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Des sociétés sans Etat ?

Publié le 13/01/2004

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Dans cette absence de « roi » et de loi, on lit généralement la marque d'un déficit, qui signale surtout, au-delà de tout ethnocentrisme, une difficulté pour notre pensée : si ces sociétés ne s'organisent pas selon la division entre dominants et dominés, comment comprendre cette logique singulière d'un chef sans autorité, d'un pouvoir impuissant, d'une institution sans substance ? L'organisation d'une société suppose-t-elle la hiérarchisation et la domination ?1.       Qu'est-ce qu'une société sans État ?A ~ Le paradoxe d'un chef sans autorité.q       Les sociétés indiennes d'Amérique du Sud sont l'exemple d'une organisation singulière du pouvoir, puisque la communauté se donne un chef, mais ce chef n'est pas un chef d'État. dans sa fonction diplomatique et guerrière, le chef parle au nom de la communauté, et prend en charge l'affirmation de son autonomie, mais aucune décision n'est imposée ensuite au reste du groupe : il est au contraire à son service.q       Ce « chef » porte donc un nom paradoxal, il n'est pas comme n'importe quel ministre des Affaires étrangères. En fait, il exécute seulement la volonté explicite de la tribu, et risque d'être destitué s'il commence à « faire le chef »...  Pour résorber les conflits qui peuvent surgir, il a pour seul moyen son prestige, et l'usage exclusif de la parole, pour persuader les individus ; prestige ne signifie pas pouvoir, puisqu'il arbitre mais ne juge pas.

Si dans la cité grecque, de dimension réduite, chacun pouvait se sentir lié à tous par des traditions, une religion et des sentiments communs forts, l'idée d'État moderne distingue la société civile, association artificielle de membres aux liens plus économiques que sentimentaux, et l'État, comme puissance publique posant les lois et contrôlant le corps social. L'État moderne a fait disparaître l'idée grecque de la politique comme prolongement de la sociabilité naturelle des hommes.

« Introduction Une société est un ensemble d'individus vivant ensemble et liés par des liens (valeurs, intérêts communs, échanges,sentiments).

La pluralité humaine engendre une complémentarité des besoins, mais aussi des conflits, qu'il fautgérer.Un Etat est une autorité souveraine, lieu du pouvoir unique sur un territoire donné et une population définie.

L'Etaténonce des règles et lois qui organisent la vie commune; est un pouvoir de police et de sécurité nationale; et adonc pour fonction et raison d'être de gérer et réguler une société donnée.Cependant, peut-on se passer de la fonction que joue l'Etat dans la société ?A quelles conditions peut-on penser une société sans Etat ? I.

Quelles sont les formes du lien social en l'absence d'Etat ? La communauté des besoins : les échanges entre les hommes sont nécessaires pour leur survie, et profitables, pourleur bien-être.

Les hommes sont obligés de se rendre des services mutuels.

Ces échanges sont un ciment social.L'échange lui-même peut-être facteur de conflit : comment le régler? On n'échange pas seulement les biens, maisles facultés, les paroles, les femmes...

Sans autorité supérieure, il est difficile d'assurer l'arbitrage car les hommes nesont pas raisonnables mais passionnés.

Les hommes ne parviennent à une communauté heureuse que dans dessociétés très réduites et soudées par un fort intérêt commun : sociétés d'amis, partenaires économiques...

Demanière plus globale, les hommes ne peuvent cohabiter sans règles établies.Dans les sociétés sans Etat comme les sociétés primitives, l'autorité appartient à un pouvoir plus contraignant.

Lesinterdits sont plus nombreux car on n'a pas les moyens de gérer les dérapages, en l'absence d'un système de justiceorganisé.Ce besoin d'autorité explique que la volonté de supprimer l'Etat comme lieu à l'Etat le plus autoritaire qui soit.Exemple de l'URSS après la révolution communiste.

De même, l'anarchie, c'est à dire l'absence d'autorité publique aunom de la liberté individuelle, laisse place rapidement à la tyrannie.

Les hommes ont besoin d'un maitre.

L'autoritéabsolue tombe entre les mains d'une volonté singulière qui s'exerce arbitrairement sur les autres.On n'est donc pas plus libre d'agir mais moins libre dans les sociétés sans Etat.

L'Etat est une institution réfléchie.Les règles sont édictées par la raison, d'après une calcul rationnel et non pas héritées.

Elles instaurent descontraintes, mais répondent au plus près aux intérêts de la société et au respect de la liberté des individus.

Dans lecadre des sociétés démocratiques, chacun participe à la formulation de ces règles et a un droit de regard sur ce quise joue.

L'organisation étatique permet donc d'assurer la coexistence pacifique des individus d'une manière qui soitla plus juste possible. II.

En quoi l'Etat est-il une forme d'organisation efficace et indépassable pour les sociétés modernes ? Il est difficile de concevoir la vie en commun des individus sinon à l'échelle d'un territoire et dans une sociétédéfinie.

La configuration du monde en Etats instaure une telle gestions de la vie collective.Pour Rousseau, il n'y a pas de société sans Etat mais seulement un agrégat d'hommes dont les intérêts sontdistincts, divergents (chapitres V et VI du Contrat Social ).

Par le contrat social, les hommes abandonnent leur volonté singulière afin de se constituer comme membre de la volonté générale.

Le contrat social instaure l'Etat etengendre la cohésion sociale car il donne forme à l'intérêt commun.

L'institution de l'Etat est le seul moyen deconjuguer le maintien de la liberté individuelle et l'obéissance au chef.

Les règles servent précisément à assurer lacoexistence des libertés.Nos sociétés modernes obéissent à la forme de l'Etat-nation.

La nation est un peule dont l'unité est culturelle :histoire, langue, mode de vie partagés.

L'Etat est la communauté des citoyens.

Les deux aspects sont quasimentindissociables aujourd'hui (exemple : le modèle français).

L'Etat solidifie la nation.

Il impose l'unité nationale : àchacun redeviennent les mêmes droits.Cette autorité de l'Etat-nation est cependant de plus en plus contestée.

L'égalité est instituée au détriment desdifférences individuelles.

De fait, c'est la culture dominante qui s'impose Le ciment social nie, dans une certainemesure, la pluralité présente dans la société.

La société refuse de se voir modelée par l'Etat, demande plusd'indépendance (exemple : la revendication des Noirs aux Etats-Unis d'Amérique dans les années 1960-1970,mouvements jeunes en 1968).. »

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