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En quoi consiste l'originalité de l'oeuvre d'art ?

Publié le 14/07/2009

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□ Quelle est la règle de la production des œuvres d'art ? Dans l'art, l'idée ne préexiste pas à sa réalisation, comme le plan d'une maison qui serait conçu avant la construction. « La règle du beau n'apparaît que dans l'œuvre, et y reste prise « (Alain). L'œuvre d'art est unique, elle est « originale «. L'œuvre d'art n'est pas le résultat de l'imitation, et l'habileté qui permet de bien imiter ou de bien reproduire ne suffit pas pour être artiste. Il faut du « génie «, qui est le « don naturel qui donne ses règles à l'art « (Kant). □ Il ne faut pas confondre « génie « et « inspiration «. L'idée d'une intuition soudaine, ou d'une grâce, à l'origine de l'œuvre d'art correspond à une vision erronée de l'activité artistique. Celle-ci suppose au contraire travail, effort, ratures, une activité critique qui est celle d'un « jugement extrêmement aiguisé « (Nietzsche).

  1. Klee: l'oeuvre ne reproduit pas la nature
  2. Kant: Beauté libre et beauté adhérente
  3. L'originalité: une marque dans le temps

« précisément à l'origine qu'elle thématise pour nos sens.

Nous ressentons la singularité de l'œuvre parce qu'elle nousrenvoie non simplement au réel mais bien à son principe vivant, à sa substance active: elle ne recopie pas la formevisible, mais reproduit cette tension unique d'où émerge la forme.

Malgré son aspect définitif, elle propose plusqu'une image, elle nous met en rapport avec la présence d'un monde en procès .

L'originalité vient donc de cette peinture du processus qui habite chaque phénomène . Kant: Beauté libre et beauté adhérente II. Kant, dans la Critique de la faculté de juger va également tenter de réfléchir sur ce rapport qui unit l'œuvre à son modèle.

Cependant, nous allons voir que ce rapport est particulier.

L'œuvre d'art ne vient pas obéir à un concept extérieur qui viendrait définir sa forme finale ou vers lequel elle devrait tendre à fin d'être considérée commeparfaite .

En effet, la perfection n'a pas le droit de citer en art puisqu'elle suppose toujours une norme vers laquelle doit tendre un objet ou une activité.

Si beauté adhérente il y avait en art, l'œuvre ne ferait qu'adhérer à un concept pré-établi .

A vrai dire, cette conception de l'art ne s'est pas toujours vue l'interdiction de citer.

Des contemporains puissants de Mozart, à commencer par des autorités dirigeantes, ont précisément reproché au compositeur de nepas suivre les canons consacrés d'un opéra (que l'on pense au Figaro ), les modèles de composition, la structuration des pièces qui étaient alors parfaitement codifiés.

En d'autres termes, il n'y avait pas mille et une façon de créerune œuvre, il y avait des règles parfaitement établies .

C'est précisément cela qui n'est pas artistique pour Kant, ou du moins, ce n'est pas en suivant ses normes de compositions qu'on pourra précisément créer une véritable œuvre.Être un artiste, ce n'est précisément pas suivre des règles, mais les générer pour ainsi dire . Or l'originalité de l'œuvre tient précisément au fait qu'elle s'effectue toujours selon une beauté libre : pas de modèle cette fois-ci vers lequel elle devrait tendre puisque c'est l'artiste qui dicte ses règles à l'art.

Aucune adhérence cette fois-ci au modèle, mais une indétermination dans l'activité même de l'artiste : ainsi le concept de beau n'est pas un concept déterminé, mais un concept indéterminé, voire même à déterminer.

C'est à l'artiste d'établir son propre modèle , de le créer de toute pièce.

En effet, l'œuvre d'art n'est pas coupée, séparée de son mode même d'élaboration, une poiesis libre générant un original.

Il faut comprendre ici qu' il n'y a pas une recette de composition qui déterminerait à l'avance les étapes à suivre pour réaliser un chef d'œuvre .

L'œuvre est précisément, comme nous l'expliquions dans l'introduction, quelque chose d'inattendu qui pourra d'ailleurs par la suite servir à son tour demodèle pour toute une série d'œuvres qui s'en inspireront.

A commencer par l'artiste lui-même qui pourra justementsuivre les règles qui l'a édictées spontanément au sein de cette première œuvre.

La composition n'est donc pas un algorithme prétracé auquel il faudrait adhérer . Nous sommes ici face à une pensée que nous pourrions appeler une pensée de la contre-performance .

Lorsque nous regardons aujourd'hui une émission de divertissement, un programme musical, on parle souvent à propos d'unartiste de performance.

Cette dernière nous renvoie à deux élément.

Le premier, c'est qu'il y aurait une codification de ce que doit être la prestation scénique : on attend quelque chose de l'artiste, notre désir constitue une attente déterminée (inspirée par ce que nous pensons devoir être une prestation digne de ce nom), ce qui en soi aliène déjàla manifestation artistique, la rend tout sauf libre.

Deuxièmement, on s'attarde alors plus à une réalisation techniquement satisfaisante qu'à une belle réalisation.

On confond en somme talent d'exécution et capacité créatrice .

On attend par exemple de la chanteuse qu'elle chante bien, et non qu' elle propose quelque chose de beau au sens de nouveau et de non adhérent .

L'œuvre n'est pas – ou n'est pas que – une performance au sens technique: elle présuppose bien souvent la technique et le savoir-faire, mais elle nous renvoie toujours à un plus,une valeur ajoutée pourrions-nous dire même si l'origine mercantile du terme en fait un terme maladroit. L'originalité: une marque dans le temps III. L'œuvre d'art, nous l'avons dit, mais sans le préciser davantage, est inattendue .

Qu'est-ce que cela signifie au juste? Cela renvoie en fait à une pensée du temps que marque l'œuvre d'art .

Cette dernière est en rupture avec le passé, elle est, comme l'explique Nietzsche dans ses Considérations intempestives , et plus précisément dans la partie sur « L'utilité et les les inconvénients de l'Histoire pour la vie » , simplement injuste .

L'artiste est précisément tout sauf ce que le philosophe allemand appelle un adepte de l 'histoire sous sa forme antiquaire .

Cette histoire là, c'est l'histoire pratiquée par les conservateurs qui déifient le passé et nourrissent une nostalgie sans bornes pourdes formes révolues.

L'artiste doit donc insuffler dans son œuvre un élan de nouveauté, quelque chose qui n'a pasété dit auparavant.

Il doit s'inscrire en rupture avec ce qui a déjà été fait.

Si jamais l'artiste s'inspire d'un avant, ilira le chercher dans une histoire parfois lointaine, dans des modèles atemporels, des réalisations exceptionnelles.C'est alors à l' histoire monumentale qu'il s'agira de faire appel, une histoire discontinue dont les crêtes émergent par instant dans le passé.

Il s'agira alors de dialoguer avec ses formes extraordinaires de réalisation, en respectantla rupture qu'elles ont proposé.

Rien n'annonce dont l'œuvre d'art, rien dans le passé ne le prépare.

Il y a unerupture de la chaîne de causalité, une force soudaine qui s'exprime dans le temps, sans venir proprement de lui.

Il ya en cela une part de transcendance: l'œuvre transcende le temps car tout en s'y exerçant, elle ne lui appartient pas réellement, et n'en provient pas . Si jamais on regarde le passé sous l'aune d'une œuvre réelle et récente, on met alors en perspective tout un pan dugénie humain, soit une réalité transhistorique qui apparaît de manière discontinue dans le temps.

Il y a quelquechose ici de presque religieux dans cette apparition de l'absolu, ou, dans une perspective plus hégélienne, uneapparition de l'Esprit.

Quoiqu'il en soit, l'œuvre apparaît soudainement comme un coup de tonnerre dans l'histoire . D'un autre côté, l'œuvre marque aussi un point révolu: elle apparaît toujours et déjà comme un « a été ».

En effet,. »

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