Devoir de Philosophie

DELEUZE Gilles : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

Extrait du document

deleuze

DELEUZE Gilles (né en 1925). A ce jour on peut, très sommairement, distinguer deux moments dans l’œuvre de Gilles Dcleuze : avant et après l’Anti-Œdipe (1972). La première de ces époques est marquée par divers travaux d’histoire de la philosophie qui demeurent des travaux de critique interne : Deleuze s’y efforce de parler de l’œuvre qu’il étudie dans le langage même de celle-ci. Pourtant, le choix qu’il effectue de tel ou tel auteur (les stoïciens, Spinoza, Hume, Nietzsche...) révèle déjà ses propres préférences, tandis que la façon dont il met en évidence, dans chacune de ses œuvres, les grandes lignes de force, faisant porter l’accent sur les tensions plutôt que sur les significations, atteste l’originalité de sa méthode. Empirisme et subjectivité (1953), Nietzsche et la philosophie (1962), le Bergsonisme (1966), Spinoza et le problème de l'expression (1969), Logique du sens (1969) constituent donc à la fois d’excellentes interprétations de grands systèmes philosophiques et les essais d’une démarche qui affirme, au fil des années, son caractère de plus en plus nettement personnel. On peut rattacher à cette période Proust et les signes (lre éd. en 1964; 2e éd., augmentée, en 1973), travail dans lequel l’auteur de A la recherche du temps perdu est pour la première fois considéré non comme un pâle émule de Bergson

deleuze

« mais comme un artiste qui a su poser à la philosophie ses propres questions -des questions fortes et redoutables.

Selon Deleuze.

en effet, la Recherche n'est pas un livre sur la mémoire mais un livre sur l'apprentissage : c'est la vérité, non le temps perdu, qui y représente l'ob­ jet ultime de la quête du Narrateur.

Celui-ci, au fur et à mesure qu'il perd ses illusions, progresse dans la com­ préhension de la vie; peu à peu, il prend conscience de la supériorité de l'amour et de J'art sur l'amitié et la philosophie; au terme de son périple, il découvre enfin que la vérité n'est pas un sens qui se communiquerait dans la transparence d'un discours, mais une force qui se trahit dans la violence -à la fois nécessaire et invo­ lontaire -d'un affect.

Bref, il comprend -et nous comprenons avec lui -que la pensée n'est rien sans les signes qui la forcent à penser, puisque penser c'est toujours interpréter.

Ces signes, l'œuvre de Proust en est pleine, et 1' on peut les ordonner selon des configurations distinctes : signes de la mondanité, signes de l'amour, signes sensibles émis par les objets, signes de l'art enfin; à chacune de ces configurations, à chacun de ces mondes correspond une « ligne de force >> - la plus importante étant évidemment celle de 1 'art, puisque l'apprentissage dont il s'agit ici est celui d'un écrivain.

L'interprétation de Gilles Del:uze est-elle convaincante? Appuyée sur une lecture minutieuse du texte.

elle a au moins le mérite d'en faire éclater les implications les plus radicales, au lieu de chercher à l'enfermer dans un schéma sécurisant.

Elle est proprement «subversive>> : et cette subversion va constituer, désormais.

r entreprise majeure de Gilles Deleuze.

Rédigé dans le si liage des événements de mai 1968, en collaboration avec le p ychanalyste Félix Guattari, l'Ami-Œdipe : 1972) restera sans doute le livre le plus contesté -et le plus contestataire ;-de ces années d'intense fermentation intellectuelle.

Ecrit dans un style qui se veut a.::cessible, mais volontiers agressif, l'ou­ vrage se présente comme une critique des fondements de la psychanalyse -et en particulier du « familialisme >> freudien.

Selon Freud, en effet, toute névrose peut s'ex­ pliquer à partir d'un conflit apparu au sein de la structure œdipienne, c'�·st-à-dire du rapport «père-mère-enfant>>; soigner la folie ne veut donc jamais dire, pour lui, que réadapter l'incividu à sa famille.

Contre ce point de vue conservateur, Deleuze et Guattari exaltent les « machi­ nes désirantes », qui font éclater le sujet, et valorisent la psychose, en rarticulier celle du schizophrène, qui choi­ sit consciemment d'échapper au triangle œdipien et dont la rt:présente la subversion la plus dangereuse qui soit pour le capitalisme.

Publiée huit ans après et intitulée Mille Plateaux ( 1980).

la suite de I'Anti-Œdipe n'a pas connu le même succès: il s'agit cependant d'un livre importan :, dont la fécondité n'a pas encore été plei­ nement perçut:.

Signalons aussi, de Deleuze et Guattari.

un travail sur Kafka ( 1975), qui se situe entre ces deux grands livres.

et dont la finesse d'analyse révèle une sensibilité pari iculièrement vive à l'art et à la linérature; et enfin, de Deleuze seul, deux volumes sur le cinéma, l' lmage-mouv.•ment ( 1983) et 1 'Image-temps ( 1985).

[Voir aussi PHILOSOPHIE ET LITTÉRATURE].

BIBLIOGRAPHIE On lira avec intérêt les Dialogues de Gilles Deleuze avec Claire Parnet (Flammarion.

1977).

Ch.

DELACAMPAGNE. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles