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ESSAI DE REFLEXION SUR LES PENSEES DE PASCAL

Publié le 24/06/2011

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L'existence et l'oeuvre de Pascal représentent un effort gigantesque pour comprendre la réalité universelle, où l'homme est inséré, comme un point dans l'infini, mais dont il est le centre. Une intuition d'une envergure illimitée, une saisie exhaustive, une vision totale. Il faut qu'à l'embrassement de ce passionné rien ne manque, que le monde soit vraiment complet entre ses mains. Aussi nulle certitude définitive n'épuise la recherche scientifique et n'arrête l'élan de la pensée : le monde est infini, tout tient à tout, la valeur de la vérité est son progrès même. Trouver, c'est découvrir l'insuffisance de la découverte même et entendre l'appel d'une nouvelle recherche. Le moindre fait a des profondeurs infinies et en toute donnée palpite l'univers entier. Mais le besoin d'une vision intégrale révèle à Pascal un monde que le rationalisme ne soupçonne même pas et qui est pourtant le seul vrai, car tout le reste s'ordonne à lui.

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« Dieu, le plus grand bien exigent le sacrifice de certains sacrifices.

De plus, les règles morales ont besoin d'adapter lagénéralité de leurs « formes » abstraites aux cas particuliers, aux situations concrètes et imprévisibles, à l'originalitémobile des âmes.

L'exécution parfaite des commandements comporte un élément intuitif et le bon sens peut êtrehéroïque.

Or, sans être responsable de la solution immédiate à inventer, le moraliste peut avoir assez d'expériencehumaine et d'imagination pour prévoir des cas précis et les résoudre à l'avance, assouplissant ainsi par une sorte dejurisprudence la rigidité de la loi.

Enfin, il importe que le juge, en l'espèce le confesseur, connaisse la limite inférieurequ'il doit imposer aux âmes faibles et celle qui, d'après le code de la société ecclésiastique, appelle la peine.

Lacasuistique répond à cette nécessité d'accommoder les règles morales à une réalité vivante, elle aide le confesseurà se souvenir de la miséricorde du Christ, sans empêcher le « directeur » de proposer l'idéal.

Pascal cependant serévolta et prit parti.

Mais en cela du moins il n'aima pas assez l'homme et ne comprit pas l'humanité de la grâce,humblement incarnée dans les égoïsmes mêmes.

Au nom d'une « mystique » sincère, mais rigide, il crut protestercontre une « politique ».

Mais le débat était plus grave et sa fidélité compromettait la pureté de sa foi.

Se rendait-ilcompte des aboutissements de la logique janséniste, transformant le Dieu de Charité en un Dieu de force, soumis àla nécessité de constituer l'homme en état surnaturel et à celle de le justifier brutalement, du dehors et sansrésistance possible quand le péché l'aurait entièrement perdu ? La réaction de l'Église fut celle qu'on connaît.Durement atteint dans ses attachements les plus chers, Pascal se laissa convaincre qu'il devait combattre pour lavérité.

Son loyalisme foncier devait pourtant l'emporter sur ses amitiés : il prit peu à peu conscience qu'il combattaitson christianisme même.

Déjà la 18e Provinciale essaie de concilier la toute-puissance de Dieu et la coopération dela liberté humaine à la grâce efficace.

Il avoue bientôt qu' « on se fait une idole de la vérité même, car la vérité horsde la charité n'est pas Dieu, et est son image et une idole, qu'il ne faut point aimer ni adorer ».

Le point de fait letrouva plus résistant, mais il se souvint qu'il avait écrit : « Le corps n'est non plus vivant que le chef sans corps.Quiconque se sépare de l'un ou de l'autre n'est plus du corps, et n'appartient plus à Jésus-Christ ».

Il mourut dans lacommunion entière avec le Corps du Christ.L'attitude de Pascal en matière scientifique reflète le même état d'esprit.

Il ne semble pas que Pascal ait pleinementcompris le rôle indispensable de l'activité rationnelle dans la poursuite même de l' « unique nécessaire » et que toutedécouverte, tout progrès profane pouvaient devenir une possession plus parfaite de Celui qui a dit : « Je suis laVérité ».

L'homme moderne hésite à admettre que, vers la fin de sa vie, Pascal ait traité la science d' « inutile » etse soit reproché comme une distraction, comme une trahison, d'y avoir cédé.

Nous sommes aussi persuadés que luide l'impossibilité d'une explication totale, mais non qu'il soit « téméraire » de s'engager dans la recherche et qu'ilimporte peu « que l'homme ait un peu plus d'intelligence des choses » a, puisque, de l'aveu même de Pascal, l'imagede Dieu est gravée partout 3.

L'angoisse de Pascal au sujet du salut rend par là même un son trop individualiste, etcette inquiétude est loin d'être saine pour tout tempérament.

On comprend les critiques, injustes par ailleurs etrationalistes, d'un Paul Valéry' et notre insensibilité en face de certains émois de Pascal : les deux infinis nousrestent incompréhensibles, mais ils ne nous touchent plus autant.

Pascal se serait grandi en « comprenant »Descartes et en intégrant la poursuite de la Vérité scientifique dans la recherche de Dieu, car elle peut être « unmouvement de vraie charité » sa vie, où il nous est dur de faire deux parts, témoigne d'ailleurs contre sa pensée.

Lechrétien ne peut souffrir désormais de renoncer à l'amour effectif et à la conquête de l'univers.L'insuffisance de la philosophie sociale de Pascal procède du même motif.

Intéressé avant tout, justement, par laconversion spirituelle des âmes, il n'a pas entendu le cri des misères de son temps qu'un Monsieur Vincent, bientôtun Fénelon, un La Bruyère et un Vauban percevaient pourtant.

Comme Descartes et comme Montaigne, il ne manquepas d'apercevoir la relativité des institutions régnantes et semble même, en aristocrate de la pensée autant qu'enchrétien, manifester quelque dédain pour les grandeurs de chair, mais il n'a pas l'angoisse d'une meilleure justice : lemaintien de la paix sociale, « qui est le plus grand des biens » 8, prévaut sur toute mise en question des coutumesétablies et « il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes ».

Son génie, trop individuel peut-être et solitaire, n'a pas pressenti le caractère religieux du problème social.

Ici encore, une intégration est à faire :le salut n'est possible qu'en union avec toutes les personnes humaines.. »

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