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Dissertation: Le doute est-il une force ou une faiblesse ?

Publié le 04/05/2023

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« Le doute est-il une force ou une faiblesse ? Le doute peut apparaître comme une faiblesse, spécialement au plan pratique : agir, oser, entreprendre requiert qu'on croit en soi, en la valeur de ce qu'on fait et en ses chances de succès.

Dans cette perspective, le doute apparaît comme une faiblesse, c'est-à-dire comme un amoindrissement de notre capacité à agir et à réaliser nos désirs.

Il peut cependant être envisagé aussi comme une force capable de nous libérer de nos fausses certitudes, comme un remède puissant contre la naïveté, la crédulité et l'aveuglement, comme un outil critique indispensable à la pensée comme à l'action. On peut donc se demander s'il faut voir le doute comme la faiblesse d'un esprit incapable d'arrêter un jugement, de décider et d'agir ou, au contraire, comme la force d'un esprit critique et lucide, armé contre la fausse évidence des apparences et des a priori. En premier lieu le doute peut en effet sembler être une force s'il nous mène, à l'issue de son activité, à la vérité.

Descartes en a fait l'expérience, le doute, quand on cherche à l'étendre à toutes choses, se heurte au moins à une certitude, celle de l'existence de l'esprit qui doute, la certitude du cogito : « je pense donc je suis », je doute donc je suis.

Le doute ne saurait donc aller jusqu'au bout de lui-même sans se changer en son contraire, sans se changer en certitude.

Le doute cartésien n'est que provisoire, il n'est pas une fin en soi (comme chez les sceptiques) mais un moyen, un outil, une méthode pour atteindre une vérité certaine.

C'est la raison pour laquelle le doute cartésien est aussi délibérément exagéré, « hyperbolique » comme dit Descartes.

Le doute permet en effet d'écarter l'incertitude, ce qui lui résiste, ce dont on ne peut en rien douter peut être tenu pour assurément vrai.

Le doute cartésien est une arme redoutable contre l'erreur, l'illusion, le préjugé, contre la fausse évidence des apparences et des idées toutes faites ou mal faites.

Le doute apparaît donc comme la force d'un esprit armé contre l'erreur. Le doute semble donc inséparable de la démarche philosophique elle-même.

Il fait sa force, son intérêt et sa valeur.

Bertrand Russell souligne ainsi que la philosophie vaut par le doute qu'elle éveille dans l'esprit de celui qui la découvre.

Celui qui n'a jamais fait de philosophie traverse la vie sans jamais douter des habitudes de pensée de l'époque et du pays dans lequel il vit.

La philosophie vaut avant tout par son incertitude, écrit Russell.

La formule éclaire rétrospectivement le célèbre jugement de Kant : on ne peut pas apprendre la philosophie.

Si on ne peut apprendre la philosophie, c'est qu'elle n'est pas une science, mais primordialement un questionnement.

C'est ce qui en fait, estime du moins Kant, une activité réservée à l'adulte : l'enfant, l'écolier sont capables d'apprendre et de réciter, mais l'adulte seul peut s'interroger, doute et penser par lui-même.

Le doute apparaît dès lors comme le propre d'un esprit adulte, critique et autonome, assez fort pour oser la liberté de penser.

Il est l'arme de ceux qu'on a appelés les « libres penseurs » parce qu'ils osaient douter de l'existence Divine et des Écritures comme de toute autorité morale ou intellectuelle. Mais le doute peut également être une faiblesse s'il devient un point de stagnation, et finalement une limite à l'action. Pratiquement si douter signifie de rester dans une indécision permanente, alors il devient impossible d'avancer, de progresser, voire de pouvoir répondre à des besoins urgents.

En effet, si Descartes doute de toutes choses, c'est seulement au plan théorique.

Il se donne d'ailleurs une morale provisoire dans le Discours de la méthode : trois ou quatre maximes qui guideront sa conduite en attendant de pouvoir fonder une morale définitive sur des principes métaphysiques indubitables.

Une de ces maximes prescrit d'être aussi ferme et résolu que possible dans l'action..... »

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