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En quel sens les mots nous trahissent-ils ?

Publié le 21/03/2005

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L'adulte civilisé ne connaît plus guère que deux lieux où souffle encore la liberté du non-sens, où les interdits que la logique nous inflige peuvent être levés et où l'inconscient vient tirer les ficelles du langage: l'humour et l'art.            

Aussi le rapport thérapeutique est-il d'emblée un rapport de dialogue entre l'analysé et l'analysant: il commence par le silence, ce point où la parole bute, il se termine lorsque, au-delà de la relation transférentielle, un sujet a reconquis la possibilité de s'adresser à d'autres sujets au sein du langage considéré comme constituant. Selon l'expression de Lacan: "le sujet commence l'analyse en parlant de lui sans vous parler à vous ou en parlant à vous sans parler de lui. Quant il pourra vous parler de lui, l'analyse sera terminée".             Langage travesti, dissimulé dans la véhémence du discours, Freud rencontre la difficile question du symbole. Le terme de symbolique (utilisé par Lacan à la suite de Levi-Strauss) tend à désigner l'ordre humain du langage inhérent à la culture. L'activité langagière est essentiellement symbolique, c'est-à-dire exprimant et constituant la réalité par des mots, des symboles. Aussi, le sujet humain s'insère dans un ordre pré-établi. Toutefois, Freud se refusera à l'élaboration d'une symbolique universelle (qui conduira chez Jung à la théorie d'un inconscient collectif supra-sensible avec sa théorie des "archétypes". Il en restera à une thèse nuancée.

Introduction

  • I. Les mots nous trahissent en raison de l'équivocité du langage.

1. Si nos paroles nous trahissent, ce n'est pas seulement en raison d'une insuffisante maîtrise de la langue. 2. Pour lever l'équivocité d'une parole, il faut la replacer dans son contexte. 3. Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté dans la communication, il faut se référer à une expérience identique.

  • II. Si les mots nous trahissent c'est parce que l'individuel ne peut être dit.

1. Le langage est général : il ne peut dire l'individuel, l'unique. 2. Notre être intime ne peut se dire sans être trahi. 3. Les mots introduisent l'extériorité dans l'intériorité.

  • III. Le langage ne trahit que parce qu'il exprime.

1. La parole révèle. 2. Le sens et le signe. 3. C'est la parole devenue lettre morte qui nous trahit. Conclusion

« « Ce ne sont pas seulement les objets extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nousdans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu.

» (cf.

ci-dessous). La parole peut être comprise comme témoin involontaire de tout ce qui est de l'ordre de l'inconscient.

La parole noustrahit parce qu'elle révèle ce que nous tenons secret au plus profond de nous.

Cf.

Freud, L'Interprétation des rêves: sur la nécessité d'une transcription (übertragen, traduction) des pensées du rêve, distinction du contenu latent.Ici la trahison est transcription. " Ca parle là où ça souffre" : cet aphorisme de Jacques Lacan souligne la liaison étroite entre le langage et la psychanalyse.

Lapsus, rêves, cure, tout se joue autour de la question du langage et de sa signification. La révolution psychanalytique part d'une constatation dont toute l'oeuvre de Freud s'efforce d'administrer la preuve en étendant ses recherches depuis le comportement du sujet individuel jusqu'aux manifestationsculturelles de l'humanité (art, religion, guerre, morale); l'homme n'est pas le centre de lui-même.

Il y a en lui unautre sujet que le sujet conscient de la psychologie traditionnelle dont les racines sont à trouver du côté de lasexualité: l'inconscient. La découverte freudienne n'est dont pas une recherche de type biologique ou physiologique, encore moins uneapologie des instincts, et le psychanalyste n'est pas tant à comparer à un explorateur de fonds inconnus qu'à unlinguiste tentant de déchiffrer des réseaux de signes et d'en interpréter le sens.

Ce qui a été "refoulé" continue de fonctionner en dehors du sujet, et le nouveau sujet de cet "en dehors" est strictement ce qu'on nomme inconscient.Une vérité, une conduite refoulée s'expriment ailleurs, dans un autre registre, en langage chiffré et clandestin.

Sousla voix claire de notre conscience, murmure ou quelque fois crie une autre voix, celle d'une histoire très ancienne,celle de notre passé individuel et plus généralement de notre culture qui nous conte des récits faits d'inceste, demeurtre et de parricide. Freud , nous donne donc à comprendre que l'homme est indissociablement un être de désir et un être de langage et que le premier abesoin du second pour se dire ou pour se cacher.

L'inconscient est donc unlangage qui ne cesse de parler, qu'il s'agisse de la folie, parole qui a renoncé àse faire (re)connaître, ou de la "normalité" dans laquelle le sujet ne parvient que rarement à maîtriser son inconscient. Dans tous les cas de figure, la psychanalyste nous montre que le lieuen lequel l'homme accède à son humanité est le lieu de l'ordre du Symbolique,c'est-à-dire de la culture formellement identique à l'ordre du langage.

Mais,cet ordre du Symbolique peut être aussi le lieu où l'homme "rate" son humanité. Ainsi, toute psychanalyse s'organise autour du langage, de la "maladie" à la "guérison" en un geste qui légitime l'intérêt que linguistes, analystes et anthropologues lui portent.

C'est dans "La science des Rêves" , cette "voie royale vers l'inconscient", que Freud pose clairement l'existence d'un autre langage que celui de la communication conventionnelle.

Le rêve est un rébus, c'est-à-direune suite de graphismes exprimant par homologie une phrase qu'il s'agit de retrouver.

Les rêves parlent, ils ont un sens.

Bien loin d'être pur non-sens, ils possèdent une signification dont lastructure est analogue à celle d'une phrase mutilée, tronquée, truquée et dont il importe de reconstituerl'enchaînement et la lecture cohérente. Freud découvre donc, en laissant dire le rêve, que le désir tend à s'y accomplir et qu'une "pensée" est possible sans le "je pense" cartésien ou kantien.

Bien plus, les rêves obéissent à des règles de transformation comparables aux règles de la rhétorique: tout objet, personne ou thème peut encondenser plusieurs autres. Par ailleurs, l'essentiel est généralement déplacé vers une situation accessoire comme un détail infime peut porter lemot-clef. Le rêve se présente comme un récit manifeste, parfois fort embrouillé mais toujours réputé interprétable. Condensation, déplacement, transposition sont donc les termes-clés qui ponctuent l'élaboration d'uneinterprétation des rêves.

Le contenu manifeste est une transcription, une traduction dans une autre langue ducontenu latent.

Si le rêve a la structure d'une phrase, c'est qu'il s'y passe des transformations: on y traduit desidées en figures, on y saisit du sens dans un détournement, on y lit la vérité quand elle se cache dans le mensonge.Ainsi, l'analyste des rêves réside dans le décryptement des réseaux de mots, d'allusions, de références, réseaux quimanifestent ainsi l'existence d'une véritable "logique de l'inconscient" (bien qu'elle obéisse à d'autres règles que celle de la veille: en particulier, elle n'obéit pas aux principes de non-contradiction ou de temporalité des séquences. Enfin, toutes les perturbations du langage normal sont des indices qui renvoient au fonctionnement del'autre langage.

Lapsus, oublis traduisent à leur manière une perturbation dans la chaîne de l'inconscient; ainsi de. »

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