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En quel sens peut-on parler d'une rémunération juste ou injuste ?

Publié le 10/02/2004

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1. La notion marxiste de « plus-value «.

Devant ce nouvel échec se dessine cependant une solution partielle. Puisqu'on ne peut statuer sur la juste valeur du travail et des biens, et qu'on doit se contenter d'entériner les prix fixés par les lois du marché, on peut du moins comparer les deux évaluations du travail faites par le marché :

* l'évaluation directe par les salaires;

* l'évaluation indirecte par le prix des produits du travail. Point n'est besoin de connaître en soi les valeurs du travail ou du produit, on prend les valeurs que de fait, on leur attribue. Si un ensemble de salariés, payés 100 unités, produisent un bien vendu 200 unités, et si la fabrication de ce bien nécessite 80 unités en matière première et en outils, apparaît une différence, une « plus-value « de 20 unités. Que rémunère cette plus-value? Elle ne rémunère aucun travail, elle est extorquée au travail par le propriétaire des moyens de production. Avec cette analyse marxiste, apparaît un critère commode de la rémunération injuste. L'injustice est dans la rémunération de la propriété comme telle.

La question n'est pas de savoir comment dans les faits est fixée la rémunération, mais ce qu'elle doit être pour être dite juste. Pour déterminer ce qu'est une rémunération juste, il convient de réfléchir à ce qu'est la justice. Mais l'intérêt principal du sujet réside dans le fait que la notion générale de justice est reliée à une donnée concrète de l'économie. On ne réfléchira donc à ce qu'est la justice qu'en liaison avec ce problème particulier. Ainsi, ce qui nous déroute à première vue dans le sujet — le caractère très précis de la question — est ce qui en fait le principal intérêt.

« libre.

Car je suis toujours libre de mourir.

Dès lors, la rémunération ou le prix seront considéré comme justequelles que soient les conditions du contrat.

Or, ceci ne paraît pas intuitivement correspondre à l'idée de justice. II- La rémunération ou le prix juste doivent prendre en compte la nature du bien échangé.

– Dès lors, si le contrat ne suffit pas à donner un sens satisfaisant à l'idée d'un prix, ou d'une rémunération,juste ou injuste sans doute faut-il ajouter la considération de ce pour quoi le prix ou la rémunération est fixée.Autrement dit, ne faut-il pas s'interroger sur la nature de la chose ? – Nous entrons ici dans le cœur du problème : en effet, le prix justement fixé ne peut, par définition, émergerde l'échange effectif, puisque cela exclurait la possibilité d'échanges injuste.

Or, la justice d'un échangeprésuppose la réciprocité de cet échange.

C'est ce que remarque Aristote dans l' Ethique à Nicomaque au livre V : la justice dans l'échange repose sur une égalité arithmétique qui ne dépend pas des personnes qui échangesmais des biens eux-mêmes.

Autrement dit, contrairement à la justice distributive qui considère les mérites dechacun, et distribue les honneurs à proportion des mérites, l'échange, pour être correct, juste, ne doit queconsidérer l'égalité de valeur.

Mais alors, comment fixer la valeur d'un bien ? – Un bien, comme l'a montré Marx ( Le Capital ), possède une double valeur.

Il peut être soit considéré du point de vue de sa valeur d'usage (du besoin auquel il répond) soit de sa valeur d'échange (le prix qui pourra en êtreobtenu).

Or, du premier point de vue, la valeur de l'objet est relative au besoin, et le prix injuste nous paraîtrésider dans l' impossibilité pour celui qui en a besoin, de l'acquérir.

Ceci signifie alors, à défaut de pouvoirimmédiatement donner une réponse à la justice du prix, qu'on peut en donner une à celle de son injustice.

Cetteidée repose en effet sur le fait que chacun à droit à la vie.

Or, qui dit droit à la vie dit injustice à rendre impossible la réalisation de ce droit.

Le prix et la rémunération sont alors dites juste ou injuste selon qu'ellepermettent ou non à l'individu de vivre à partir de cette rémunération et de ce prix. – Dès lors, la valeur d'échange doit pouvoir être régulée par la valeur d'usage.

De ce point de vue, il faudra prendre en compte la nature des biens, afin d'établir s'ils constituent ou non des biens de première nécessité. – Cependant, cette perspective se heurte à un certain nombre de problèmes : comment distinguer ce qui relèvedu besoin et ce qui ne relève que du simple désir ? Ensuite, la condition de survie pour fixer la justice n'est passuffisante.

Si ce critère permet, s'il est bafoué, d'établir l'injustice d'une rémunération ou d'un prix, il ne permetpas, s'il est respecté, d'établir sa justice. III- Le problème d'un critère nécessaire et suffisant de la justice d'une rémunération. – Nous avons donc obtenu un critère suffisant de l'injustice d'une rémunération et d'un prix : que cette rémunération ou ce prix soit incompatible avec la survie du bénéficiaire ou acheteur.

Mais ce critère n'est pasnécessaire : il y a sans doute des rémunération injustes qui sont compatible avec cette survie.

Et c'est bientout ce que décrit Marx dans le Capital , lorsqu'il explique comment l'organisation capitaliste du travail, qui distingue propriétaire de la force de travail et propriétaire des moyens de production, permet au bourgeois (lepropriétaire des moyens des productions : usines, machines etc.) de salarier l'ouvrier (qui ne possède que saforce de travail) en spoliant la plus-value, c'est-à-dire la valeur ajoutée par le travail.

En effet, une fois éliminéeles coûts de production (matière première, moyens de production, salaire) il reste une valeur ajoutée au produitqui ne revient pas à celui qui a produit cet objet.

En effet, le salaire est fixé en sorte que l'ouvrier ne puisse quereconstituer sa force de travail, sans pouvoir à son tour capitaliser sur la plus-value.

L'injustice de larémunération consiste bien ici dans l'inégalité entre la valeur produite par l'ouvrier (la plus-value) et celle qui luiest effectivement versée (le salaire). – Mais cette inégalité peut après tout, jouer en sens contraire, si le salaire est maintenu sans qu'aucune plusvalue ne soit produite.

Ce qui est ici en question, c'est donc le concept même de salaire, qui paraît ne pas êtrecompatible avec l'idée d'une rémunération juste, puisqu'il ne prend pas en compte la plus value effective réaliséesur une matière. – Enfin, concernant le prix, celui-ci ne peut être fixé uniquement sur la base de la nature de l'objet puisque,comme le remarquait déjà Aristote dans l' Ethique à Nicomaque , la monnaie a pour fonction de rendre tous les objets commensurables.

Mais alors, c'est bien que ces objets ne le sont, par nature, pas.

En effet, quoi decommun entre une chaussure et un conseil (qu'on pense au consultants) ? On pourrait alors revenir sur l'idéed'une fixation du prix à partir du temps de travail.

Mais qui fixe le prix d'une heure de travail ? Sur quel critère ? Conclusion Notre conclusion sera donc en partie sceptique.

S'il est possible de donner un sens précis à l'idée d'unerémunération et d'un prix injuste, à travers le critère suffisant, mais pas nécessaire, du besoin ou de la survie, iln'est pas possible de donner un critère de justice positif.

C'est que le concept de rémunération, entendu sous laforme du salaire, dissocie cette rémunération de la plus value.

En outre, la fixation du prix juste ne peut s'établir àpartir du temps de travail, lequel supposant déjà que soit fixé le prix du travail, donc un salaire.

Peut-être alorsfaut-il, au-delà du critère de survie, utiliser le critère du contrat : on pourra alors dire qu'un salaire ou unerémunération sont juste s'ils ne sont pas incompatibles avec la survie du bénéficiaire ou de l'acheteur potentiel ets'ils correspondent au contrat passé.. »

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