De la raison ou de l'expérience qu'est-ce qui contribue le plus à la connaissance ?
Publié le 22/08/2005
Extrait du document
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Exemple d'utilisation
Une fois de plus [voir Pascal, Spinoza], Locke est un auteur qui permet de critiquer Descartes, ici sur la question del'origine de nos connaissances.
Là où Descartes pose comme un fait l'existence en nous de certaines idées, Lockemontre qu'il y a des processus de formation des idées.Cela a aussi des conséquences politiques: car, puisque la diversité des cultures nous montre bien, d'après Locke,que les opinions ne sont pas universelles et qu'elles varient lorsque l'expérience varie, les hommes pourront vivreensemble, non pas s'ils partagent tous les mêmes idées, mais à condition que la tolérance leur soit une valeurcommune.
SUJET TYPE: Toute idée vient-elle des sens ?
Contresens à ne pas commettre
Il faut bien remarquer que, tout en étant empiriste, Locke ne considère pas l'homme comme une éponge quiabsorberait indifféremment toutes les données qui lui viennent de l'extérieur: la sensation est la première source, quifournit des idées simples, mais la réflexion est une seconde source de connaissance à part entière: c'estl'entendement qui produit les idées complexes de substance, de qualité, de relation de cause à effet, etc.
En cesens, l'empirisme n'est pas l'opposé du rationalisme: il en est seulement une autre modalité, qui prête plusd'attention au rôle de l'expérience, mais n'y réduit pas toute connaissance.
II.
C'est la raison qui connaît véritablement, car elle seule peut saisir la nature des choses Lorsque l'on parle de la blancheur de la neige, on fait référence à ce que Locke appelle après Descartes une qualité seconde.
Il s'agit d'une qualité qui n'est pas à proprement parler dans la neige, mais qui apparaît àl'esprit qui perçoit la neige (c'est une qualité subjective, car selon les individus la neige peut paraître plus ou moinsblanche).
Or si l'expérience peut être fondamentale pour connaître ce type de qualité, on peut se demander si ellesuffit à connaître les qualités premières, qui appartiennent en propre à l'objet.
Dans les Méditations métaphysiques, II, Descartes montre que ces qualités premières ne peuvent pas être perçuespar l'expérience à travers les sens.
En effet, si l'on prend un morceau de cireet qu'on le fait fondre, il ne reste rien de ses qualités secondes (l'odeurs'évapore, la forme et la couleur de la cire changent, etc.).
Ce qui reste de lacire, c'est seulement qu'elle est constituée par de l'étendue.
Or seule laraison peut accéder à cette connaissance de la cire comme constituée par del'étendue, parce que seule la raison peut comprendre que sous les différencesqui affectent la cire lorsqu'elle fond, c'est toujours le même corps qui demeureà travers les changements qui l'affectent.
On voit donc que c'est la raison quiconnaît véritablement, car elle seule peut saisir la nature de la cire comme del'étendue, ce qu'aucune expérience sensible ne peut livrer.
Dans la deuxième Méditation, Descartes observe un morceau de cire "quivient d'être tiré de la ruche, il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'ilcontenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs d'où il a étérecueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes : il est dur, il estfroid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son".
Connaître uncorps, c'est apparemment le connaître par les caractères que nous percevons: son odeur nous renseigne sur son origine, ainsi que sa couleur, saconsistance, sa température, le son qu'il rend, sa forme et sa taille.Approchant ce bloc de cire d'une flamme, sa "saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine lepeut-on toucher, et quoiqu'on le frappe il ne rendra plus aucun son".
S'agit-il de la même cire ? Tous les caractèresdistinctifs par lesquels on le connaissait ont disparu, mais "il faut avouer qu'elle demeure, et personne ne le peutnier".
Les organes des sens ne peuvent donc rien nous apprendre de stable ni de certain.
Ce que nous percevons dela cire ne nous apprend rien d'elle.
Fondue, il ne demeure d'elle que quelque chose de flexible, d'étendu et demuable.
Imaginant la cire je ne connaîtrai rien de plus d'elle ; flexible et malléable, elle pourrait prendre une infinitéde figures que mon imagination ne peut se représenter.
Par conséquent, il reste qu'il n'y a que "mon entendementseul qui conçoive ce que c'est que cette cire".
Conçue par l'entendement ou l'esprit, cette cire n'est pas une autrecire que celle dont je fais l'expérience sensible, mais seule une inspection de l'esprit me permet de la connaître, etnon pas la vue, le toucher ou l'imagination.
III.
Dans la connaissance, l'expérience fournit les données sensibles et la raison les concepts.
Les deuxsont également nécessaires, et ne doivent pas être pensés comme opposés mais comme.
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