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Doit-on concevoir des limites à l'expérimentation sur le vivant ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

I - Dans quelles conditions se pose la question ? a) L'expérimentation n'est pas l'observation ou du phénomène naturel ou des résultats codés en laboratoire, cernés par un système de référence. Elle est vérification d'une hypothèse c'est-à-dire à la fois étape pour comprendre et risque pour appliquer.L'objet en est l'homme. Vivant, à naître, près de mourir, il est touché dans son corps, modifié dans sa vie psychologique, atteint dans sa descendance. La gravité des conséquences est liée à la conscience, personnelle du vécu de l'opération. Et pourtant, quel médicament par exemple, serait mis sur le marché sans avoir fait l'expérimentation en aveugle et double aveugle, c'est-à-dire sur une population censée ne pas connaître à qui est destiné la molécule testée. Ce qui fonctionne sur l'animal n'est jamais parfaitement identique aux effets sur l'homme. b) Les limites sont triples. On peut envisager le cas de démesure c'est-à-dire où le pouvoir de la science dépasse le projet humain.
  • Pour démarrer.

   Un intitulé qui renvoie, en filigrane, aux relations et liens entre la biologie et l'éthique, l'usage systématique de l'expérience posant, ici, des problèmes particuliers, dévoilant une dimension éthique. Les limites sont, en effet, morales.  

  • Conseils pratiques.

   Analysez minutieusement les termes expérimentation (interrogation méthodique des phénomènes pour vérifier une hypothèse) et vivant (tout système organisé, s'autoréparant et se reproduisant). Vous remarquerez que le sujet ne porte pas seulement sur l'homme. Si le problème des limites - des bornes, des barrières - à l'expérimentation surgit dans toute son acuité avec la personne humaine, néanmoins, il apparaît ici plus général.

« a) Lorsqu'on lit le Traité de l'Homme de Descartes avec ses illustrations, ses conseils d'expérience, ses détectionsde zone de l'éveil, du sommeil, ou du délire sur le cerveau, tout manifeste une rupture épistémologique.

Là fut lescandale, l'interdit.

L'homme étudié comme une machine est un modèle théorique qui rompt avec la métaphysiqueliant la créature à son Dieu.

Avec le temps, nous acceptons ces expérimentations humaines, ces façons d'élaborerdes preuves en utilisant l'homme comme partie intégrante de l'expérience.

Descartes avait-il raison d'outrepasserses limites pour élaborer une révolution scientifique ? b) Parfois, ce sont les moyens eux-mêmes qui imposent des limites.

Tel est le cas de l'imagerie scientifique.

La mainde Madame Röntgen traversée par les « rayons X » est la première radiographie (1895) réalisée par l'inventeur, sonmari.

Quel risque mais aussi quel outil pour l'avenir ! Bien des expérimentations pour voir l'intérieur avaient étéimpossibles.

Le développement des techniques ferme des champs d'expérimentation, et délimite d'autres interdits.

Amoins que ce ne soient les problèmes économiques qui imposent des barrières à la recherche.

La gestion du coûtdes maladies graves peut réduire des recherches engageant des protocoles sur des populations nombreuses. c) Au nom des conséquences, on peut aussi être tenté de freiner cette étape nécessaire à la constitution dusavoir.

Si, en laboratoire ou en circuit déterminé, l'efficacité est preuve de vérité, au moment de l'application dans lasociété, dans la mesure où, comme le dit Bergson, des nouveautés spectaculaires d'idées se produisent, on peuts'interroger sur le bien-fondé de ce travail. III - Aspect éthique. a) L'alternative entre chercheurs repose sur la foi optimiste ou la retenue pessimiste.

En procréation assistée, leprofesseur David, au début de l'insémination artificielle considérait que les nouveaux parents étaient une populationeffectuant une expérimentation en morale.

A l'opposé, le professeur Testard interrompait ses recherches jugeantqu'en bioéthique il fallait, avant de passer à l'application, voir émerger une morale.

Nécessité de faire évoluer unemorale en même temps que les progrès de science. b) L'exigence d'engagement découle de l'observation des déviances.

Ce n'est pas toujours le savant ou le politiquequi, avant l'expérimentation, possède la prévision des réactions de ceux qui jouiront des progrès.

Notre sociétévalorise la notion de service, détournant l'objectif de progrès pour tous au profit d'une minorité.

Cette responsabiliténe se fait pas au rythme des avancées.

Dans La Légende des Anges, Michel Serres provocant, s'interroge.

Faut-ilcontinuer la procréation assistée alors que tant d'enfants nés dans le monde, meurent ? L'expérimentation faitprogresser mais développe un écart entre ce qu'il appelle la Ville Haute, riche et la Ville Basse, pauvre.

A quiprofitent ces risques ? Des hommes ne sont-ils pas les moyens de ce qui pour d'autres est vu comme un servicerendu par la société savante ? c) Si donc il fallait garder un objectif, ce serait sans doute en exploitant toutes les conséquences de la morale deKant.

Création des valeurs nécessaires, évolution juridique indispensable mais en vue de qui ? De l'homme noncomme un moyen mais comme une fin.

Non l'homme donné par la tradition, défini par la culture du temps présentmais l'homme à venir.La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens.

Tout être dont l'existencene dépend pas de la libre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autrechose que lui-même.

Les êtres naturels sont des choses.

Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capablesd'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuvent servir simplement commemoyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.

La personne estune fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre.

Étant finen soi, on lui doit un absolu respect.

La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y en a pasd'autres sur le plan pratique.

L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que :"La nature raisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.

La moralité, soit l'usage de laraison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traitesl'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme unefin, et jamais simplement comme un moyen." Conclusion On conclura en sachant que jamais nous n'avons eu autant besoin de philosophes de l'avenir.. »

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