Devoir de Philosophie

EPICTÈTE Entretiens (I) XVIII, Les Stoïciens, in Pléiade, p. 850

Publié le 09/09/2014

Extrait du document

Sujet

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée.

— Quoi ! Ce voleur, cet adultère ne devraient pas être mis à mort ! — Ne parle pas ainsi, dis plutôt : « Cet homme qui est dans l'erreur et qui se trompe sur les sujets les plus importants, qui a perdu la vue, non point la vue capable de distinguer le blanc et le noir, mais la pensée qui distingue le bien du mal, ne devrait-il pas périr ? « Et si tu parles ainsi, tu verras combien tes paroles sont inhumaines ; c'est comme si tu disais : « Cet aveu¬gle, ce sourd ne doit-il pas périr ? « S'il n'y a pas de plus grand dommage que la perte des plus grands biens, et si le plus grand des biens est pour chacun une volonté dirigée comme elle doit l'être, et si un homme est privé de ce bien, pourquoi t'irriter contre lui ? Homme, s'il faut absolument que le mal chez autrui te fasse éprouver un sentiment contraire à la nature, que ce soit la pitié plutôt que la haine ; abstiens-toi d'offenser et de haïr ; ne prononce point ces mots qui sont dans la bouche de presque tous : « Les maudits ! Les misérables 1 « Et toi ? Es-tu devenu sage en un moment ?

EPICTÈTE

Entretiens (I) XVIII, Les Stoïciens, in Pléiade, p. 850

 

La seconde partie du texte (« Et si... contre lui «) approfondit la nature du péché ou de la faute. Nous savons qu'ils résultent d'abord d'une erreur de jugement. Il reste à mieux comprendre la relation à la volonté et à la sphère pratique. C'est, précisément, ce que vont nous faire saisir les lignes qui suivent.

Ce qui fait défaut au méchant, c'est un jugement guidant bien la volonté. Cette dernière, définie comme la décision réfléchie et rationnelle, obéit, chez le juste, chez l'homme de vertu, à l'influence et au pouvoir d'un jugement éclairé. Au contraire, chez l'être injuste, la volonté n'est pas illuminée par un jugement ferme et correct. Ainsi s'égare-t-elle : de là vient que l'homme 

« Lille, septembre 1986 Corrigé 1.

Analyse du texte.

Conseils.

Remarques de méthode • Ce texte d'Epictète, présenté sous la forme très classique et très vivante d'un dialogue, aborde le problème de la nature du mal et de son origine.

Il expose, dans des lignes très claires, la théorie «intellectualiste », très répandue dans l' Antiquité.

• Encadré, par une question, qui pose concrètement le pro­ blème, et une conclusion incitant à la réflexion, le texte présente en trois parties, la doctrine d'Epictète : - première partie : le mal est rattaché à la déficience de la pensée (Ne parle ...

devrait-il pas périr?); -deuxième partie : bien agir est un exercice de volonté se réglant sur l'entendement; le mal est une privation de la clarté du jugement (Et si tu parles ...

contre lui ?) ; - troisième partie : le pécheur est un homme qui doit être l'objet de la pitié et non de la haine (Homme ...

«Les miséra­ bles ! »).

• Le sens du texte est ainsi très clair : le mal trouve son origine dans l'ignorance; l'exercice de la pensée bien réglée conduit, tout naturellement, au bien.

• Les termes essentiels à expliquer sont assez peu nom­ breux: - erreur: le fait de tenir pour vrai ce qui est faux et inverse­ ment; -se tromper : se méprendre en prenant pour vrai ce qui est faux et inversement; -pensée : le discernement réfléchi ; - la volonté : la décision rationnelle et réfléchie qui guide le juste; -la haine : le sentiment violent qui pousse à vouloir le mal; -la pitié : la sympathie naissant au spectacle des souffrances d'autrui; • L'intérêt philosophique de ce texte réside, d'abord, dans 1. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles