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Emmanuel Kant

Publié le 22/02/2012

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Emmanuel Kant naquit à Königsberg en 1724. Il y vécut et y mourut. Cette ville était en rapports fréquents avec Berlin et l'Académie royale, acquise aux Lumières. Hamann et son Cercle entretenaient à demeure l'influence du piétisme.    La rencontre de ces deux courants de pensée fut profitable à Kant, dont toute la vie fut consacrée à l'étude, à l'enseignement et à la méditation. La légende rapporte qu'il suivait, pour ses loisirs et son travail, un horaire rigoureusement fixé, et qu'il ne se départit de ses habitudes que le jour où il apprit les premiers succès de la Révolution française. C'était, dit Fichte, la raison pure incarnée.    Ses premiers écrits portent sur des questions de physique et de philosophie. De façon souvent confuse et maladroite, comme dans les Pensées sur la véritable évaluation des forces vives, de 1747, Kant essaie de trouver un fil conducteur dans le labyrinthe de la nouvelle Mécanique, dont les notions fondamentales lui parviennent surchargées de gloses et d'interprétations par les écoles rivales des adeptes de la pensée de Descartes, de Leibniz et de Newton. Ainsi, après avoir ouvert un cours libre à l'Université en 1755, il publie une Histoire naturelle et Théorie générale du ciel, dans laquelle il tente de reconstituer l'histoire du monde en partant de l'hypothèse d'une nébuleuse primitive et en appliquant les principes de la Mécanique de Newton. Il y a quelque analogie entre cette entreprise et les idées que développera le système de Laplace. Les projets, du moins, sont semblables.    Concevoir historiquement la cosmologie et reconstruire le monde en ne se donnant à l'origine que la matière amorphe, dispersée et soumise à la gravitation, tel sera, d'après Engels, le plus beau titre de gloire de Kant. La grandeur de Kant paraît au contraire dans la rigueur avec laquelle il soumet bientôt à la critique ses propres découvertes, dans le souci qu'il éprouve de sacrifier la séduction à la certitude, dans la décision qu'il prend d'abandonner une hypothèse cosmologique qui lui assurera paradoxalement la gloire dans le monde des savants, dès qu'il aperçoit les contradictions qu'impliquent toutes les questions concernant l'origine du monde.   
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« La Critique de la raison pure H026M1 réorganise l'économie de la Dissertation.

Celle-ci découvrait deux sources de la connaissance : l'intuition et le concept, et elle leur assignait deux objets différents : le monde sensible et le monde intelligible, le phénomène lié à l'espace et au temps et lachose en soi, pur objet de pensée.

La Critique distingue deux usages de la raison : un usage illicite, illusoire et transcendant, qui donne lieu aux apparences du soi-disant monde intelligible, et un usage légitime, objectif, mais limité au monde sensible.

Dans la mesure où nous considérons la raison pure, indépendamment des apports de l'expérience, comme unefaculté de connaître, elle développe spontanément un univers d'illusions.

Par la simple analyse de ses concepts, elleprétend en effet agrandir le champ de ses connaissances, sans recourir aux données de la sensibilité quiconditionnent son usage légitime, et elle fait donc un usage inconditionné de son propre pouvoir.

Veut-elle, parexemple, prouver l'existence de Dieu à partir de son seul concept ? Elle déclare que l'existence est une perfectionqu'on ne saurait refuser à l'être qui les possède toutes.

Cependant, dès qu'on a reconnu que l'existence n'ajouterien à ce qui est contenu logiquement dans un concept, on aperçoit aussi le vice de la preuve ontologique.

Laissée à elle seule, la raison produit des illusions analogues lorsqu'elle traite de l'âme et qu'elle déduit, par exemple,son immortalité de sa simplicité, ou lorsqu'elle traite du monde et qu'elle affirme soit son éternité soit l'existence d'unpremier moteur.

Elle franchit les limites de l'expérience possible, car toute expérience nous livre son objet dansl'espace et le temps.

Aussi ne nous donne-t-elle rien à connaître.

Kant appelle dialectique cet usage illusoire de la raison.

L'Histoire naturelle et la Théorie générale du ciel en 1755 n'était qu'une forme de cette illusion, puisqu'elle prétendait remonter à un premier instant du monde, dont dépendraient tous les autres, mais qui serait lui-mêmeaffranchi de tout conditionnement et de toute servitude temporelle.

Kant dut donc renoncer à l'hypothèsecosmologique incompatible avec les principes de la philosophie critique.*** La raison ne devient un pouvoir de connaître objectif qu'à la condition de reconnaître les limites de son applicationpossible.

Mais c'est dire que, pour connaître un objet, il faut qu'il soit vu dans l'espace et dans le temps, en mêmetemps que pensé sous l'unité d'un concept.

La connaissance résulte donc de la réunion de deux facultéshétérogènes, l'intuition et le concept, qui cessent d'être coordonnées à deux mondes différents comme dans laDissertation de 1770, mais qui doivent collaborer celui-ci éclairant celle-là, celle-là remplissant celui-ci pourproduire l'objet du monde sensible.

L'espace et le temps sont donc les conditions de toute connaissance, et il n'est d'objet que sensible.

Toute la philosophie critique du savoir estcontenue dans cette idée que limiter la raison, c'est aussi la rendre objective.

La déraison, les arrière-mondes de Swedenborg L1879 , de Leibniz H028 et de Descartes H015 sont les vagabondages nécessaires d'une raison qui ne s'est pas fixé de bornes, qui ne s'est pas critiquée.

Aussi le scepticisme suit-il le dogmatisme comme son ombre.

Dans la finitude de notre condition, dans notre incapacité d'accéder intellectuellement à unmonde intelligible, dans les représentations de l'espace et du temps, Kant aperçoit aussi le seul fondement de la connaissance objective.

Telle est la nature de la révolution de pensée que Kant a accomplie en philosophie et qu'il a comparée justement àla révolution copernicienne en astronomie.

L'ancienne métaphysique dogmatique supposait donnés les objets,définissait la vérité par l'accord de nos représentations avec ceux-ci et faisait donc " tourner " le sujet autour del'objet.

La philosophie critique aperçoit dans les conditions subjectives de la connaissance humaine, l'espace et letemps, les formes mêmes de l'expérience possible.

Elle examinera donc quels sont les rapports possibles de la raisonaux formes de l'espace et du temps, qui en limitent et en légitiment l'usage ; elle cherchera comment cette raisonfinie ou entendement peut lier entre elles les représentations que lui fournissent l'espace et le temps.

Ces diversesliaisons, que Kant nomme catégories, dessineront par conséquent l'horizon de toute vérité.

C'est désormais l'objetqui " tournera " autour du sujet, puisque la raison ne produira ses objets qu'en se limitant et en rapportant à cedomaine limité de l'expérience possible ses propres fonctions de liaison.

Si l'on nomme principes de l'entendement pur les catégories dans la mesure où elles s'appliquent aux données del'espace et du temps, la philosophie critique aura pour tâche essentielle de déduire de tels principes.

Analyser cettedéduction, c'est donc faire le tableau de toute la connaissance objective selon Kant.

Il est pourtant deux sciences qui échappent à cette déduction : la Géométrie et l'Arithmétique.

En Mathématiques,les concepts sont inutiles pour prouver ; il suffit de voir.

Aucun concept par exemple ne peut rendre compte de lanotion intuitive de symétrie, si importante en Géométrie.

Je ne puis expliquer par raisons la différence qui existeentre ma main droite et ma main gauche, parce que cette différence n'est rien de rationnel ; elle est une donnéeirréductible de l'intuition.

De même, pour démontrer que la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits,rien ne sert de méditer sur la définition de ces essences, il faut construire des figures.

Mais si la construction intuitive est la Méthode des Mathématiques, si le Géomètre et l'Arithméticien ont à voir etnon pas à comprendre, c'est aussi que leur enquête ne porte pas sur de véritables objets.

Un triangle, un nombresont des essences pures : prouver leur possibilité de construction, c'est aussi prouver leur réalité et leur légitimité.Mais rien ne permet de passer de ces essences à l'existence physique.

Entre l'étendue du Géomètre et la matière,telle que l'étudie le Physicien, il y a en effet une différence fondamentale.

Là on ne rencontre que des problèmesd'essences portant sur des pseudo-objets ; il suffit de construire pour prouver, et personne ne peut douter de lapreuve.

Ici les questions portent sur l'existence et sur des objets qu'il faut penser et non seulement voir.

Or, rien negarantit immédiatement l'attribution de l'existence par la pensée.

Rien ne permet a priori d'affirmer qu'une Physique mathématique est possible.

Les Mathématiques plutôt qu'une science sont la méthode des sciences ; aussi portent-elles sur les essences,. »

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