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En quel sens peut-il y avoir égalité dans une société où règne la concurrence ?

Publié le 28/08/2005

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La concurrence économique est l’expression d’une force à l’œuvre dans toutes les sociétés, qui est aussi politique, amoureuse, sportive... Les mêmes hommes qui s’affrontent dans ces divers champs s’affrontent aussi dans l’aire économique. Mais les armes dont ils disposent et les contraintes qu’ils rencontrent varient avec leurs activités, et la concurrence économique mérite une analyse particulière. Pour l’économiste, la concurrence apparaît à la fois comme cette force, plus ou moins omniprésente, et comme la règle de fonctionnement de certaines sociétés qui voient en elle un mécanisme efficace rendant possible la vie en commun. Ce mécanisme ne va pas sans de nombreuses entraves que lui opposent ceux qui tentent de se soustraire à son action ; car, s’il est avantageux de vivre dans un environnement concurrentiel, ceux qui peuvent en profiter sans en supporter les coûts n’hésitent pas à le faire. Il importe donc que la concurrence soit préservée par des institutions adéquates, institutions dont le moteur d’action s’affirme dans l’égalité.

« pour elles-mêmes ces règles de la concurrence, mais les refuser pour les autres.

On songe aux cités grecques, oùceux qui étaient admis à la concurrence étaient les citoyens, qui constituaient une minorité par rapport auxmétèques et aux esclaves.

Lorsque, en France, on a introduit pour la première fois les méthodes de la concurrenceélectorale, la plupart des révolutionnaires considéraient comme allant de soi la distinction entre citoyens actifs etcitoyens passifs, c'est-à-dire entre ceux qui seraient admis à la concurrence, soit à titre de candidats, soit à titred'électeurs, et ceux qui ne le seraient pas.

A cette époque, on considérait que la ligne de démarcation entre les unset les autres était la possession d'une certaine fortune.

Par conséquent, on peut limiter le bénéfice même de laconcurrence à une fraction de la société.

Seulement, en fait, il y a des difficultés croissantes à le faire parce que lalogique de ce système, c'est que tout le monde soit admis à concourir.

Ou encore, si l'on préfère, cette institutionde la concurrence électorale a été introduite au nom de certaines idées au nombre desquelles figure l'idée del'égalité humaine ou l'idée que les hommes peuvent choisir eux-mêmes leur gouvernement.

En fait, au moins dans lessociétés occidentales, nous avons assisté à une extension continue qui a donné progressivement à tous lesmembres de la communauté le droit de participer à la concurrence, à la fois comme électeurs et comme élus.L'extension du suffrage aux femmes a constitué de ce point de vue une étape décisive (cf.

Raymond Aron).

II.

Concurrence et échanges a.

Le libéralisme économique est une doctrine qui prône et justifie la liberté des comportements économiques individuels.

Dans un tel système, les inégalités sociales sont compatibles avec l'échange, pourvu que celui-ci ait étéconclu en connaissance des règles qui le font fonctionner.

Celles-ci se justifient en effet par l'usage différent queles individus choisissent de faire de leur liberté.

Si certains choisissent de travailler moins ou répugnent à prendredes risques, personne ne pourra être tenu pour responsable de leurs échecs, sinon eux-mêmes.

C'est pourquoi dansl'esprit de Hayek, il serait absurde de vouloir corriger des inégalités qui n'ont été voulues par personne.

Cependantcette idée fonctionne bien si un état de concurrence parfaite donne à chacun des chances égales de maximiser sesintérêts.

Mais on peut se demander si la rareté ne fausse pas le mécanisme dans le sens d'un renforcement desinégalités déjà existantes.

Car si un travailleur manuel est théoriquement libre de refuser un emploi qu'il estimeinjustement rémunéré, son refus l'engage plus que l'employeur qui pourra toujours trouver un individu que lanécessité poussera à accepter les conditions qu'un autre aura déclinées.

Si l'employeur peut faire jouer laconcurrence, l'employé est plutôt contraint de la subir.

b.

L'harmonie des intérêts dissimule par conséquent un conflit que l'égalité formelle des échanges ne suffit pas à dissiper.

Fondée sur la concurrence, c'est-à-dire sur le conflit, elle ne peut aboutir qu'à la victoire des uns et à ladéfaite des autres.

C'est donc à l'Etat d'intervenir non seulement pour préserver les règles de la concurrence, maisaussi pour corriger les inégalités qui empêchent les plus défavorisés d'y faire face ; car dans un système fondé surl'élimination des plus faibles, personne ne peut affirmer qu'il ne sera pas un jour dans une position de faiblesse.

Ilrevient donc selon Durkheim à la sphère politique (et non seulement économique) d'harmoniser les intérêtsparticuliers, pour les élever, dans la mesure du possible, à l'intérêt général (cf.

De la division du travail social).

III.

Une volonté de nivellement a.

Toute la logique de Proudhon se résume en ceci : la concurrence est un rapport social dans lequel nous développons actuellement nos forces productives.

Il donne à cette vérité, non pas des développements logiques,mais des formes souvent très bien développées, en disant que la concurrence est l'émulation industrielle, le modeactuel d'être libre, la responsabilité dans le travail, la constitution de la valeur, une condition pour l'avènement del'égalité, un principe de l'économie sociale, un décret de la destinée, une nécessité de l'âme humaine, une inspirationde la justice éternelle, la liberté dans la division, la division dans la liberté, une catégorie économique.

Laconcurrence et l'association s'appuient l'une sur l'autre.

Bien loin de s'exclure, elles ne sont pas même divergentes.Qui dit concurrence, suppose déjà but commun.

La concurrence n'est donc pas l'égoïsme, et l'erreur la plusdéplorable du socialisme est de l'avoir regardée comme le renversement de la société.

La concurrence seraitessentielle à l'avènement de l'égalité.

On ne peut détruire la concurrence, cela est impossible ; ce serait commevouloir détruire la liberté.

Mais d'autre part la concurrence engendre la misère, elle fomente la guerre civile, elle “change les zones naturelles ”, confond les nationalités, trouble les familles, corrompt la conscience publique, “bouleverse les notions de l'équité, de la justice ”, de la morale, et, ce qui est pire, elle détruit le commerce probe etlibre et ne donne pas même en compensation la valeur synthétique, le prix fixe et honnête.

Elle désenchante tout lemonde, même les économistes.

Elle pousse les choses jusqu'à se détruire elle-même.

b. C'est dans sa Théorie de la justice que J.

Rawls élaborera une théorie d'une société juste.

Son œuvre est centrée sur la question de savoir en fonction de quels principes doivent être réglés les droits et les libertés descitoyens les uns à l'égard des autres, et la répartition des biens entre eux au sein d'une société.

Pour clarifier cettequestion, Rawls mène une expérience de pensée contractuelle : nous nous représentons un état originel où leshommes se rassemblent pour arrêter les règles fondamentales de leur future société.

Et pour garantir le principemoral d'impartialité, les personnes de cet état primitif sont recouvertes d'un « voile d'ignorance », c'est-à-direqu'elles ne connaissent pas leurs propres aptitudes, leur position sociale, etc.

Pour cette raison, elles choisiraientune structure sociale qui tienne compte des intérêts possibles de tous.

Deux principes se trouvent ainsi déterminés :« 1) Tout homme doit posséder le même droit au système le plus large de mêmes libertés fondamentales s'accordantavec un système identique pour tous les autres ; 2) Les inégalités sociales et économiques doivent prendre uneforme telle que l'on puisse attendre raisonnablement qu'elles servent l'intérêt de chacun, et qu'elles soient liées àdes positions et des fonctions ouvertes à tous ».

Une solution originale a été apportée à cette question par J.

Rawls .

Son livre Théorie de la justice (paru aux. »

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