Doit-on être de son temps ?
Publié le 11/03/2004
Extrait du document

Le bien est de vivre une vie humaine et le progrès consiste dans
l'humanisation de l'existence individuelle et de l'existence collective. Il
faut donc être de son temps dans la mesure où les institutions et les moeurs
de ce temps assurent à un plus grand nombre un standard de vie plus humain,
facilitant à chacun la réalisation de sa fin d'homme.Par suite, le souci d'être de son temps doit se concilier avec l'estime ou
même le culte du passé. Dans ce passé, beaucoup de nos ancêtres réalisèrent
éminemment leur fin humaine et nous laissèrent des oeuvres d'une beauté qui
manque à celles de notre époque. Sans prétendre leur sacrifier les avantages
de nos méthodes de production, nous devons en conserver comme un précieux
héritage les vestiges et le souvenir. Construisons en ciment armé des
habitations commodes, mais conservons avec piété la vieille maison familiale
et ses bahuts sculptés ; sachons admirer nos cathédrales de pierre dans
lesquelles le maçon a mis toute sa foi. Et de même, tout en renonçant à
certaines exigences du protocole incompatibles avec l'activité moderne,
restons fidèles aux règles du savoir-vivre. Elles imposent une certaine gêne
; mais si le progrès matériel, qui a tant réduit la peine du travail humain,
nous avait fait perdre l'habitude de nous gêner pour honorer autrui, il ne
nous aurait pas grandis, et il y aurait lieu de regretter, au moins sur ce
point. d'être de son temps.Ensuite, au lieu de se mettre aveuglément à leur remorque, il faut appliquer
son esprit critique aux nouveautés qui captivent la masse.
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