Désire-t-on ce que l'on ignore ? Ignore-t-on ce que l'on désire ?

« On peut désirer ce qu'on ne connaît pas Le désir a toujours été ce qui a permis à l'homme d'élargir son champ de connaissance.

Ce n'est pas ce qui est connu qui est le plus profondément désirable, mais ce qui échappe à l'esprit.

La puissance du désir est souveraine S aint Augustin, dans ses Confessions, écrit: «Je n'aimais pas encore, et j'aimais à aimer; dévoré du désir secret de l'amour, je m'en vou- lais de ne pas l'être plus «On peut désirer une chose dont on n'a pas l'expé- rience.» Alain, Les Arts et les Dieux encore.» Ces lignes suf- fisent à montrer qu'avant même de connaître l'amour, la volupté, la sagesse, la vérité, le désir, qui incarne toute la puissance de la vie, nous pousse à conqué- rir l'inconnu.

L inconnu éveille le désir S i le désir, comme le dit Platon dans Le Banquet, résulte d'un manque radical, il va de soi que c'est bien plus l'inconnu que le connu qui le provoque.

Ce que je connais n'est pas ce qui me manque.

Ce qui me manque, c'est jus- tement ce que je ne connais pas.

Ce sont les mystères de la femme qui stimulent la pensée de l'homme, non ce qu'il sait d'elle.

i l'homme n'avait désiré que ce qu'il connaît, il n'aurait jamais eu l'idée de franchir les mers, les montagnes, de s'aven- turer dans l'espace.

L'attrait de l'inconnu est le plus puissant stimu- lant du désir, à un niveau tant scientifique et phi- losophique qu'érotique.

Seuls les esprits grégaires ne désirent que ce qu'ils connaissent déjà.

Comment l'homme aurait-il pu acquérir autant de connaissances s'il s'était contenté de ne désirer que ce qu'il connaît? C'est sa fascination pour l'inconnu qui l'a conduit à conquérir le monde.. »