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Dieu est il un concept ?

Publié le 11/07/2025

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« Sujet traité : Dieu est-il un concept ? La question paraît étrange.

N’est-ce pas d’emblée un contresens d’associer Dieu, auquel, dans le monde chrétien, sont associés les termes « infiniment grand », « infiniment bon », « toutpuissant », et surtout « créateur », et le terme « concept ».

Si l’on prend le verbe « être » dans son sens d’identité, cela ne revient-il pas à enfermer Dieu dans un objet du langage manipulable par l’homme, et donc à nier l’idée même de Dieu ? Le concept est un outil pour connaître et communiquer.

Mais peut-on prétendre connaître Dieu par une approche conceptuelle ? Si oui, lorsqu’on a donné ses déterminations, on a tout dit.

Si non, la connaissance de Dieu n’est pas de cet ordre.

Les déterminations du langage n’aboutissent alors qu’à une idée plus ou moins vague, non à un concept.

Cela signifie-t ’il qu’il faille renoncer à connaître Dieu ? Ou tout du moins à dire que Dieu relève d’une connaissance intuitive, et non conceptuelle ? Dans le langage courant, un concept est une idée ou une notion abstraite qui permet de comprendre et d'organiser des connaissances sur un sujet particulier.

C'est une représentation mentale qui aide à catégoriser et à interpréter la réalité. Pour cela, on lie au concept des attributs et/ou des prédicats. Au concept de justice je peux par exemple associer les attributs d’équité, d’impartialité, de légalité, de proportionnalité des peines, de bien commun … Ces attributs sont inhérents au concept de justice, ce sont des propriétés essentielles.

Dans ce sens, dire que Dieu est un concept reviendrait donc à dire qu’il est possible de lui associer des attributs qui seraient constitutifs de son essence. On peut aussi lier au concept des prédicats, qui peuvent être contingents, comme « la justice est lente », ou « le chat est noir ».

Mais l’idée de contingence est contradictoire avec celle de Dieu, auxquels sont justement rattachés les attributs « d’éternel », « d’immuable », de « nécessaire ». Donc dire que Dieu est un concept, cela signifierait que par la pensée nous pouvons lui associer des attributs qui caractérisent son essence : Dieu serait un « objet de connaissance », dans la mesure où toute connaissance se rapporte à un objet.

Et dire que Dieu n’est pas un concept ce serait dire qu’il est une idée, une représentation de ce qui relève de l’intuition.

Ce qui n’empêche pas cette idée d’être nécessaire, pour Descartes et Kant par exemple, ou utile, pour Voltaire ou William James. Dans une première partie, nous verrons comment une opération de déduction aboutit, dans la pensée d’Aristote, à l’idée de Dieu.

Mais peut-on dire qu’il y a un « concept » de Dieu chez Aristote ? Dieu ne serait-il pas plutôt irréductible à une construction intellectuelle humaine ? La « connaissance » que l’on peut avoir de Dieu serait alors d’un autre ordre, et de toute manière limitée. Il resterait alors une « idée » de Dieu, une représentation, qui, tout en se reconnaissant insuffisante pour rendre compte de la totalité de ce qu’elle désigne, est un outil pour la pensée et pour l’action. Pour Aristote, qui ne parle pas encore de concept, une notion est une connaissance acquise par l’intellect à part de l’expérience sensible.

Dans ce sens, Dieu ne pourrait être une notion. Pourtant, par déduction, à partir du constat de l’impossibilité d’un « avant le temps » et « avant le mouvement », Aristote aboutit à la nécessité d’un « premier moteur », qui « meut sans être mû, qui est éternel, à la fois substance et acte » (Métaphysique Λ Chap.

7 1072a).

Cette « cause finale » meut toute chose « comme objet de désir » (1072b), en tant qu’il est « désirable et intelligible ».

De ce « principe » (1072b), Aristote nous dit qu’il est « de la nature du beau », qu’il a « l’intellection de lui-même », que sa vie est « acte », qu’il est « l’animal éternel et le meilleur ». Ce premier moteur est loin du Dieu chrétien.

Il est un principe, une réalité métaphysique, à la fois origine et fin, il est « objet du désir » mais n’est pas lui-même amour.

La théologie d’Aristote est négative (P.

Aubenque) : Dieu est inétendu, immatériel, sans génération, sans quantité et sans qualité.

On ne peut finalement rien en dire, car le langage humain se formule au travers de la temporalité, de la succession, du mouvement. En langage moderne, on pourrait donc dire que pour Aristote le premier moteur n’est donc tout au plus qu’un concept explicatif du mouvement et du temps. D’emblée, il y a donc une difficulté intrinsèque, et peut être même une impossibilité, à déterminer Dieu.

Faut-il donc renoncer à « dire Dieu », à en faire un objet du langage, et donc du raisonnement logique ? Au chapitre 4 du livre VI des Confessions, St Augustin décrit comment il a échoué à « comprendre toutes choses » « avec la « même certitude que trois et sept font dix » : seule la foi lui permettra de « guérir son âme » et « d’assurer sa vue » sur la vérité divine. En effet, nous ne pouvons attribuer de détermination qu’à partir de notre propre rapport au monde.

Au chapitre 1er du Livre VII, il évoque sa grande difficulté à connaître Dieu.

Il ne peut se « représenter autrement une substance que comme quelque chose de corporel et qui peut se voir par les yeux du corps ». Mais il ne renonce pas cependant à l’usage de sa raison dans sa relation à Dieu. Au Chapitre XIV du livre VII des Confessions, c’est bien son entendement que Dieu éclaire afin de lui permettre de le connaitre.

C’est l’ordre de la création qui lui rend « intelligibles et comme visibles » les attributs de Dieu ; « grandeurs invisibles, puissance éternelle, divinité souveraine ». Selon une progression très platonicienne, St Augustin monte « par degré » « de la connaissance des corps à celle de l’âme sensitive », puis « jusqu’à la puissance intérieure », puis « jusqu’à la partie supérieure de l’âme de l’homme qui par le raisonnement et le discours juge de tout ce que les sens lui rapportent » (livre VII chap XVII).

Son âme s’élève ensuite jusqu’à « la plus haute manière de concevoir et de connaitre », se débarrasse de ses représentations habituelles pour enfin découvrir « quelle est la lumière qui l’éclaire dans la connaissance du bien immuable ». La connaissance à laquelle il parvient est donc « au-delà » du concept, au-delà de ce que peut produire son jugement. L’être de Dieu ne saurait être envisagé par l’esprit humain que « par des regards tremblants et qui passent comme un éclair ».

(livre VII chap XVII.

Dieu se trouve dans sa mémoire, mais il ne parvient pas à le situer plus précisément.

C’est en Dieu même que se situe la connaissance de Dieu « Où ai-je pu vous connaître et vous trouver, sinon en.... »

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