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En quoi la politique est-elle au service de l'homme ?

Publié le 13/10/2009

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En quoi la politique est-elle au service de l'homme ?

La politique, en tant qu’activité de gouvernement des communautés humaines, semble assurer la coexistence pacifique des individus en les soumettant tous aux mêmes lois. Ainsi, elle permettrait aux hommes de profiter des bienfaits de la vie en commun sans risquer d’être soumis aux violences. Or c’est cela, être au service de quelqu’un ou quelque chose : lui être utile dans l’amélioration de ses conditions d’existence. L’activité politique serait ainsi au service de l’homme, c’est-à-dire de tous les hommes, de chacun de nous, en nous permettant de jouir des bienfaits matériels et intellectuels de la vie à plusieurs sans en subir les inconvénients.

  Mais l’on peut faire deux objections à cette idée. D’une part, l’activité politique apparaît souvent comme une activité qui asservit la population sur laquelle elle s’applique et ne profite qu’à ceux qui exercent le pouvoir politique. Ceux-ci détiennent en effet le pouvoir souverain, le pouvoir de faire et défaire la loi : ils n’y sont donc pas soumis, et peuvent l’utiliser – ainsi que la force publique qui l’accompagne – pour asservir ceux qui doivent la respecter. La politique ne serait pas alors au service de tous les hommes, mais seulement de quelques-uns d’entre eux.

  D’autre part, il n’est pas du tout évident que la politique soit au service de qui que ce soit : elle a certes les individus humains pour objet de son action, mais cela ne veut pas dire qu’ils soient sa fin. Elle peut très bien servir non pas des intérêts humains mais juste être le produit de conditions historiques ou de relations économiques.

  Mais alors, faut-il encore faire de la politique, si elle ne sert aucun de nos intérêts en tant qu’humains ? La politique n’est-elle pas au service de l’homme, non en tant qu’individu ou groupe, mais en tant qu’espèce ? En effet, l’homme peut apparaître comme un animal politique, un animal chez qui la politique est une activité nécessaire. Il faut bien alors que la politique lui serve à quelque chose.

  Le problème à résoudre ici est donc celui des effets et des fins de l’activité de gouvernement des communautés humaines, la politique : la politique a-t-elle pour fin l’être humain ? Si oui, s’agit-il de chacun des individus humains ou de seulement quelques-uns ? Sinon, qu’elle est sa fin, et comment fait-elle pour se maintenir puisqu’il faut bien que des humains la réalise pour qu’elle existe ?

« droit de propriété par exemple, assure un droit à tous de posséder.

Mais dans les faits seuls ceux qui possèdent déjàjouissent de ce droit : ceux-là forment la classe de la bourgeoisie.

Ce n'est pas la communauté que sert la politique,mais seulement cette fraction d'hommes.B./ Ce genre de droit n'aide donc que ceux qui sont déjà favorisés.

Mais en plus, il dessert ceux qui n'ont rien.

Eneffet, ceux-ci ne peuvent avoir de propriété que s'ils vendent quelque chose qu'ils ont.

Or ils n'ont rien d'autre queleur force de travail.

Ils louent donc cette force comme si c'était une marchandise comme les autres : ce sont les« prolétaires », c'est-à-dire les salariés.

Ceux qui possèdent quelque chose, et notamment les moyens deproduction, peuvent l'acheter, et s'en servir.

Mais alors, puisque « le droit de propriété est le droit de jouir de safortune et d'en disposer "à son gré", sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société » lesbourgeois peuvent faire ce qu'ils veulent de cette force de travail, sans être inquiété par la politique.

Voilà pourquoidans certains textes où Marx décrit les conditions de vie des prolétaires en usine, en montrant qu'ils ne sont plusque des « appendices de chairs sur des machines » comme dans le chapitre XV du livre I du Capital , il parle de « déshumanisation » et d' « aliénation » des prolétaires : les bourgeois peuvent en faire ce qu'ils veulent et doncleur donner des conditions de vie insupportables d'une part, et en ne leur permettant pas de se reconnaître dans leproduit de leur travail d'autre part ils leur enlève la jouissance de cette activité humaine qu'est le travail.C./ Ainsi, sous couvert de servir la communauté, la politique peut très bien en réalité ne servir que quelques-uns etdéshumaniser les autres.

Mais les sert-elle réellement ? Dans la préface à la Contribution à la critique de l'économie politique , Marx critique l'idée que les hommes fassent consciemment de la politique.

Les bourgeois révolutionnaires n'ont pas imposés les droits de l'homme dans l'optique de stabiliser et de reproduire leur pouvoir sur les prolétaires :ils étaient sincèrement universalistes.

Mais la politique, comme le droit ou la religion, « bref, tout ce qui relève del'idéologie » fait partie de ce que Marx nomme la « superstructure.

» La superstructure désigne tous ce qui, dans lavie sociale repose et est déterminé par « l'infrastructure » qu'est l'économie.

Ce sont les rapports matériels,économiques, entre les individus, et les bouleversements de ces rapports qui font l'histoire en déterminant etmodifiant la superstructure.

La politique sert bien une fraction de la population, mais ce n'est pas une fin mise enplace par cette fraction : c'est uniquement l'effet de bouleversements économiques qui ont affecté cette sphère del'idéologie que l'on nomme politique.

A strictement parler la politique n'est au service de rien.

Néanmoins, des droits sociaux ont pu être acquis grâce aux luttes politiques, et à nouveau grâce à la politique desminorités ont pu réclamer (et obtenir) des droits politiques.

L'activité politique n'est pas que celle que font lesgouvernants, elle est aussi une activité de chacun de nous.

N'est-ce pas ainsi qu'elle nous sert, en nous permettantd'accomplir une activité essentielle à l'homme en tant qu'espèce ? III./ La politique au service de l'animal politique.

A./ Même si la politique, en tant qu'activité de gouvernement, est le plus souvent aux mains de quelques-uns etsert à reproduire leur pouvoir, elle n'est pas toujours que cela.

Il y a des expériences où la politique est une activitéde tout un chacun.

Or, il faut se demander si cette activité n'est pas nécessaire à l'être humain pour s'accomplir entant que tel.

En effet, l'activité politique est la seule qui permette aux individus de ne pas seulement subir la vie encommunauté, mais aussi d'agir sur elle, sur les relations qu'elle tisse entre les hommes.

En ce sens, elle est bien uneactivité qu'il est nécessaire pour un homme de faire s'il veut être au sens plein un homme, et empêcher des individusde faire de la politique, de prendre part au débat public, ce n'est rien de moins que de les condamner à ne pas êtrehommes au sens plein.B./ Rousseau, au chapitre 8 du livre I du Contrat social montre ainsi comment le passage à l'état civil, passage politique puisqu'il se fait par un pacte social entre tous les hommes, fait devenir l'homme pleinement homme :« quoiqu'il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu'il tient de la nature […] il devrait bénir sans cessel'instant heureux qui l'en arracha pour jamais et qui, d'un animal stupide et borné, fit un être intelligent et unhomme.

» En effet, que gagne l'individu à participer au corps social ? Il exerce ses facultés de délibération, apprendla moralité – c'est-à-dire à penser en termes de bien et de mal – et à considérer en plus de son intérêt particulier unintérêt général.

En outre, une fois reconnu comme citoyen il a toute la puissance publique au service de sonindépendance.

Voilà ce à quoi sert la politique : « on pourrait ajouter à l'acquis de l'état civil la liberté morale, quiseule rend l'homme vraiment maître de lui ; car l'impulsion du seul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loiqu'on s'est prescrite est liberté.

» La fin de la politique, c'est la liberté sous toutes ses formes.

Seulement pour cela,il faut que chaque citoyen puisse intervenir dans le débat public, puisse y être reconnu, puisse y agir concrètement.Sinon la loi qui s'appliquera effectivement à lui ne sera pas reconnue comme une loi qui émane de lui mais commeune loi qui l'asservit.

La politique est donc bien au service de l'homme, mais de l'homme en tant qu'espèce : il luipermet de réaliser ce qui fait de lui une espèce spécifique en le rendant véritablement libre.

Il semblerait donc que la politique puisse être décrite comme au service du bien-être de chacun, et c'est souventainsi qu'elle est perçue dans la vie quotidienne.

Mais en réalité, sur le plan matériel comme sur le plan spirituel, lapolitique est bien souvent une activité qui a des effets d'asservissement et de déshumanisation.

Elle pourrait mêmeêtre décrite comme ce qui asservit ceux qui gouverne et qui se trompe sur sa véritable nature, en pensant qu'elleest un instrument entre leurs mains alors qu'elle est une puissance déterminée par les conditions économiques ethistoriques.

La politique ne sert que lorsqu'elle est l'activité du corps social en son entier : alors elle au service dece qui fait l'humanité de l'homme, sa liberté.. »

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