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Doit-on soumettre la technique à la morale ?

Publié le 27/02/2008

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technique
§  La société moderne apparaît fondamentalement comme une société gouvernée par le règne de la science, de l'expérimentation, des recherches scientifiques, tous les problèmes apparaissant alors devoir être résolus par cette voie. §  C'est semble t-il dans ce contexte d'un monde gouverné par la toute puissance de la science que peut se poser la question de la nécessité de la morale : a quoi sert encore de réfléchir moralement sur des questions alors que l'urgence de la société moderne nous invite au contraire à agir. La morale n'est-elle pas alors proprement inefficace dans ce contexte ? §  Néanmoins, peut-on réellement se passer de la morale? N'est-elle pas la discipline par laquelle tout est systématiquement réfléchi et remis en question ? N'est-elle pas ce qui permet à l'homme d'exercer sa liberté, celui-ci se trouvant alors prisonnier lorsqu'il est privé de philosophie ? Dans ce contexte elle apparaît alors nécessaire à la conservation d'un monde « humain » malgré l'essor toujours plus important de la science et de la technologie. §  En effet, la technique semble être vouée à utiliser l'homme afin de permettre le progrès toujours croissant de la science. La morale quand à elle refuse tout utilisation de l'homme, et ce au nom de l'humanité qu'il représente en sa personne. §  Il apparaît alors que la technique peut aboutir à une déshumanisation, en venant faire de l'homme un objet utile et utilisable au même titre que l'artifice. §  La technique peut-elle se développer de manière autonome dans un progrès constant faisant de l'homme un moyen en vue d'une fin scientifique, ou la morale doit-elle nécessairement sous-tendre toute technique afin de laisser une place prépondérante à l'homme ?
technique

« fonde sur une conception de l'individualisme qui entraîne une vision de l'individu comme celui qui estutile.

Etant propriétaire de son énergie, de son travail et de sa force, et étant aux prises du marchéde la consommation et du marché, chaque individu peut alors se donner aux autres, sous l'angle del'utilité, afin de tirer profit de lui-même contre salaire ou en vue d'un échange quelconque.

L'individu,aux prises d'un monde où règne l'artifice, s'utilise lui-même, et marchande ainsi sa propre personne. § Le travail, la force de travail ou énergie de l'individu, la terre et le capital sont soumis à ladétermination du marché, leur prix est fixé par le jeu de l'offre et de la demande.

Le marché fixe le prixde toute chose et conditionne par là même les décisions individuelles.

Tout, y compris l'énergie del'individu, est réduit à l'état de marchandise.

Les individus, en tant que propriétaires de biens donteux-mêmes, ne serait-ce que de leur simple force de travail, dépendent tous les uns des autres.

Dèslors, loin d'exacerber l'indépendance de l'individu, la reconnaissance d'une propriété de soi entraînenécessairement une dépendance des individus vis-à-vis des autres et du marché qui fixe leur propreprix tout comme celui des biens matériels.

Chaque individu est pris dans la concurrence du marché caril n'est personne qui ne possède quelque chose, ne serait-ce que sa force de travail.

Le règne del'artifice fait donc de l'homme lui-même un objet qui peut être perçu, comme tout objet technique,sous l'angle de l'utilité. § Pour Hobbes, le travail humain est aussi un bien échangeable en vue du profit, comme toute autrechose.

Aussi Hobbes écrit-il dans le Léviathan , ch.10 : « La valeur d'un humain, ou son mérite, est comme celle des autres choses, à savoir son prix, autrement dit, autant qu'on serait prêt à payerpour utiliser sa puissance.

Elle n'est donc pas absolue, mais dépend du jugement et du besoin d'autrui[…].

Et il est des humains comme des autres choses, ce n'est pas le vendeur, mais l'acheteur qui fixele prix ».

La véritable valeur de l'individu ne se trouve pas plus haute que celle à laquelle les autresl'estiment.

L'homme n'a plus de valeur mais un prix marchand.

Etre propriétaire de soi-même semblealors synonyme de s'aliéner, la propriété impliquant une extériorité de l'objet par rapport au sujetpropriétaire.

Si extériorité il y a, alors l'individu propriétaire de lui-même en vient à considérer son soipropre, sa personne, sa valeur comme des biens extérieurs qu'il peut aliéner au même titre que sespossessions extérieures.

La technique qui engendre une société de marché et artificielle aliène alorsl'homme qui se trouve placé au même rang que les choses. III) La nécessité d'une soumission de la technique à la morale. § La morale semble néanmoins inhérente à la nature humaine, ne serait-ce que par sa définition premièred'étonnement face aux choses.

N'est-ce pas en effet le moteur de toutes les recherches malgrétout ? L'exercice de la philosophie apparaît dès lors selon une double dimension : d'abord parce qu'ellen'est que le prolongement d'une attitude naturelle à l'homme (et qui le caractérise en tant que tel),mais aussi parce qu'un tel exercice permet de garder un regard critique sur le réel dans la totalité deses dimensions, comme pour les études philosophiques sur les conséquences de certaines avancéestechniques ou scientifiques, études réflexives qui apparaissent toutes nécessaires à la foispratiquement et éthiquement.

Cet exercice de la philosophie apparaît donc comme nécessaire, maisd'une nécessité que l'on peut aller jusqu'à qualifier de morale, car elle est se grâce à quoi l'homme seréalise dans son humanité, ou elle en est, en tout cas la condition de possibilité (puisqu'elle lui permetde s'auto constituer comme sujet, et répond à sa naturelle inquiétude). § La morale apparaît alors également nécessaire ai sein de la démarche scientifique de la sociétémoderne elle-même.

On pense notamment au développement contemporain de la sphère de labioéthique et du développement durable.

Des problèmes, apparaissant tous scientifiques de primeabord, viennent chercher de l'aide vers la démarche philosophique.

On peut en effet prendre l'exempledu problème de l'euthanasie dans le milieu médical ou encore de l'embryologie.

Il apparaît en effetaujourd'hui nécessaire de faire appel à la philosophie, dans sa dimension morale notamment, afin demettre en perspective ces problèmes : comment déterminer l'âge auquel on put dire qu'un embryonest une personne ? Est-ce d'après des faits scientifiques de constitution du fœtus ? Le fœtus est-ildès sa génération une personne humaine ? Se mettent en place actuellement dans les institutionshospitalières des comités d'éthique au sein desquels des scientifiques mais aussi des spécialistes dephilosophie traitent de ces problèmes. § La société moderne apparaît alors comme surdéterminée pas le règne de la technique qui tend àdéshumaniser cette société.

La philosophie apparaît alors d'autant plus nécessaire dans la sociétémoderne qu'elle vient remettre l'homme à sa place comme personne morale fondamentalement libre, etnon comme simple machine, dans un monde gouverné par les progrès de la technologie.

La philosophieest alors non seulement cette propédeutique qui a permis visiblement la constitution de la science,par son caractère d'étonnement, mais elle est ce qui doit accompagner nécessairement la science,dans la société moderne, afin de s'assurer qu'elle n'a pas une emprise totale sur l'homme.

Toutprogrès scientifique doit alors s'accompagner d'une réflexion philosophique et même la philosophie,telle que la décrit Jonas dans son Principe responsabilité , doit être ce qui vient anticiper le progrès scientifique afin d'en analyser les conséquences possibles pour l'homme.

La société moderne est doncau contraire une société où la philosophie se fait devoir de responsabilité de l'homme envers lui-mêmeet donc envers l'humanité.

Seule la philosophie, dans la société moderne peut permettre un essorraisonnable et favorable de la science pour l'humanité toute entière.. »

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