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Dieu est amour ?

Publié le 01/01/2005

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Dieu est donc amour, en ce sens que la finalité de l'amour, c'est la contemplation de cet être divin vers qui se sent porté la partie éternelle en mon âme.    

II. Dieu est amour, parce qu'il aime l'homme malgré son reniement, et lui offre la possibilité d'accéder au Salut.  

- Selon la théologie chrétienne, Dieu est l'Etre suprême, un être personnel qui a envoyé son propre fils, le Christ fait chair, pour sauver l'humanité de sa nature pécheresse. -Dieu est amour, parce qu'il a la faculté du pardon : la miséricorde divine est accordée à tous, en raison de la nature infinie de l'amour de Dieu. L'amour est donc rendu manifeste par le Pardon infini accordé par Dieu à l'homme.    

III. Dieu ne saurait être qu'amour, sans quoi l'amour se révèlerait lui-même contradictoire dans son principe.  

-Interprétation de l'épreuve d'Abraham par la Kabbale juive : Abraham, par amour pour Dieu, est prêt à tuer son propre fils, d'où une situation contradictoire. Dieu a voulu tester l'amour d'Abraham, mais Abraham s'est trompé sur l'interprétation de cet amour : ce ne doit pas être un amour aveugle et fanatique.

- "Dieu" est le nom que prend le principe premier de la création, en ce sens qu'il est l'Etre dont tout étant procède comme à sa cause première ; les diverse théories théologiques et/ou philosophiques ont notamment pour tâche de définir les qualités de ce premier principe. La première de ces qualités, c'est son caractère absolument inconditionné, en tant que Principe.

- L'amour peut être entendu sur un plan horizontal comme vertical : on peut aimer un autre homme comme on peut aimer le Dieu auquel on croit, comme à cet Etre dont notre être se rapporte comme à son origine inconditionnée.

- Or, ces deux sortes d'amour peuvent n'être que les deux faces d'une même essence de l'amour : Peut-on faire du premier Principe divin la cause même de tout amour possible ? Or, enfermer l'essence du Divin dans le seul amour, ne peut-il pas avoir pour conséquence l'annihilation même de l'amour ? Ainsi, si Dieu est amour, comment l'aimer pour respecter cette essence même de l'amour ?

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« Dieu est amour Rien n'est plus surprenant que de voir Hegel ignorer la question de l'amour dans la phénoménologie de l'Esprit.

Laconsultation des index ne montre guère que deux allusions alors que le désir et la jouissance sont explorés commedes "figures" à part entière.

C'est d'autant plus inexplicable que la culture à laquelle appartient Hegel, lechristianisme, se construit sur une proposition proprement inouïe : Dieu est Amour.

Entendons bien : cela ne signifiepas seulement que Dieu pardonne ou aime, mais que le prédicat donne l'essence du sujet et donc que l'Amour est leseul Dieu.

Amor triomphat de deo, explicitera saint Bernard de Clairvaux, ou encore Deus vincitur ab amore. Sommes-nous alors devant une bévue hégélienne, et que peut bien signifier cette incroyable proposition qui voitjouer contre elle les évidences coutumières? En effet, ce qui saute au contraire aux yeux, c'est que ce sont les hommes qui aiment, et qui aiment dans tous lescas, sauf à sombrer dans cet autre de l'amour qu'est la grande folie.

Quels que soient les modèles - et ceux quecontiennent les grands mythes sont nombreux - l'amour caractérise la seule créature et son incomplétude, qu'ils'agisse d'Alceste donnant sa vie pour son mari, de Tristant, ne revenant à Yseut que par la médiation d'uneseconde Yseut, de Dom Juan cherchant le diamant dans la profusion der pierres quelconques.

De leur côté, les dieuxdemeurent immobiles et s'ils se déplacent, c'est par désir comme le polisson Jupin, non par amour. L'amour des hommes pour eux-mêmes se caractérise donc par son universalité : pour être homme, il faut avoir étéaimé soi-même, enseigne la psychanalyse, et c'est bien l'épreuve unique du parcours du combattant homme.

C'estmême une universalité inamissible : l'amour est ce qui reste quand tout est perdu, au dernier instant comme dans lesenfers réels.

C'est même cette certitude que tout homme aime, a aimé et aimera que se fonde Platon lorsqu'il faitappel à l'érotisme pour inventer dans le Banquet une autre paideia que celle de la République, une éducation qui jouesur ceci que chacun aime, et qui articuler chacun à ce qui palpite dans le beau. Mais ce n'est pas tout, puisque l'amour se soutient d'une certaine incomplétude inconnue du divin, qui rive le sujet àautre chose que lui, sans que deux mille ans d'effort aient bien pu faire la clarté sur cette question.

Quel est cecomplément dont je manque? On ne sait, mais il faut bien abandonner l'idéal d'autarcie du sage antique qui faisaitencore dire à Plotin que le sage doit être égoïste. Décidément c'est l'homme qui aime, et on parlera aussi de métastabilité ou de métamorphisme de l'amour : quand cen'est plus de l'amour, c'est encore de l'amour, comme tend à le faire comprendre la doctrine freudienne de lasublimation qui, si on savait à quoi s'en tenir, conduirait à lire l'acharnement du collectionneur, du touriste ou du...professeur de philosophie comme amour d'autre chose plutôt qu'autre de l'amour. L'amour est tellement humain que c'est ce qui conduit Feuerbach à trouver que c'est un cas assez pur de ce"renversement" consistant à créditer Dieu de quelque chose qui appartient en propre aux hommes.

C'est l'homme quiaime infiniment, jusqu'au délire, à la perte de soi, jusqu'au franchissement de toute limite, et il devient tout à la foisinexplicable et inadmissible qu'on retire cet attribut à l'humanité pour en parer la divinité froide.

Dieu n'aime que d'unamour emprunté, volé aux hommes comme le feu prométhéen.

Le pire consiste du reste pour Feuerbach en ce que lareligion introduit avec la foi le ferment de haine qui oppose les hommes, conduisant à l'extermination des gentils...ou des autres, de tous les autres, tour à tour.

Alors que les hommes savent surmonter en tant que tels ladifférence, la foi réintroduit une différence noire, comme le sang séché. On peut tenir des propos plus pessimistes encore, et soutenir que non seulement Dieu n'aime pas, mais que leshommes n'aiment pas non plus.

L'anthropologie et plus précisément la doctrine de l'échange généralisé enseignent àne voir dans l'amour, fût-il le plus sublime, qu'un des volets de l'échange.

Et voilà la mère, modèle de toujours,privée de sa stature.

Lorsqu'elle donne à l'enfant, jour après jour, heure après heure, en inscrivant les marques surson corps, elle s'acquitte de la dette contractée lorsqu'elle a reçu elle-même soins et gestes.

La survalorisation del'amour dans les discours indique combien l'humanité est tenue de magnifier l'acquittement de la dette et aussicombien elle risque de se laisser tenter par la sortie hors de la règle d'échange. Cruelle notion que celle de l'échange généralisé.

Elle en rend même le sacrifice impossible : j'ai beau donner le plusque je puis, même si je ne suis plus là pour le voir, j'en obtiens un sens en retour, et ce n'est pas rien. Si cette argumentation devait épuiser le sujet, il faudrait clore ici la méditation, et conclure que la formule Dieu estamour n'abrite qu'on songe creux.

Est-ce le cas? N'existe-t-il pas d'autre forme d'amour.. »

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