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Est-ce illusoire de chercher à être heureux ?

Publié le 02/02/2015

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Est-ce illusoire de chercher à être heureux ?   Introduction :   Constat : tous les hommes cherchent le bonheur. Ils ne cherchent pas tous la même chose, ils n’ont peut-être pas tous la même vision de ce qui leur apporterait le bonheur, mais au moins il semble y avoir un accord sur le fait que le bonheur soit une « fin « qui justifie cette « quête « et qui oriente leurs actions. S’il apparaît une multiplicité de « fins «, c’est que certaines sont en vue d’autre chose. Le bonheur, fin parfaite (1). Ces deux points semblent justifier que cette quête du bonheur vise une fin objective (il est un objet visé par tous les hommes) et légitime (puisqu’elle est parfaite, qu’elle n’est pas en vue d’autre chose). Pourtant autre constat : malheurs, des satisfactions qui semblent partielles et qui relancent la quête vers de nouveaux objets, finitude d’une existence vouée à la mort. Autant d’éléments qui rendent suspect cet « idéal « humain qu’est le bonheur. Bien idéal et donc irréel, n’est-il pas voué à n’être qu’un horizon inatteignable (irréalisable et fantasmatique) ? Le sujet s’interroge donc sur le sens que peut avoir une quête orientée vers un objet qui semble d’autant plus désiré qu’il est improbable. Pas une réflexion sur les conditions du bonheur ou les moyens d’être heureux, mais une confrontation entre une « recherche du bonheur « qui semble aller de soi, et qui finalise l’existence humaine, et la réalité de notre condition : au regard de ce que nous sommes (mortels, êtres de désirs, etc.)… Cette question interroge le sens commun (bonheur comme fond de commerce dans nos sociétés marchandes/spectacles), mais aussi les philosophies « eudémonistes « qui entendent dépasser les illusions communes en proposant une recherche savante du bonheur. Chercher le bonheur : être trompé sur ce que nous sommes réellement (condition indépassable qui nous fait rêver de ce que nous n’atteindrons jamais) ; mais c’est peut-être aussi être trompé sur ce qu’est le bonheur. Les expressions communes (Au petit bonheur, quel bonheur dans le sens de quelle veine, quelle aubaine), et l’étymologie même de « bonheur «, gardent en elle l’idée que celui-ci advient sans être recherché : avoir l’heur de … avoir la chance. Le bonheur est bonne fortune, bonne augure etc. Le bonheur est à tel point inattendu, qu’on se demande si le chercher (l’attendre, et tendre nos actions vers lui) ne nous détournerait pas de lui. Il advient sans prévenir, il repart de la même façon (2). ------------------ (1)  « Or le bonheur semble être au suprême degré une fin de ce genre, car nous le choisissons toujours pour lui-même et jamais en vue d'une autre chose : au contraire, l'honneur, le plaisir, l'intelligence ou toute vertu quelconque, sont des biens que nous choisissons assurément pour eux-mêmes (puisque, même si aucun avantage n'en découlait pour nous, nous les choisirions encore), mais nous les choisissons en vue du bonheur, car c'est par leur intermédiaire que nous pensons devenir heureux. Par contre, le bonheur n'est jamais choisi en vue de ces biens, ni d'une manière générale en vue d'autre chose que lui-même «, Aristote, Ethique à Nicomaque, I, 5.   (2) « 10 mai 1933 Ce qu’on appelle faire l’amour, c’est le plus souvent une caricature du bonheur. Le bonheur est beaucoup plus grand, beaucoup plus profond, et beaucoup plus simple. Et parce qu’il est simple, il ne s’analyse, ni ne se décrit. On ne raconte pas le bonheur, mais il y a des moments où il fond sur nous, sans raison apparente, au plus fort d’une maladie, ou pendant une promenade à travers des prés, ou dans une chambre obscure où l’on s’ennuie ; on se sent tout à coup absurdement heureux, heureux à en mourir, c’est-à-dire si heureux qu’on voudrait mourir, afin de ...

« communes en proposant une recherche savante du bonheur. Chercher le bonheur : être trompé sur ce que nous sommes réellement (condition indépassable qui nous fait rêver de ce que nous n'atteindrons jamais) ; mais c'est peut-être aussi être trompé sur ce qu'est le bonheur. Les expressions communes (Au petit bonheur, quel bonheur dans le sens de quelle veine, quelle aubaine), et l'étymologie même de « bonheur », gardent en elle l'idée que celui-ci advient sans être recherché : avoir l'heur de ...

avoir la chance.

Le bonheur est bonne fortune, bonne augure etc. Le bonheur est à tel point inattendu, qu'on se demande si le chercher (l'attendre, et tendre nos actions vers lui) ne nous détournerait pas de lui. Il advient sans prévenir, il repart de la même façon (2). ------------------ (1)  « Or le bonheur semble être au suprême degré une fin de ce genre, car nous le choisissons toujours pour lui-même et jamais en vue d'une autre chose : au contraire, l'honneur, le plaisir, l'intelligence ou toute vertu quelconque, sont des biens que nous choisissons assurément pour eux-mêmes (puisque, même si aucun avantage n'en découlait pour nous, nous les choisirions encore), mais nous les choisissons en vue du bonheur, car c'est par leur intermédiaire que nous pensons devenir heureux.

Par contre, le bonheur n'est jamais choisi en vue de ces biens, ni d'une manière générale en vue d'autre chose que lui-même », Aristote, Ethique à Nicomaque, I, 5.   (2) « 10 mai 1933 Ce qu'on appelle faire l'amour, c'est le plus souvent une caricature du bonheur.

Le bonheur est beaucoup plus grand, beaucoup plus profond, et beaucoup plus simple.

Et parce qu'il est simple, il ne s'analyse, ni ne se décrit.

On ne raconte pas le bonheur, mais il y a des moments où il fond sur nous, sans raison apparente, au plus fort d'une maladie, ou pendant une promenade à travers des prés, ou dans une chambre obscure où l'on s'ennuie ; on se sent tout à coup absurdement heureux, heureux à en mourir, c'est-à-dire si heureux qu'on voudrait mourir, afin de prolonger à l'infini cette minute extraordinaire.

», Julien Green, Journal.  . »

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