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Descartes: les conditions de la connaissance vraie

Publié le 27/02/2008

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Quand même (les auteurs anciens) seraient tous d'une noblesse et d'une franchise extrême, ne nous imposant jamais de choses douteuses pour vraies, mais nous exposant tout de bonne foi, comme cependant à peine l'un avance-t-il une idée qu'un autre présente le contraire, nous ne saurions jamais auquel des deux croire. Et il ne servirait de rien de compter les suffrages pour suivre l'opinion garantie par le plus d'auteurs, car, s'il s'agit d'une question difficile, il est plus croyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre plutôt que par beaucoup. Même si tous étaient d'accord, leur enseignement ne nous suffirait pas : nous ne deviendrons jamais mathématiciens, par exemple, bien que notre mémoire possède toutes les démonstrations faites par d'autres, si notre esprit n'est pas capable de résoudre toute sorte de problèmes ; nous ne deviendrons pas philosophes, pour avoir lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, sans pouvoir porter un jugement solide sur ce qui nous est proposé. Ainsi, en effet, nous semblerions avoir appris, non des sciences, mais des histoires. DESCARTES

•    Descartes pose ici les conditions de la connaissance vraie. —    Il convient de montrer une défiance générale à l'égard de toute autorité. L'autorité ne saurait fonder la vérité. —    Le savoir appris n'est pas une véritable connaissance. Savoir véritablement, c'est voir et nous ne pouvons voir que par nous-mêmes, non par autrui. —    Il faut donc rechercher le vrai par nous-mêmes. C'est dans notre propre évidence que nous trouverons la certitude. Nous pouvons mémoriser une règle mathématique ; mais tant que nous n'avons pas vu les rapports qu'elle définit, nous ne la connaissons pas véritablement.

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« contingents et hors d'atteinte : à savoir la noblesse, la franchise, la bonne foi de l'autorité.

Cela implique du coupqu'à chaque fois que l'une de mes pensées repose à un moment sur la présence en autrui de l'une de ces qualités,elle est de ce fait douteuse.

L'autorité dans le cas d'une position majoritaire2.

Descartes répond dans un second temps que si les positions divergent, on peut néanmoins, la plupart dutemps, distinguer entre une position majoritaire et une position minoritaire.

Ainsi, il y a eu dans la scolastiquedes « positions standards » et d'autres positions « non standards », comme aujourd'hui en économie.

Le recours yest d'autant plus justifié que l'on met l'accent, comme Descartes semble lui-même le faire, sur le caractère incertaindes objets de la recherche.

En situation d'incertitude, il n'est pas du tout irrationnel de s'en remettre à l'aviscommunément partagé, c'est au contraire le fonctionnement de la rationalité propre au sens commun.

En réalité, on ne peut mettre en cause ce recours au sens commun qu'en formulant des exigencesélevées pour la recherche scientifique.

Il ne s'agit pas de déterminer ce qui est le plus probablement vrai du point devue des connaissances à un moment donné, mais ce qui est vrai en soi, absolument, indépendamment de notresituation.

Derrière l'affirmation, apparemment anodine, selon laquelle « s'il s'agit d'une question difficile, il est pluscroyable que la vérité en a été découverte par un petit nombre » se trouve l'idée d'une vérité objective, à portéedes facultés humaines, dans tous les domaines.

Cette idée doit nous conduire à nous défier de nos propres idées que nous ne mettons pas en causeparce que, du fait qu'elles sont majoritairement partagées, n'ont pas l'occasion d'être réellement remises en cause.La facilité avec laquelle on accepte de telles idées doit bien plutôt être considérée comme le masque d'une difficultéintrinsèque.

Là encore, il faut chercher ailleurs que dans la facilité pour une idée à être admise le critère du douteuxet du vrai.

L'autorité dans le cas d'une unanimité3.

Le dernier cas envisagé correspond à l'objection selon laquelle certaines positions semblent êtreuniversellement défendue, et que cette universalité n'implique pas un simple changement quantitatif mais aussi unchangement qualitatif.

Elle serait le signe que sur certains points, la vérité est claire d'elle-même et peut êtreimmédiatement reconnue par une nécessité intrinsèque.

Cette objection est importante, car la réponse de Descartesva permettre de donner un sens fort au critère recherché du douteux et du vrai.

En effet, l'exemple des mathématiques nous montre que Descartes a en vue dans cette dernière phraseles vérités des mathématiques qui ne reposent pas sur une opinion ou sur des faits.

Comme dans le premier cas,Descartes répond en se plaçant du point de vue de celui qui recherche la vérité, et qui se demande s'il vaut mieuxou non suivre l'autorité.

Cela permet de préciser le concept de vérité dont on a vue que Descartes y insérait uneexigence forte.

Ici, l'on voit qu'il ne peut y avoir de vérité donnée par une autorité, et simple reçue.

L'esprit pourparticiper à la science, ne doit jamais être passif, mais toujours actif, il doit être capable de faire lui-même lesraisonnements qui sont nécessaires pour résoudre un problème, et non simplement les consulter, et s'en remettre àl'auteur.

C'est donc la différence entre la science comme activité de production de la vérité et non commeréception de celle-ci qui permet finalement de trouver à quel niveau va pouvoir se déployer le véritable critère entrele douteux et le vrai.

Mes idées qui sont vraiment les viennent vont radicalement se restreindre avec ce troisièmeargument contre l'autorité : il faut en effet en éliminer toutes celles que je n'ai pas acquises par moi-mêmes par uneffort actif, mais simplement reçues et répétées.

L'expression « des histoires » peut être prise au sens très négatifqu'elle a quand on dit par exemple que quelqu'un ne fait que raconter des histoires : à l'époque de Descartes,l'histoire n'est pas encore une science, précisément, et les récits historiques n'ont pas la méthode qu'ils aurontprogressivement au 18° et 19° siècles.

Conclusion L'argumentation de Descartes est en fait l'occasion de construire un concept de science radicalementnouveau.

Ce qui est affirmé à travers le refus de l'autorité, c'est que la connaissance scientifique peut répondre àune exigence de vérité objective à condition de n'être que le produit de l'activité d'un sujet qui ne s'en remet qu'àlui-même, et à rien d'autre.

Cette idée ne va pas de soi et elle présente une tension entre le but proclamé et les moyens.

Dans laperspective cartésienne cette tension se résoudra par le statut autonome et souverain du sujet pensant.

On peutnéanmoins voir que cette tension suppose du même coup une unité du savoir, et va donc à l'encontre de certainsphénomènes contemporains, comme la spécialisation des savoir et le rôle croissant des experts.

Néanmoins, sur la question de l'autorité dans le savoir ce texte constitue un point important de l'histoirede la philosophie.

À partir de lui certains philosophes tenteront de faire la place à l'autorité, comme Pascal dans laPréface au traité sur le vide , d'autres radicaliseront encore la défiance à l'égard des Anciens, comme Hume à la fin de l' Enquête sur l'entendement humain : « Si nous prenons en main un volume quelconque, de théologie ou de métaphysique scolastique, par exemple, demandons-nous : 'Contient-il des raisonnements abstraits sur la quantitéou le nombre ?' Non.

'Contient-il des raisonnements expérimentaux sur des questions de fait et d'existence ?' Non.Alors, mettez-le au feu, car il ne contient que sophisme et illusions.

». »

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