Devoir de Philosophie

Doit-on dire que sans la société la conscience humaine ne s'éveillerait pas ?

Publié le 08/02/2005

Extrait du document

conscience
La conscience n'est alors pas susceptible d'un quelconque "éveil" : elle est pré-donnée existentiellement, nécessaire dans cette donation originelle. Son origine n'est pas ce qui intéresse Husserl : la conscience est présentée comme ne dérivant de rien, mais comme fondant même l'existence possible du monde extérieur (Méditations cartésiennes). Dès lors la société humaine pour Husserl ne saurait éveiller la conscience ; c'est plutôt le donné de la conscience qui permet l'instauration logiquement postérieure de cette société.   II La conscience comme nature" dénaturante" : son fondement culturel, Heidegger et Sartre   -Cependant, Husserl précise bien que la nature nécessaire de la conscience n'est pas la même que la nature du monde. La conscience transcende la nature du monde, elle s'en abstrait. La conséquence, c'est que sa nature ne peut être objectivement définie comme celle du monde peut l'être. Et cette dé-naturation s'exprime dans le fait que cette nature humaine ne peut se suffire à elle-même individuellement : elle a besoin de la conscience de l'Autre pour faire face au monde. Heidegger relaie ici Husserl, dans Etre et temps, en affirmant que la conscience de l'homme le situe nécessairement "dans un monde", et que dans ce monde, toute conscience humaine comprend l'existence d'autres consciences : c'est la structure commune aux consciences de l'être-au-monde (terme technique de Heidegger pour décrire la situation de la conscience vis-à-vis du monde).   -Sartre explicitera cette communication des consciences dans leur perception d'elles-mêmes et du monde, à travers la notion d'intersubjectivité (communication mutuelle des consciences subjectives) (L'Être et le néant). Dans sa constitution même, la conscience fait face à l'existence d'autrui.

Telle qu'elle nous apparaît spontanément, la conscience ne semble pas garder trace d'une origine sociale : elle nous semble purement individuelle, propre à notre personne. Cependant, il faut reconnâitre que la conscience s'altère lorsque le sujet se trouve durablement coupé de la société humaine : penser à l'exemple de Robinson Crusoé. C'est donc que l'état de société n'est pas sans influence sur notre conscience. Mais de quelle nature est cette influence, si la conscience elle-même ne montre aucun signe explicitement social ? La conscience peut-elle revendiquer un affranchissement fondamental de la société, lui servant même alors de fondement ? Ou bien cette conscience de liberté individuelle n'est-elle qu'une illusion, ouvrant alors la voie à une conscience intégralement déterminée par la nature sociale de l'homme ?

conscience

« s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition deson existence.

Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où l'on dit qu'on est spirituel, ou qu'on estméchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel.

Pour obtenir une véritéquelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre.

L'autre est indispensable à mon existence, aussi biend'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi. Après avoir répondu aux différents reproches qu'on pouvait lui faire, Sartre s'emploie à définir positivement ce qu'est l'existentialisme : il commence par préciser que sa doctrine est la seule à « donner une dignité à l'homme ».

C'estdéjà dire que l'existentialisme est un humanisme, tant l'humanisme est lié à la reconnaissance de la dignité del'homme, aussi bien à la Renaissance (cf.

Pic de la Mirandole, Discours sur la dignité de l'homme) qu'à l'ère desLumières (cf.

Kant, Fondements de la métaphysique -des moeurs, qui définit le concept de « personne humaine »).L'existentialisme ne met pas en effet l'existence de l'homme sur le même plan que l'existence de l'objet : l'homme eneffet est libre, en tant qu'il est projet, c'est-à-dire faculté de transcender sa situation, alors que la chose s'inscritdans le déterminisme universel de la nature.

C'est pourquoi Sartre peut distinguer l'existentialisme du matérialisme (ligne 2) : alors que le matérialisme veut comprendre l'homme en l'alignant sur le modèle de la chose, c'est-à-dire enle considérant comme un ensemble de réaction à des stimuli donnés (comme le fait le béhaviorisme, qui définit lescomportements de l'homme en termes de réflexes spontanés et acquis), l'existentialisme pense que jamais l'hommene peut s'expliquer par des processus objectifs puisque c'est toujours le ramener à ce qu'il est, à sa facticité, sansvoir qu'il est aussi ce qu'il n'est pas, à savoir l'avenir vers lequel il se projette.Mais cette subjectivité qui le constitue n'est pas, souligne Sartre dans un second temps, ce que nous avons appelé plus haut une « subjectivité monadique », c'est-à-dire une subjectivité qui serait enfermée sur soi, « sans porte nifenêtres ».

Le cogito sartrien est en effet très différent du cogito cartésien ou du cogito kantien, qui mènent tousdeux au solipsisme, c'est-à-dire à la solitude totale du sujet pensant : pour Descartes comme pour Kant, le sujet nepeut être certain que de son existence, et il doit raisonner par analogie pour s'ouvrir à la possibilité de l'existence del'autre.

À l'inverse, Sartre montre bien, dans L'Être et le Néant (troisième partie, chapitre 4, p.

298-349) que tant que j'agis, j'adhère à ce que je fais et que pour être un objet pour soi, il faut d'abord l'être pour autrui.

Bref, « lapersonne est présente à la conscience en tant qu'elle est objet pour autrui » (ibid., p.

306).

Dire que « je pense donc je suis », c'est donc non seulement affirmer la certitude de l'existence de soi mais aussi celle de l'existenced'autrui : l'intersubjectivité (la relation entre sujets) prime donc sur la subjectivité individuelle. III Origine sociale de la conscience : Nietzsche et Freud encore -Parvenu à ce point de corrélation entre l'existence d'une société et la constitution de la conscience, on peut sedemander si on ne peut pas aller plus loin, en concevant la conscience comme une véritable conséquence de lasociété : c'est ce que fait Nietzsche dans Le gai savoir , en affirmant que la conscience n'émerge que comme expression des besoins sociaux de communication, de dépendance mutuelle, de compréhension.

La conscience estdonc de part en part déterminée par son origine sociale : sans la société, Nietzsche pense son émergenceimprobable.

-Freud tente de concilier le fonctionnement positif de la première topique dupsychisme ( L'Interprétation des rêves ) avec les implications morales socialement situées de la conscience.

C'est ce qu'il fait dans Le ça et le moi , où la seconde topique proposée pose le surmoi comme une instanceessentiellement sociale, garante des normes morales en vigueur.

Le moi naîtalors de la confrontation entre le ça pulsionnel et le surmoi moral.

Sanssociété instanciée par le surmoi, le moi ne pourrait se constituer ; mais cefaisant, il se pose lui-même illusoirement comme indépendant de toutedétermination sociale.

Conclusion -Sans société, la conscience ne s'éveillerait pas.

-Mais cette dimension sociale de l'existence humaine ne doit pas être penséecomme une cause extrinsèque à la conscience : elle est une possibilité de sanature même, nature insuffisante à elle-même, "dénaturée", et doncnécessitant la possibilité d'autres consciences.

-La société n'est donc pas une détermination extérieure, mais ledéveloppement interne de la conscience, qui dépasse ainsi sa proprenaturalité physiologique pour inaugurer un domaine culturel, celui de la société.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles