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Domaines superieurs à la pensée consciente

Publié le 19/11/2011

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Platon recommandait au philosophe de « nettoyer l'oeil de son âme «, mais Platon luimême a élaboré un système dont la seule existence contredit quelque peu ce précepte majeur : pas de système, et pas d'esprit de système, chez Krishnamurti. L'organisation, en une architecture bien structurée de certitudes solidifiées, - ce n'est pas chez lui qu'il faut l'attendre. Il est trop attentif à se défaire des croyances implicites, dont le plus simple d'entre nous est encombré, surchargé, il est trop exigeant quant à la valeur de ce qui s'appelle vérité pour supporter de vivre avec ce « savoir «, cet « avoir «, cette propriété, cette prison : un capital d' « idées « établies, enregistrées, estampillées, brevetées, et cimentées ensemble par le discours. La vocation de la pensée, chez Krishnamurti, est toute autre.

« La philosophie classique ne séparait pu en deux grou­ pee distincts les penseurs et les savants : Descartes, par exemple, était è la pointe de la recherche mathéma­ tique de eon temps.

(Photo Keystone).

En effet, comment le philosophe, coupé de toute pratique · de la recherche, pourrait-il faire la synthèse de sciences dont chacune lui est fermée ? Et comment pourrait-il répondre à la question «Que dois-je faire ? », si les données de l'action lui sont étrangères, s'il ne peut appréhender lui-même les faits psychologiques et psychanalytiques, sociologiques, ethnologi­ ques, etc., par lesquels des spécialistes tentent d'approcher, selon des voies multiples, ce phéno­ mène encore mal connu qu'est l'Homme ? Le rêve de l'homme « universel », de l'esprit ency­ clopédique tel qu'il pourrait embrasser toutes les connaissances humaines est maintenant un rêve interdit : il faudra peut-être désormais devenir physicien et philosophe, ou biologiste et philosophe, mais la technique de la réflexion philosophique · ne peut plus utilement fonction­ ner sans un appui scientifique précis, sans unP pratique.

L'AVENIR BIOLOGIQUE DE LA PENSEE L'HCJmo sapiens est apparu dans la chaîne évolutive après une longue aventure biologique,· et l'aventure proprement humaine ne faisait, elle, que commencer.

La paléontologie permet de mettre en évi­ dence les conditions d'apparition, de fonction­ nement, de perfectionnement, de la pensée.

Un chercheur moderne, comme Hvris Rybak, dont les travaux font autorité dans le monde scien­ tifique, montre comment le cerveau humain apparaît, en coupe, comme constitué de couches dont les plus centrales sont les plus anciennes.

A ces structures archaïques correspond une activité psychique émotionnelle, qui n'appar­ tient pas en propre à l'Homme.

Au néo­ pallium, au contraire, correspond l'activité céré­ brale la plus haute, celle de 1a pensée volontaire spécifique du sapiens.

Selon Jacques Monod, cette pensée trouve sa plus radicale expression dans le principe d'objectivité, où il voudrait que l'homme mo­ derne reconnût le fondement d'une éthique universelle, tout homme prenant dans sa vie modèle sur le plus « homme » de tous, le plus avancé dans l'hominisation toujours en cours, c'est-à-dire le savant, l'homme de science.

La faiblesse du célèbre livre de Jacques Monod, Le Hasard et la Nécessité, c'est que, s'il déclare la prééminence en droit du principe d'objectivité au point d'en faire le tremplin même de tout le devenir humain, ce principe, néanmoins, n'est pas toujours rigoureusement respecté par l'auteur lui-même, et dans cet ouvrage, préci­ sément, où un finalisme sous-jacent se trahit par .mainte expression, à maint détour du dis­ cours.

Il semble, à le lire, qu'une sorte de Fata­ lité, ou Destin conduise l'Homme vers ses fins dernières _(comme une Providence, qui n'oserait pas dire son nom).

Chez Rybak, dont l'ouvrage principal, Psyché, Soma, Germen, est d'ailleurs antérieur à celui de Monod, le principe d'objec­ tivité est effectivement présent dans toutes les démarches de la pensée.

Il écrit : .

« Ainsi le néo-cortex apparaît comme censeur et je dirai qu'il l'est au sens freudien de « surmoi » (Cen­ taure) tandis que le cerveau viscéral est le «ça» freudien (Minotaure).» Et ailleurs : « On conçoit alors comment une éthique sapiens trouve son fondement dans l'activité néopallique qui, à ce degré là, n'appartient qu'à l'Homme ».

Privilégier constamment cette activité néopal­ lique, ce serait, pour l'Homme, devenir un autre Homme .

citations Jacques MONOD Le hasard et la nécessité « En trois siècles, la science, fondée par le postulat d'objectivité, a conquis sa place dans la société: dans la pratique, 1.1ais pas dans les âmes.

Les sociétés modernes sont construites sur la science.

E' lles lui doivent leur richesse, leur puissance et la certitude que des richesses et des pouvoirs bien plus grands encore seront demain, s'il le veut, accessibles à l'Homme.. »

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