Devoir de Philosophie

Dois-je préférer la vérité à mes amis ?

Publié le 24/08/2005

Extrait du document

Les croyances cimentent la collectivité, c'est pourquoi la vérité nous oppose à autrui. Lorsque Copernic affirmait que la terre tournait autour du soleil, il heurtait la majorité de ses contemporains qui croyaient fermement au modèle géocentrique. Cela montre que la vérité peut aller contre les croyances que nous partageons et qui soudent nos amitiés. II: La priorité d'autrui Le devoir nous impose des priorités, il établit une hiérarchie entre les possibilités. Dans cette hiérarchie, l'amitié peut se trouver au dessus de la vérité, nous ne sommes plus dans l'ordre de la science et de la transparence du discours sur l'objet, mais dans l'ordre du sens et des valeurs. Le devoir peut mettre la priorité sur l'amitié dans des cas où il faudrait choisir entre l'amitié et la liberté. On peut mettre la vérité de coté pour ne pas blesser autrui. Ce qui compte est alors plus le lien avec la personne qu'avec l'état de fait. Il faut parfois mentir dans l'intérêt d'autrui plutôt qu'énoncer une vérité qui ne prend pas en compte l'impact du discours sur autrui. Par exemple, si un médecin sait que son patient a de fortes chances de mourir dans trois mois, mieux vaut qu'il ne lui dise pas la vérité.

 Les disputes arrivent souvent lorsque l'on doit prendre position sur un sujet et qu'on déclare ce qu'on pense être vrai. C'est par exemple ce qui arrive dans toutes les discussions politiques, on se fâche avec ceux qui ne partagent pas nos opinions. Cela touche au lien profond entre croyance et affectivité: nous partageons des croyances avec nos proches, elles cimentent nos relations sociales. Une communauté se fonde sur des croyances qui ont une fonction de lien, ce sont des formes de religions, elles relient. Lorsque ces croyances vont contre la vérité, la vérité remet en cause les relations sociales fondées sur la croyance. C'est pourquoi la vérité nous met en conflit. Mais l'amitié est elle soumise aux mêmes lois que les relations sociales normales? N'y partage-t-on pas un lien plus profond que celui des croyances naturelles? N'y partage-t-on que des croyances ou un lien plus profond à la vérité?

« même la vision du soleil), alors, il comprendrait que le monde de la caverne n'est qu'illusion, et que le «mondeextérieur » seul est réel, vrai et beau.

Cet itinéraire progressif est, nous y reviendrons, celui de la philosophie,qui convertit notre regard, nous faisant passer de l'illusion au vrai.Le prisonnier libéré voudra sans doute retourner dans la caverne alerter ses anciens compagnons.

Mais alors,rentrant dans la caverne obscure, il subira un effet similaire à celui que ressent chacun d'entre nous passantdu plein jour à l'obscurité.

Il ne verra rien, il se cognera, il prêtera à rire en ne reconnaissant plus les ombres.Si, de plus, il explique à ses compagnons que ce qu'ils prennent pour la réalité n'est qu'illusion, et montre qu'iln'attache aucune importance à leurs concours et leurs honneurs, à tout ce à quoi les autres attachent de lavaleur, alors, la farce tournera au tragique.

On le mettra à mort, comme un fou, comme un gêneur.Cette issue tragique, que Platon fait décrire par Socrate, représente bien entendu le sort de Socrate « le plusjuste des hommes », que le tribunal populaire d'Athènes condamnera à mort.

Et le monde de la caverne estsimilaire à celui de la cité athénienne, avec sa démocratie directe, ses luttes intestines, sa soif d'honneurs.La fin de la fable illustre les rapports tendus, sinon impossibles, de la philosophie et de la cité.

Le sage sedétourne de ce que le commun des mortels admire, se moque de ses honneurs, qu'il juge dérisoires parcequ'illusoires.

Sa maladresse dans les affaires courantes, cette maladresse qui prête à rire, le fait passer pour unfou ou un idiot, vient de ce qu'il sait, lui, que la plupart de nos affaires et de ce qui nous préoccupe est sansvaleur et vain : un monde d'ombres.

Ce savoir, Socrate, comme le prisonnier libéré de Platon, l'a payé de savie, inaugurant une liste qui est loin d'être close.

Ces «assassins» potentiels: « Ils nous ressemblent».Mais quel est ce monde à l'extérieur de la caverne, le monde réel ? Il s'agit de ce que Platon nomme le mondedes Idées.

Or, il nous faut comprendre en quoi une Idée n'est pas une conception, une «idée» au sens courantdu terme.Les ombres, ces illusions, ont des causes : le soleil et l'objet dont, précisément, l'ombre est projetée sur lesparois de la caverne.

A un seul objet peuvent correspondre plusieurs ombres, plusieurs apparences.

Une Idéeau sens de Platon est comparable à cet objet, et notre monde, celui qui est offert à nos sens, à celui de lacaverne.

En prenant le monde qui nous entoure, que nous voyons, touchons, etc.

(ce que la consciencecommune nomme le « concret ») pour le monde réel, nous sommes semblables aux prisonniers.Comme l'objet, l'Idée est une réalité (et non un produit de notre esprit) qui est la cause des apparencessensibles.

Cette cause est unique, immuable (elle reste identique alors que les reflets changent).

Une Idée estdonc une réalité unique, éternelle, immuable qui est la cause et le modèle des «objets» offerts aux sens.Le peu de réalité de l'ombre lui vient de sa cause, le peu de réalité de notre monde sensible provient du mondeintelligible (le monde des Idées) qui le cause et l'explique.Resterait à ajouter que l'Idée n'est pas une réalité matérielle, sensible, mais qu'elle n'est accessible « qu'auxyeux de l'âme».L'activité du philosophe consiste donc à convertir son regard, à passer de l'immersion dans le sensible, dans lamatière, dans les occupations vaines, à la contemplation du seul monde vrai et réel.

« Les yeux de l'âme »contemplent alors les Idées, et, parmi elles, la plus grande, la cause des causes, l'Idée de Bien (symboliséedans l'allégorie par le soleil).

Ainsi l'on passe de la compétition des prisonniers pour la reconnaissance dupassage, du devenir des ombres, à la contemplation des réalités immuables.

Il faut s'élever du sensible àl'intelligible.Ce qui peut sembler étrange à un lecteur d'aujourd'hui n'est pas tant de dénoncer le caractère illusoire de ceque nous disent les sens (la physique moderne nous l'a appris on ne peut mieux) que de faire de ce qui est réelun monde séparé.

Il faut comprendre pourquoi Platon a été amené à poser, à côté de notre monde, celui de lacaverne, un autre monde, séparé du premier, monde des réalités éternelles et immuables, des formes, desessences.

Car les Idées sont les essences et le modèle des choses sensibles.Platon hérite des questions posées antérieurement par les philosophes.Héraclite avait fait remarquer que « Le même homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

»Notre monde est un monde en perpétuel devenir (comme l'eau du fleuve qui toujours s'écoule), un monde oùconstamment les choses changent, se transforment.

C'est-à-dire un monde où les choses ne sont jamaisidentiques à elles-mêmes ; au contraire elles sont toujours mouvantes et autres qu'elles-mêmes.

Ce monde,Aristote le décrira plus tard comme celui de « la génération et la corruption»: celui où les choses apparaissent,naissent, se développent, se transforment et meurent, où tout est pris dans un flux.Or comment peut-on comprendre une chose qui n'est jamais égale à elle-même? Que peut-on dire de vrai d'unobjet qui sans cesse change ? Le savoir porte toujours sur des essences, des choses ou des relationsnécessaires ou stables, il est régi par le principe de non-contradiction.

Comment pourrait-on appréhender cemonde du mouvant, du devenir autre ?Un autre problème se pose tout aussi bien.

Quand je dis «tel homme est beau », «telle action est belle », «tellefleur est belle », «telle marmite est belle », où réside l'essence de la beauté, son unité ? Car j'attribue bien lamême qualité (la beauté) à des choses radicalement différentes (cet homme, cette marmite) : comment saisircette unité, cette permanence au sein de cette diversité ? De plus, si la «qualité» de la beauté demeure, leschoses belles, elles, se transforment et disparaissent.

Tel homme est beau, puis il vieillit et devient laid.

Mais labeauté a-t-elle pour autant disparu ? La question revient : quelle est l'essence et la permanence de la beautéqui se dit de multiples choses, qui, elles, se transforment et meurent ?Ces deux questions : comment rendre raison d'un monde en devenir, comment ressaisir l'unité d'une essence sereflétant de façons multiples, ont conduit Platon à élaborer la théorie des Idées.

A partir de la dualité de lamatière et du monde intelligible des formes pures et immuables, on peut rendre raison du monde sensible.

Onpeut le concevoir comme recevant son peu de réalité de sa cause et de son modèle : le monde des Idées.La théorie de Platon (qui évoluera) consiste à tenter de surmonter les difficultés énoncées par sesprédécesseurs.

Parménide déclarait que le non-être n'est pas et que seul l'Etre est.

Son disciple Zénon d'Elée(avec les paradoxes de la flèche qui n'atteindra jamais son but et d'Achille qui ne rattrapera jamais la tortue). »

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