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De l'intersubjectivité comme moyen d'atteindre l'objectivité dans la connaissance de soi.

Publié le 13/04/2009

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Prenant « subjectivité « dans son acception concrète, nous pouvons dire que l'intersubjectivité consiste dans une subjectivité ou une conscience commune à plusieurs individus, tout comme un organisme interdépartemental est commun à plusieurs départements. Cette intersubjectivité se réaliserait dans le « nous « conçu comme une conscience distincte de la conscience individuelle des personnes qui le constituent. Mais ce réalisme paraît bien audacieux, et il semble plus satisfaisant de prendre « subjectivité « dans son acception abstraite et de voir dans l'intersubjectivité les rapports intersubjectifs, c'est-à-dire qui s'établissent entre des subjectivités ou des consciences distinctes. 2. Le sens précisé, il s'agit de déterminer le comment de la communication qui s'établit d'une subjectivité ou d'une conscience à l'autre. Nous venons de le suggérer, ce problème n'est autre que celui devenu classique, de la communication des consciences. Pour l'élève, le danger consistera à oublier le mot qui figure dans le libellé du thème de la dissertation et à ne parler que de communication des consciences. Facile dans le cas présent, la transposition nécessaire constituera un exercice bien à la portée d'un débutant.

II. MOYEN D'ATTEINDRE L'OBJECTIVITÉ

Il n'est personne qui ne se croie d'abord objectif dans ses jugements, dans ceux qu'il porte sur lui-même comme dans ceux qu'il porte sur les autres ou sur les choses.

  • intersubjectivité:

Du latin inter, « entre «, et subjectus, « sujet «. Terme phénoménologique utilisé par Husserl pour désigner la relation réciproque des consciences les unes avec les autres comme étant à l'origine de la constitution d'un monde commun.

Autrui n'est pas coupé de moi, mais je le découvre en même temps que moi-même dans la possibilité du dia­logue et le partage d'un monde commun.

« II.

— MOYEN D'ATTEINDRE L'OBJECTIVITÉ Il n'est personne qui ne se croie d'abord objectif dans ses jugements, dans ceux qu'il porte sur lui-même commedans ceux qu'il porte sur les autres ou sur les choses.

C'est lorsqu'il se heurte à l'opinion contraire d'autrui, que,après l'avoir soupçonné d'aveuglement ou de mauvaise loi, il commence à douter de la sienne propre et entre dans lavoie de l'autocritique.

Ainsi, la confrontation d'opinions subjectives prépare l'objectivité dont l'accord des esprits estle signe : dans une de ses acceptions et «opposé à subjectif, au sens d'individuel », «objectif» signifie «valable pourtous les esprits et non pas seulement pour tel ou tel individu ».

(Voc.

de LALANDE.) Mais l'intersubjectivité que nousavons définie réalise-t-elle une confrontation de ce genre ? A.

Une intersubjectivité fermée sur elle-même éloigne de l'objectivité au lieu d'en rapprocher.

Qu'on songe àcertaines amitiés, à de vieux ménages, à certains groupes clos qui semblent avoir pour raison d'être essentielle dese procurer un milieu dans lequel règne un accord parfait des sentiments et des opinions.

On n'y atteint pas « lesautres » mais d'autres soi-même attentifs, par un accord inconscient, à ne jamais se contredire, et pour cela à s'entenir à un petit lot d'idées communes tenues pour intangibles. B.

Est seule facteur d'objectivité une intersubjectivité ouverte sur des valeurs qui transcendent les intérêtspersonnels des sujets qu'elle unit et qui valent pour tous : « Sans un effort lucide de communion dans l'universel, nepeuvent s'établir que des intersubjectivités extérieurement rivales et intérieurement instables.

» (R.

BLANCHE, p.31.) Or, nous l'avons rappelé, « universel » est pratiquement synonyme d'objectif.

L'intersubjectivité n'est doncfacteur d'objectivité que dans la mesure d'objectivité qu'elle comporte.

« Ce n'est que dans une visée objective ques'accomplit la communication intersubjective.

» (J.

MOREAU, L'homme et son prochain, p.

42.) Comme conclusion , on pourrait observer que cette intersubjectivité à visée objective est le meilleur moyen de se connaître.

Ceux qui ne nous considèrent qu'objectivement, sont limités à la figure que nous faisons dans le monde, àce que les circonstances nous ont permis de réaliser.

Le domaine de nos possibles, qui est notre moi le plus profond,s'ouvre dans l'intersubjectivité qui s'oriente vers un au-delà.

Dans la conscience de soi (chap.

IX) et dans l'erreur deNarcisse (chap.

II et IX), LAVELLE a écrit sur ce thème des pages fort suggestives. Voici quelques lignes : II y a en chacun de nous plusieurs personnages : un personnage de vanité qui se réduit lui-même au spectacle qu'ilessaie de donner et qui n'a pour autrui qu'un regard de mépris et de jalousie, un personnage plein de timidité etd'anxiété, embarrassé d'attirer sur lui le regard, mais parce qu'il sent en lui un autre personnage encore, plus profondet plus vrai, qui toujours semble le fuir, et que le personnage qu'il montre ne cesse de trahir.

Il n'y a de véritablerencontre spirituelle que dans celle où deux êtres réussissent à éveiller l'un dans l'autre ce personnage secret danslequel ils se reconnaissent, mais en même temps se dépassent et s'unissent.

(L.

LAVELLE, L'erreur de Narcisse, p.43.

Grasset, 1939.). »

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