En quoi consiste le génie créateur ?
Publié le 15/03/2004
                             
                        
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                                                                    Il retrouve dans  le souvenir d'enfance  de Léonard, lathéorie  sexuelle  infantile  de la mère  phallique  que l'expérience  psychanalytique  met en rapport  avec unerelation érotique intense à la mère et avec un type d'homosexualité vraisemblable chez le peintre, même si ellen'est restée que platonique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Freud cite alors le fameux sourire énigmatique des figures féminines ou masculinesdans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la « découverte » de son disciple O.
                                                            
                                                                                
                                                                    Pfister quivoyait le contour d'un vautour, symbole de la maternité, dans l'enroulement compliqué du manteau de Mariepenchée sur l'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dans l'admirable sainte Anne du Louvre.Toute cette partie de l'interprétation freudienne a été vivement contestée : la documentation historique estincomplète et surtout l'oiseau du souvenir n'est pas un vautour (Freud a été trompé par la traduction) mais unmilan ; dès lors le rapprochement avec le symbolisme égyptien du vautour n'est plus tenable et il ne peut plusêtre question d'en retrouver l'image dans la sainte Anne du Louvre.
                                                            
                                                                                
                                                                    Plutôt que de s'attarder sur la discussiond'un cas individuel, dans des conditions telles que l'interprétation ne peut qu'être hautement hypothétique, ilest plus important de suivre le processus de la sublimation, quelle que soit la valeur historique de l'exemple.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ceque Freud  cherche  à expliquer  par l'analyse  du fantasme  d'enfance  de l'oiseau  (milan ou vautour)  est laconjonction exceptionnelle chez Léonard du refoulement et des inhibitions sexuelles d'une part et d'autre partd'une  extraordinaire  capacité de sublimation.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dès la première  enfance,  les pulsions  de voir,  de savoir  semanifestent avec force dans l'investigation sexuelle.
                                                            
                                                                                
                                                                    Une autre personne que Léonard n'aurait sans doute pasréussi à soustraire la plus grande partie de ses pulsions sexuelles au refoulement par la sublimation en soif desavoir.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il aurait  pu en résulter  soit un dépérissement  du travail  intellectuel  soit une névrose  de typeobsessionnel dont quelques traits se retrouvent d'ailleurs dans la biographie de Léonard.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il semble que, dansson  cas,  la curiosité  sexuelle infantile prédominante  se sublima  en productions  scientifiques  et artistiques,cependant qu'une faible part de la libido reste orientée vers un but sexuel, et encore, par suite de la fixation àla mère, sous une forme homosexuelle.Freud reconnaît les limites d'une telle biographie psychanalytique.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il se défend de vouloir expliquer le génie parla psychopathologie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au XIXe siècle une certaine exaltation romantique conduisit à expliquer la supériorité dugrand homme par le trouble mental et des psychiatres en ont fait la théorie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais penser que tous les géniessont fous n'est pas même rassurant pour la médiocrité de l'homme ordinaire, car la réciproque n'est sûrementpas vraie ! Récemment encore des tonnes de papier ont été consacrées aux aspects les plus pathétiques de lavie de Vincent Van Gogh, sans rien nous apprendre sur son art.
                                                            
                                                                                
                                                                    Selon une formule rapide mais juste, Van Goghn'a  pas  peint  des chefs  d'oeuvre  parce qu'il était  fou mais  contre  sa folie.
                                                            
                                                                                
                                                                     Depuis  Freud, de nombreusesbiographies d'écrivains, d'artistes, de penseurs utilisent plus ou moins bien la psychanalyse et souvent sansrigueur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Aucun n'a fait avancer en quoi que ce soit, la question débattue depuis Sainte Beuve des rapports dela vie et de l'oeuvre d'un créateur.Il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre, disait Goethe.
                                                            
                                                                        
                                                                    Il n'y en a sans doute pas davantagepour son psychanalyste.
                                                            
                                                                                
                                                                    Freud est même prêt à reconnaître qu'il a peut-être écrit sur Léonard un « romanpsychanalytique ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais  ajoute-t-il : « Après tant  d'autres, j'ai succombé au charme émanant  du grand eténigmatique Léonard ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce  dont  la psychanalyse  pourrait rendre compte  est moins  de l'artiste  et de  sonhistoire  individuelle,  que de l'attrait  qu'exerce  son oeuvre,  attrait plus ou moins  étendu,  plus ou moinsconstant, mais sur lequel s'appuient nos jugements esthétiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le chef d'oeuvre que l'on dit universel, n'est-ilpas  celui  qui, par les voies  les plus  simples,  est capable  d'atteindre  les fantasmes  les plus  profonds  del'humanité ? La psychanalyse ne peut sans doute pas se substituer à la critique littéraire ni résoudre l'énigmede la création artistique ; du moins l'oeuvre d'art, quand elle est mise en rapport avec l'inconscient retrouve-t-elle une signification proprement humaine, une valeur esthétique permanente, trop souvent oubliées dans lacritique des circonstances particulières, historiques et sociales de sa création.	
En somme,  le génie,  à cause  de certaines  caractéristiques  surprenantes — précocité  et soudaineté  de sesapparitions, lumière brusque qu'il projette sur des faits qu'on croyait déjà connus — ne semble pas relever de notrepouvoir de compréhension, de notre intelligence qui elle, plus modestement, se bornerait à nous adapter au monde.C'est d'ailleurs l'idée soutenue par les romantiques.
                                                            
                                                                                
                                                                    On tonnait le vers célèbre de Musset : « Ah, frappe-toi le coeur,c'est là qu'est le génie.
                                                            
                                                                                
                                                                    » 
Pourtant du simple point de vue psychologique, l'analyse qui précède n'est ni précise, ni exacte.
                                                            
                                                                                
                                                                    Les interprétationsdonnées par la psychanalyse, de certaines oeuvres d'art sont intéressantes, mais n'ont, à vrai dire aucune portéegénérale.
                                                            
                                                                                
                                                                    On ne saurait nier, après l'excellente analyse de Sartre, que Baudelaire avait de nombreux complexes, maisil ne s'ensuit pas que tout homme qui aurait les mêmes complexes parviendrait au génie de Baudelaire, ni davantageque  le génie  est toujours  lié aux  complexes.
                                                            
                                                                                
                                                                     On peut  même  dire, au contraire,  que le génie  étant  avant  toutéquilibré, — les complexes gênent plutôt qu'ils ne favorisent son éclosion.Choisissons  pour commencer  l'exemple du génie  créateur  sur le plan  des sciences  ; en  quoi  consiste  le géniecréateur de Pasteur dans la série d'expériences qui l'amenèrent à conclure l'existence des microbes contre Pouchetqui défendait la génération spontanée ?Pasteur a su faire abstraction de tous les éléments qui n'intervenaient pas effectivement dans la fermentation.Le génie créateur a donc un aspect négatif.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il renvoie davantage à l'invention qu'à l'imagination, puisqu'il écarte lesimages plutôt qu'il ne les rassemble.
                                                            
                                                                                
                                                                    En même temps Pasteur dégageait les éléments qui jusqu'alors n'avaient pasété  pris  en considération,  parce que trop petits  pour être observables directement  (les germes).
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est l'aspectpositif du  génie créateur qui balaie  des connaissances anciennes parce  qu'elles sont périmées, puis découvre etprouve expérimentalement  le mécanisme  réel d'un  phénomène.
                                                            
                                                                                
                                                                     Cette abstraction  est d'ailleurs  suivie d'unegénéralisation.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'élément nouveau  ainsi dégagé permettra  de reconsidérer un grand nombre  de faits qui,  à tort,.
                                                                                                                    »
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