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DESCARTES: Les animaux sont comme des machines.

Publié le 27/02/2008

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Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas ; car cela même sert à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne. Et sans doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en cela comme des horloges. Tout ce que font les mouches à miel est de même nature et l'ordre que tiennent les grues en volant, et celui qu'observent les singes en se battant, s'il est vrai qu'ils en observent quelqu'un, et enfin l'instinct d'ensevelir leurs morts, n'est pas plus étrange que celui des chiens et des chats, qui grattent la terre pour ensevelir leurs excréments, bien qu'ils ne les ensevelissent presque jamais : ce qui montre qu'ils ne le font que par instinct, et sans y penser. On peut seulement dire que, bien que les bêtes ne fassent aucune action qui nous assure qu'elles pensent, toutefois, à cause que les organes de leurs corps ne sont pas fort différents des nôtres, on peut conjecturer qu'il y a quelque pensée jointe à ces organes, ainsi que nous expérimentons en nous, bien que la leur soit beaucoup moins parfaite. A quoi je n'ai rien à répondre, sinon que, si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que nous ; ce qui n'est pas vraisemblable, à cause qu'il n'y a point de raison pour le croire de quelques animaux, sans le croire de tous, et qu'il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d'eux, comme sont les huîtres, les éponges, etc. René DESCARTES.

Toute la tradition philosophique a essayé de définir ce qu'il y a de propre dans l'être humain, de caractériser son originalité et sa supériorité ressentie. Pour ce faire, les philosophes se sont appuyés sur la comparaison avec les animaux pour en dégager les différences caractéristiques. Ici, Descartes répète cette stratégie et essaie de dégager dans ce texte la distinction entre l'animal et l'homme. L'auteur voit bien un point commun entre les deux espèces, qui tient bien sûr au corps biologique. En fait, tout le problème tient à cette origine commune; en effet, l'homme et l'animal ont une même origine naturelle qui s'exprime dans leur fonctionnement biologique. C'est d'ailleurs pour cette raison que beaucoup de philosophes, notamment antiques, ont dénigré les passions et les besoins, venant du corps et donc avilissant pour l'homme. Descartes dès lors met en évidence deux différences fondamentales entre l'homme et l'animal : sa liberté et son âme, la première découlant de la seconde.

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