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Descartes : « Je pense donc je suis »

Publié le 23/03/2015

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Kant a jugé, non sans raison il faut bien l'avouer, l'argumentation cartésienne parfaitement incohérente, pour ne pas dire tout à fait risible.

 

très souvent le cas chez lui : Descartes, contrairement à une idée reçue, est sans doute le moins cartésien de tous les philosophes.

 

Après l'argument ontologique et l'étrange théorie de la «garantie divine«, une troisième grande clé de lecture de la philosophie cartésienne réside dans sa fameuse doctrine de la création des vérités éternelles.

 

Pour cette raison d'ailleurs, Alquié ne voyait pas dans Descartes une étape vers une philosophie de la transparence totale, vers un rationalisme absolu annonçant la formule hégélienne suivant laquelle le réel est rationnel et le rationnel est réel.

 

Cette idée a trouvé un équivalent politique chez les théoriciens de la monarchie absolue, pour lesquels la société civile ne tient pas sans l'État --- ce qui revient à dire qu'elle n'a pas d'existence propre.

 

«Descartes, c'est la France« : l'identification presque proverbiale de l'auteur des Méditations avec la culture française montre sans ambiguïté l'extraordinaire postérité de sa philosophie.

 

La France ne sera jamais vraiment libérale, au contraire des cultures anglo-saxonnes.

 

Mais la marque de Descartes sur notre culture, profonde et durable, a bien d'autres aspects, notamment sur le plan le plus fondamental qui soit peut-être dans la tradition française : celui de l'esthétique.

 

Avec Descartes apparaît en effet quelque chose qui se traduit directement dans l'art classique français --- dans le jardin de Versailles, les pièces de Molière, la musique «mathématique« de Rameau, ou encore la poésie de Boileau.

 

C'est de la nature saisie par l'intelligence qu'il s'agit dans l'art classique français.

 

À cette vision de l'art et de la nature s'opposera trait pour trait l'esthétique du sentiment et de la délicatesse, l'esthétique du coeur opposé à la raison, une vision de l'art qui s'inspirera de la tradition empiriste mais aussi pascalienne.

 

C'est toute la différence, d'un mot, entre le jardin anglais (empirique, luxuriant, qui entend reproduire la nature foisonnante et sensible) et le jardin français, celui de Versailles, où la nature n'est que géométrie, mathématique, saisie qu'elle est par l'intelligence.

 

On retrouvera aussi cette opposition dans la fameuse querelle des Bouffons qui opposera notamment Rameau et Rousseau.

 

L'auteur des Confessions est déjà un romantique.

 

Pour lui, les élans du coeur, la mélodie font toute la saveur de la musique : il aime la voix, il aime Pergolèse, il aime l'opéra italien.

 

Rameau, au contraire, en bon cartésien, considère que l'essentiel de la musique, c'est l'harmonie : ce qui l'intéresse dans son art, c'est ce qui relève du mathématique, ce que l'on peut calculer (les tierces, les quintes, etc.).

 

C'est aussi toute l'esthétique baroque, esthétique de l'excès, qui prendra le contre-pied, notamment en Italie, en Espagne, au Portugal ou en Allemagne, de l'esthétique classique française.

 

L'art baroque sera un art des matériaux plutôt que de la forme, un art des couleurs vives et chaudes, des ornements à foison, là où l'art classique français cultivera volontiers le dépouillement, la simplicité imitant l'élégance des belles démonstrations mathématiques.

 

que c'est peut-être sur ce plan esthétique, en tout cas infiniment plus que sur le plan scientifique, que la philosophie de Descartes aura une postérité réellement féconde, notamment sur ce classicisme français, mais aussi en annonçant déjà la bohème, l'avant-gardisme et l'art moderne : reproduisant le geste révolutionnaire cartésien, l'avant-garde entendra elle aussi faire table rase du passé et incarner l'innovation radicale.

 

L'héritage cartésien s'inscrit dans cette idée fondatrice de l'art moderne : le but de l'art véritable, c'est de se défaire du passé pour inventer quelque chose d'absolument neuf.

 

Ce n'est pas un hasard si l «avant-garde« et la «bohème« sont des mots français dans toutes les langues du monde et si le Paris de la fin du xixe siècle jusqu'aux années 1930 fut la capitale de la création moderniste, avant de céder la place au pays de l'innovation capitaliste par excellence, à savoir les États-Unis...

 

Enfin, une autre postérité majeure de la philosophie cartésienne réside dans les multiples conséquences du rejet, lié lui-même à l'installation du doute radical, de toutes les formes d'arguments d'autorité.

 

Descartes annonce, là encore, la Révolution française et la fin du théologico-politique, car sa pensée combat presque par essence l'idée qu'on puisse, dans quelque domaine que ce soit, recourir à des arguments d'autorité, comme c'est le cas dans des théocraties, pour imposer sa loi : l'éthique de la délibération et l'esprit critique des Lumières sont déjà inscrits dans la philosophie de Descartes, comme l'est déjà, ne fût-ce qu'en germe, la révolution scientifique qui va caractériser le xviie et le)(Ville siècle.

 

En dépit de toutes ces critiques justifiées, il reste que Descartes a formulé le premier ce qu'on peut considérer comme LE grand principe fondateur de la science moderne, à savoir le principe d'inertie.

 

dans le monde ont une cause, qu'ils sont donc explicables rationnellement.

 

Les retombées de la philosophie cartésienne paraissent proprement étourdissantes.

 

Il y a même un décalage, saisissant parfois, entre la pauvreté des raisonnements cartésiens, notamment sur le plan scientifique, et l'impact qu'aura malgré tout dans l'histoire sa philosophie, ne serait-ce qu'en raison du geste révolutionnaire qu'elle met en oeuvre et de cette subjectivité qu'elle installe au coeur de la pensée.

 

Le romantisme, que ce soit d'ailleurs sur le plan esthétique ou politique, a voulu restaurer l'idée de nature originelle et celle de mystère du monde contre l'anthropocentrisme cartésien jugé arrogant, orgueilleux et dominateur, contre cette subjectivité humaine qui prétend tout maîtriser dans le monde naturel comme dans celui de l'histoire et de la politique.

 

Dans ses passionnantes Réflexions sur la Révolution de France, un texte publié dès novembre 1790, Edmund Burke (1729-1797) réhabilite ainsi le préjugé, jugeant absurdes le refus cartésien des arguments d'autorité et la volonté de penser par soi-même.

 

Cette réhabilitation du préjugé dans la pensée romantique trouve un prolongement jusque chez Gadamer (1900-2002), un des grands théoriciens contemporains de l'herméneutique, influencé notamment par Heidegger.

 

Beeckman attire notamment son attention sur la possibilité de traiter la physique par des formules mathématiques, donnant ainsi une direction décisive à son esprit.

 

Le jeune Descartes oscille cependant toujours entre la vie militaire et la vie philosophique : alors que se prépare la guerre de Trente Ans, qui devait déchirer l'Europe jusqu'en 1648, il se rend en Allemagne pour s'engager dans l'armée catholique du duc Maximilien de Bavière.

 

C'est là que, le 10 novembre 1619, prenant son quartier d'hiver dans un «poêle« (une pièce avec un gros fourneau), Descartes découvre dans l'enthousiasme sa vocation philosophique, apercevant la possibilité d'établir «les fondements d'une science admirable«.

 

Le renoncement définitif à la vie militaire, alors qu'il va sur ses vingt-quatre ans, ouvre une période de sa vie qui, selon le récit du Discours de la méthode, durera neuf années, au cours desquelles il ne fait que «rouler çà et là dans le monde, tâchant d'y être spectateur plutôt qu'acteur en toutes les comédies qui s'y jouent«, s'efforçant de déraciner de son esprit «toutes les erreurs qui s'y étaient pu glisser auparavant«.

 

Il fait quelques voyages, en France et en Italie, mais séjourne le plus souvent à Paris, où il cherche la compagnie des savants, auprès desquels sa notoriété ne cesse de grandir.

 

Descartes se lie notamment avec le Père Mersenne (1588-1648), qui deviendra son principal correspondant lorsqu'il sera définitivement installé en Hollande --- les relations de celui-ci avec tous les milieux scientifiques de l'époque en faisant un intermédiaire précieux.

 

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« « Tous les grands philosophes allemands, à commencer par Hegel et Heidegger, ont salué en Descartes l'inventeur de la philoso­ phie moderne.

» QUELQUES CLÉS POUR COMPRENDRE L'INVENTEUR DE LA PHILOSOPHIE MODERNE La postérité de Descartes a retenu essentiellement deux œuvres majeures, le Discours de la méthode et les Médita­ tions métaphysiques, qui parurent respectivement en 1637 et 1641.

Ce sont des œuvres petites par la taille mais immenses par le rôle qu'elles ont joué dans l'histoire de la philosophie.

Tous les grands philosophes post­ cartésiens, à commencer par Hegel et Heidegger, ont salué en Descartes l'inventeur de la philosophie moderne, c'est-à-dire l'inventeur de la philosophie du sujet ou, ce qui revient au même, de l'humanisme philosophique.

Descartes, en effet, va fonder tout l'édifice de la pensée sur l'homme, et non plus sur l'ordre du cosmos ou sur la divinité, comme dans les siècles passés.

Mais n'en restons pas à des formules abstraites : fonder tout l'édifice de la pensée sur la subjectivité humaine, qu'est-ce que cela signifi~ concrètement et comment cela se traduit-il dans la pensée de Descartes ? Dès que vous ouvrez le Discours de la méthode ou les Méditations, vous ne pouvez pas ne pas être frappés par le fait que Descartes met en place une démarche nouvelle, une méthode, justement, qui fonctionne en trois temps.. »

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