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Est ce que l'art est au dessus de l'homme lui-même ?

Publié le 12/07/2009

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A première vue, il nous a semblé que l’art n’était pas au dessus de l’homme lui-même, mais à côté, dans la mesure où il est un fruit de l’activité humaine en partie déterminé par la volonté de plaire aux hommes. Mais l’art n’est-il pas au dessus de l’homme lui-même, lorsqu’il se montre volontairement hermétique pour le commun des mortels ou fait advenir à l’être des univers dont l’homme n’avait jamais eu l’expérience ? En définitive, nous dirons que l’art n’est pas au dessus de l’homme, mais dans un ailleurs lointain mais néanmoins accessible qu’il s’agit pour l’homme d’atteindre en y consacrant toute la puissance de ses facultés. 

« XX, « Un poète est un monde (…) » Cependant, il faut bien voir que l'art est toujours le produit de l'activité humaine, et qu'il n'y a donc pas lieu de tenircette activité comme se tenant au dessus de l'homme lui-même.

L'art se compare même à l'artisanat à de nombreuxégards : il s'agit d'une production d'artefacts qui obéit à des règles, à tout le moins à des préceptes comme peuventen donner Rilke dans ses Lettres à un jeune poète ou Baudelaire dans ses Conseils aux jeunes Littérateurs . b.

… destiné à plaire aux hommes Mais c'est en un autre sens que l'art n'est pas au dessus des hommes, mais tout entier à leur portée : parce qu'ildoit s'efforcer de plaire à un public aussi vaste que possible.

L'activité de l'artiste est déterminée par une règleuniverselle et transhistorique, celle énoncée par Molière dans La critique de l'Ecole des femmes : « La grande règle, et la seule que l'on doit avoir, est la règle de plaire ». URANIE : Mais, de grâce, Monsieur Lysidas, faites-nous voir ces défauts, dont je ne me suis point aperçue.LYSIDAS : Ceux qui possèdent Aristote et Horace voient d'abord, Madame, que cette comédie pèche contre toutesles règles de l'art.URANIE : Je vous avoue que je n'ai aucune habitude avec ces messieurs-là, et que je ne sais point les règles del'art.DORANTE : Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles, dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdisseztous les jours.

Il semble, à vous ouïr parler, que ces règles de l'art soient les plus grands mystères du monde; etcependant ce ne sont que quelques observations aisées, que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir quel'on prend à ces sortes de poèmes; et le même bon sens qui a fait autrefois ces observations les fait aisémenttous les jours, sans le secours d'Horace et d'Aristote.

Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règlesn'est pas de plaire, et si une pièce de théâtre qui a attrapé son but n'a pas suivi un bon chemin.

Veut-on que toutun public s'abuse sur ces sortes de choses, et que chacun ne soit pas juge du plaisir qu'il y prend ? ». En effet, toute production artistique doit se donner pour but de plaire à un spectateur, à un lecteur, sous peined'enfermer l'expérience artistique dans une dimension contraire à sa nature.

Créer pour choquer, pour dérouter, c'estfinalement passer à côté de la dimension esthétique et sensuelle de l'art, c'est mal comprendre la fin véritable del'activité artistique.

Nous dirons donc que l'art n'est pas au dessus de l'homme lui-même, mais à côté, dans lamesure où il est déterminé par l'ambition de plaire à ces derniers. II.

L'art se tient effectivement au dessus des capacités humaines a.

L'art est un domaine hermétique, réservé à des initiés Cependant, en affirmant que l'art n'est pas au dessus de l'homme lui-même, mais à côté, ne sommes nous pas entrain de nier l'existence de certaines œuvres d'art qui se tiennent manifestement au-delà des facultés, non pas detous les hommes, mais du moins d'une part considérable de ces derniers ? C'est la thèse de Mallarmé dans le célèbreentretien dont nous allons citer une partie : les produits de l'art manifestent une exigence telle qu'ils peuvent passerpour hermétique, et s'ils prétendent plaire au lecteur, c'est d'abord au lecteur de s'élever jusqu'à eux. « Nommer un objet, c'est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite de deviner peu à peu :le suggérer, voilà le rêve.

C'est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit unobjet pour montrer un état d'âme, ou, inversement, choisir un objet et en dégager un état d'âme, par une sériede déchiffrements.– Nous approchons ici, dis-je au maître, d'une grosse objection que j'avais à vous faire...

L'obscurité !– C'est, en effet, également dangereux, me répondit-il, soit que l'obscurité vienne de l'insuffisance du lecteur, oude celle du poète...

mais c'est tricher que d'éluder ce travail.

Que si un être d'une intelligence moyenne, et d'unepréparation littéraire insuffisante, ouvre par hasard un livre ainsi fait et prétend en jouir, il y a malentendu, il fautremettre les choses à leur place.

Il doit y avoir toujours énigme en poésie, et c'est le but de la littérature - il n'yen a pas d'autres - d'évoquer les objets » .

Mallarmé, réponse a l'enquête de Jules Huret sur l'évolution littéraire,. »

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