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Différence et Exclusion

Publié le 22/02/2012

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Dans Portrait d'un Juif Albert Memmi déplore que le constat d'une différence chez autrui nous amène presque invariablement à le condamner. Il donne l'exemple de la réaction spontanée des enfants devant un vêtement inhabituel, ou de la persécution séculaire subie par les Juifs en raison de leur religion et de leur culture propres. Cette condamnation de ce qui est « autre » apparaît tant au plan individuel qu'entre groupes sociaux ou civilisations différents. On peut néanmoins se demander s'il en est toujours ainsi, et si cette réaction n'est pas elle-même condamnable.

« l'excision, les castrations pratiquées par certaines sociétés ne sont pas acceptables même si elles font partie de leurculture, car elles infligent des souffrances physiques et psychologiques qui portent atteinte à la liberté et à ladignité.

Mais le plus souvent la condamnation qui frappe la différence n'a pas lieu d'être et nous empêche de saisir lanature humaine dans toute sa diversité. II.

La différence, au lieu d'être condamnée, peut constituer un bienfait A.

La condamnation vient généralement de préjugés 1.

Le relativisme des valeurs et les progrès scientifiques montrent que la différence n'est en soi ni inférieure ninégative. Ex.

: la génétique a montré que tous les hommes sont différents, et qu'un Noir et un Blanc peuvent davantage seressembler que deux Blancs.

Les échelles de valeur racistes qui oppo sèrent longtemps les Blancs et les hommes de couleur, ou exaltèrent la perfection des Aryens pendant l'hitlérisme, ne reposent donc pas sur une réalitéscientifique. Ex.

: dans Race et histoire, Claude Lévi-Strauss observe que la diversité des cultures ne s'explique pas par une hiérarchie linéaire du développement technique et moral qui ferait de la civilisation occidentale la plus raffinée.

Lavraie cause provient des conditions géographiques, climatiques différentes pour des civilisations très éloignées dansl'espace, mais aussi, pour des cultures voisines géographiquement, par le désir de s'opposer et de se différencierentre voisins.

Montaigne, dans ses Essais (III, 6, «Des coches»), relevait déjà que la culture aztèque valait la nôtre par l'habileté architecturale ou artisanale, et les qualités morales. Ex.

: dans son Histoire de la folie Michel Foucault rappelle que les fous avaient leur place dans la société du Moyen Age. 2.

Les préjugés sont solidement ancrés parce qu'ils correspondent à des pulsions profondes, ou à des intérêts puissants. Ex.

: la peur devant le mystère de la différence sexuelle, devant le pouvoir féminin de donner la vie, le souvenirpeut-être d'antiques sociétés matriarcales, expliquent la méfiance masculine et la propension à maintenir les femmesdans une condition inférieure. Ex.

: l'européocentrisme, l'intolérance de bien des chrétiens, mais aussi les intérêts économiques des colonisateursexpliquent la traite des Noirs autant que le simple racisme.

Montesquieu (De l'esprit des lois, XV , 5), Voltaire (Candide, chap.

XIX) dénoncèrent ce phénomène. B.

La différence doit être acceptée et peut constituer une richesse L'acceptation de la différence La conscience que «chacun appelle barbarie ce qui n'est point de son usage » (Montaigne, Essais, I, 31, «Des cannibales») doit conduire à la tolérance. Ex.

: après avoir appelé à la croisade ou déclenché la Saint-Barthélemy contre les religions islamique ouprotestante, le catholicisme a abandonné les guerres de Religion au profit de l'œcuménisme.

Il seraitsouhaitable que toutes les confessions adoptent ce principe de tolérance et d'échanges pacifiques. 1. La différence comme richesse2. «Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente», écrivait Antoine de Saint-Exupéry dans Lettre à un otage.

Bien souvent, la diversité constitue un avantage. Ex.

: la variété des arts à travers les âges et les cultures constitue le patrimoine de l'humanité et multiplie nosplaisirs esthétiques.

Elle sert également à renouveler l'inspiration des artistes modernes (influence de l'art nègre sur Picasso et de nombreux artistes du XXe siècle). Ex.

: la connaissance approfondie des autres civilisations, et donc la reconnaissance de leur valeur, permit auxethnologues ou philosophes comme Claude Lévi-Strauss ou Michel Foucault de mieux analyser la nôtre dans sesattitudes vis-à-vis de la mort, l'amour, la folie. Conclusion La condamnation de la différence peut conduire à des cruautés aberrantes : «Des hommes qui professent la charitéapostolique, poussent des hauts cris pour un habit différemment serré, pour une couleur un peu plus sombre»,dénonce Érasme au XVIe siècle à propos de l'intolérance entre les différents ordres et tendances religieuseschrétiennes de son époque.. »

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