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En histoire, connaissons-nous le passé ou le rêvons-nous ?

Publié le 27/08/2005

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histoire
Les sciences sociales (l'histoire, la psychologie, la sociologie) sont sujettes à l'interprétation, à la subjectivité de chacun ; alors que les sciences de la matière (les mathématiques, la physique) sont objectives, elles ne dépendent pas de la volonté de l'homme. Ainsi puisque l'histoire fait partie de la première catégorie de sciences,  on peut donc dire qu'elle est subjective, qu'elle dépend du point de vue de l'historien. Cette question relance un problème qui est souvent étudié, à savoir que chaque historien invente sa propre Histoire et que les faits historiques sont sans cesse en délibération. Dans un sens, on pourrait donc dire que chaque chercheur donne un sens différent à l'histoire, et par ses convictions la raconte à sa manière. "L'historien va aux hommes du passé avec son expérience humaine propre. Le moment où la subjectivité de l'historien prend un relief saisissant c'est celui où, par-delà toute chronologie critique, l'historien fait surgir les valeurs de vie des hommes d'autrefois." Ricoeur, Histoire et vérité. Si l'histoire est comme un récit que l'on narre alors elle devient différente en fonction du narrateur. "Oeuvre d'un homme, une histoire est le portrait d'un homme, lequel s'y est imprimé avec sa pensée... Pour ma part, j'aime, je l'avoue, à chercher aussi dans l'histoire l'historien.
  • VOCABULAIRE:

CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1. — Être familier de quelqu'un ou quelque chose. 2. — Discerner, distinguer quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir « (CONDILLAC) 3. — Posséder une représentation de quelque chose, en part. une représentation exacte. 4. — Connaissance: a) Acte par lequel un sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui. b) Résultat de cet acte. Ce sujet de dissertation invite à réfléchir sur l'objectivité des méthodes historiques. L'événement historique se connaît-il à la manière d'un fait scientifique ? Certes le passé ne nous est pas donné en personne, le passé n'est plus mais l'histoire se définie traditionnellement comme une connaissance du passé. Ce travail de l'historien pour (re)construire le passé est-il objectif ? Ou, au contraire l'historien ne fait-il que nous raconter des histoires subjectives et phantasmatiques.

  • Discussion :

Le passé par définition est ce qui est révolu, replié sur lui-même nous ne devrions plus y avoir accès. Nous en avons néanmoins connaissance par différents témoignages que sont les vestiges, les ruines, les monuments (la pierre donc), ou les ossements (qui sont analysés aujourd'hui en laboratoire), ou encore les textes (gravés -la science qui les étudie est l'épigraphie-, ou pour des périodes plus récentes, peints, tracés sur des supports éphémères). Il n'existe pas de peuple qui n'ait d'une façon quelconque entretenu avec son passé des liens, mais ces liens de quelle nature sont-ils ?

 

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« L'Histoire justifie ce que l'on veut.

Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemplesde tout.

» Valéry, Regards sur le monde actuel, 1945.L'emploi du mot de rêve n'est que la version positive et satisfaisante de cette exploitation parfois tragique : « Ce que raconte l'histoire n'est en fait que le long rêve, le songe lourd etconfus de l'humanité.

» Le Monde comme volonté et représentation,Schopenhauer. « L'histoire nous enseigne qu'à chaque moment il a existé autre chose; la philosophie s'efforce au contraire de nous élever à cette idée quetout le temps la même chose a été, est et sera.

En réalité l'essence dela vie humaine comme de la nature est tout entière présence en toutlieu, à tout moment, et n'a besoin, pour être reconnue jusque dans sasource, que d'une certaine profondeur d'esprit.

Mais l'histoire espèresuppléer à la profondeur par la largeur et l'étendue : tout fait présentn'est pour elle qu'un fragment, que doit compléter un passé d'unelongueur infinie et auquel se rattache un avenir infini lui-même.

Telleest l'origine de l'opposition entre les esprits philosophiques ethistoriques : ceux-là veulent sonder, ceux-ci veulent énumérerjusqu'au bout.

[...] La multiplicité n'est que phénomène, et les faitsextérieurs, simples formes du monde phénoménal, n'ont par là niréalité ni signification immédiate ; ils n'en acquièrent qu'indirectement,par leur rapport avec la volonté des individus.

Vouloir en donner uneexplication et une interprétation directes équivaut donc à vouloirdistinguer dans les contours des nuages des groupes d'hommes etd'animaux.

Ce que raconte l'histoire n'est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l'humanité.

»Schopenhauer. Il y a une opposition entre histoire & philosophie. 1.

Les enseignements de la philosophie et de l'histoire s'opposent sur le statut de la chose, toujours identique à elle-même (c'est la thèse de la philosophie), toujours autre qu'elle-même (c'est la thèse de l'histoire). 2.

L'histoire prétend suppléer à la profondeur par « la largeur et l'étendue » et l'investigation sans fin de touteschoses. 3.

Mais ni la philosophie ni l'histoire ne comprennent que les phénomènes n'ont de réalité et de sens que par lavolonté des individus, elle-même émanation d'un vouloir-vivre qui anime le monde entier. 1) SCHOPENHAUER montre d'emblée la différence des fonctions de l'histoire et de la philosophie.

L'histoire prétendavoir un fonction didactique : « elle enseigne ».

Reposant implicitement sur une conception de l'écoulement dutemps, elle a pour objet (« à chaque moment ») , mais un moment qui, quel qu'il soit, est toujours dévalorisé,puisque chaque moment considéré n'est jamais qu'un instant dans un flux incessant qui se renouvelle sans cesse.

Al'opposé (« au contraire ») SCHOPENHAUER valorise la philosophie, en lui attribuant une fonction éthique : « élever »l'homme à une autre conception du temps.

Pour la philosophie, qui vise l'essence, seul compte l'éternel, (« tout letemps ») l'un, l'unique, l'immuable.

Lorsque la philosophie examine une chose (quelle que soit cette chose), elle n'envoit pas l'apparence, sans cesse changeante, dans l'écoulement du temps.

Elle reconnaît, donc, au-delà de ladiversité, l'unité qui seule est réalité : « la même chose a été, est et sera ». L'opposition peut, certes, se jouer au niveau de l'histoire et de la philosophie est celle du divers, du changeant et dumultiple (l'histoire) et de l'identité –l'identique – du permanent et de l'un (la philosophie). Cette opposition peut, certes, se jouer au niveau de l'histoire et de la philosophie comme institutions, dans lediscours qu'elles tiennent pour parler d'elles-mêmes.

Mais une telle opposition ne peut se maintenir dans l'ordre duréel (« en réalité »). Quel rapport y a-t-il, pour SCHOPENHAUER, entre la chose, toujours située ici (« en tout lieu ») et maintenant (« àtout moment ») et l'essence (« l'essence de la vie humaine comme de la nature ») ? L'essence, indivisible et totale,est toujours présente, dans sa totalité (« tout entière ») dans chaque chose.

Ce qui fait qu'au-delà de l'apparentediversité des choses, il y a la réalité de l'unité de l'essence.

mais le temps suggère : au-delà.

Ce qui implique doncun effort, celui d'aller au-delà de la surface des choses, c'est-à-dire de viser la profondeur.

Ce ne peut être l'oeuvrede la sensation, mais bien celle de l'esprit. La métaphore de la profondeur (de l'esprit) ouvre l'image de la terre, qui s'ouvre pour laisser jaillir une source,venant de plus profond que la terre.

C'est vers ce plus profond qu'il faut aller, vers la source des choses, qui estl'essence de la chose.

Réciproquement toute chose, pour qui sait voir, pour qui sait explorer, manifeste l'essence.. »

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