérimentale, de notions prises à la mécanique ou à la biologie, qu'il pense à l'aide d'analogieshydrauliques ou physiologiques, il n'établit pas de loi ; à peine isola-t-il ses phénomènes.

Ses atomes psychiques : impressions, idées et passions,sont des produits de sa théorie au lieu d'en être le véritable point de départ.

Les principes coordinateurs d'association, de l'accoutumance et de lavivacité, sont de faux équivalents de l'attraction, de l'inertie et de la force vive.

Bien que l'ambitieuse entreprise newtonienne de Hume fût vouée à l'échec, l'exemple fourni par d'autres sciences luiouvrit des horizons nouveaux et sa croyance dans le caractère scientifique de ses propres idées augmenta sahardiesse.

2.

Hume se piquait d'être sceptique ; il aimait tourner en ridicule les convictions des autres et déconcerter les pontes.

Iconoclaste et sincère, il désirait scandaliser.

Une telle Schadenfreude, quoique avivant le sens critique d'un homme, ne lui confère pas plus de grandeur intellectuelle que ne le ferait le désir de rassurer d'autres dans leur croyance.

3.

Certes Hume est empiriste.

Nulle connaissance de ce qui existe ou de ce qui advient ne peut se déduire d'uneconnaissance des rapports logiques entre concepts.

Seules l'observation ou l'expérimentation permettent derépondre à toutes questions, qu'elles soient d'ordre particulier ou général, portant sur le contenu réel de ce monde.L'existence de Dieu et la régularité de la nature n'y font pas exception.

Les démonstrations a priori de l'une ou de l'autre s'avèrent fallacieuses.

Certains commentateurs de Hume fondent l'estime qu'ils lui portent sur le tranchant de son empirisme ; cependant, je crois exagérée l'image qu'ilsse font d'un Hume guillotinant le Rationalisme.

Le Rationalisme, de son temps, n'était guère une " école " consciente et organisée ; personne alorsne se serait défini comme étant Rationaliste à la façon dont on s'était appelé Réaliste et Nominaliste ou comme on devait dans la suite s'appeler" Idéaliste ", " Pragmatiste ", ou " Existentialiste ".

A part Kant H026 , les grands philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles n'étaient pas des professeurs ; ils n'eurent charge ni d'élèves, ni d'école : le Rationalisme n'était pas un Credo, l'Empirisme n'était pas une croisade.

Naturellement, onretrouve le Rationalisme chez Descartes H015 , Malebranche H032 , Spinoza H049 et Leibniz H028 , chez les Platoniciens de Cambridge et les Déistes et dans l'oeuvre de Hobbes H023 , Clarke H1055 et même Locke H029 , mais le Rationalisme était beaucoup plus l'expression de tendances que l'énoncé de principes.

Il s'agissait plutôt de questions qu'on ne se posait pas que de doctrine.

Il s'y mélangeait d'ailleurs un grand respect de la méthodeexpérimentale.

Les moyens de recherches scientifiques adoptées par la Royal Society n'avaient à leurs yeux nul besoin d'avocat.

Certes, c'était une lacune inhérente au raisonnement philosophique, contrairement au raisonnement scientifique, de confondre question de faits et question delogique, mais la séparation de la philosophie et de la théorie scientifique n'avait pas encore été réalisée par Kant H026 .

Hume ne légiférait pas consciemment contre ces empiétements réciproques ; il ne pouvait même pas se demander s'il faisait de la science empirique ou de la philosophie.

En quoi consiste donc le génie de Hume ? Il ne peut y avoir de réponse unilatérale à cette question.

Le génie d'unphilosophe ne consiste point à apporter une réponse nouvelle à un problème ancien, mais dans la refonte de toutesles questions.

Il donne à l'humanité un air différent à respirer.

Je choisis donc un des aspects de la réponse globale.

Hume détrôna l'idée de la Raison : il demanda ce qu'au justeles êtres humains pouvaient accomplir par le raisonnement abstrait ; en quoi et dans quelle mesure l'homme sedistingue-t-il de l'animal, l'adulte de l'enfant, le savant du rustre, l'honnête homme du fripon ? Ce sont là des questions évidentes, mais elles ne le sont que depuis que Hume les a posées.

De les poser alorsimpliquait le passage de l'atmosphère des vieux collèges à celle de la Royal Society.

L'idée vénérable d'uneorganisation hiérarchique embrassant la totalité de nos concepts, récemment saccagée en ce qui concerne lemonde des choses, devait l'être aussi pour le monde des animaux rationnels ; l'ordre de l'efficacité remplacerait alorscelui de la dignité et la notion de rang serait abandonnée, aussi bien pour la théorie de la connaissance que pour laphilosophie morale.

La Raison perdait sa couronne ou sa mitre, et ne serait plus qu'un facteur-cause parmi tantd'autres, que la connaissance de la nature humaine allait enfin expliquer.

Que peuvent les hommes par un raisonnement abstrait, et que ne peuvent-ils pas ? Ils peuvent fonder des véritéslogiques, procéder à des déductions et des démonstrations.

Les produits de la Raison dans son sens étroit sont lespropositions de la mathématique.

Il existe certes d'autres qualités pour lesquelles les êtres humains, dans le meilleurdes cas, sont communément mais inexactement définis comme étant " Rationnels ".

Les hommes infèrent des chosesobservées aux choses inobservées ; en science, ils élaborent des théories générales ; ils maîtrisent leurs colères etleurs craintes ; ils acceptent et appliquent des préceptes moraux.

Mais Hume prétend qu'aucune de ces opérationsde l'esprit n'est le fait de la Raison abstraite ou pure.

Qu'il s'agisse de questions de fait ou de problèmes pratiques,la Raison demeure sans effet.

Celui qui fait l'anatomie de la nature humaine doit trouver une autre explication pournos conclusions de fait, nos sentiments ou nos principes moraux que celle qu'il a donnée de notre appréhension desimplications logiques.. »

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