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Est-il exact que nous assistons a la fin des idéologies ?

Publié le 04/09/2005

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 De telles constatations peuvent aider à définir le paradoxe de la modernité. Destruction et changement, mais aussi ambiguïté, compromis, amalgame : la modernité est paradoxale, elle n'est pas dialectique. Si l'idéologie est un concept typiquement « moderne », si les idéologies sont l'expression de la modernité, sans doute aussi la modernité elle-même n'est-elle qu'un immense processus idéologique.       La modernité n'est pas la révolution, même si elle s'articule sur des révolutions (industrielle, politique, révolution de l'information, révolution du bien-être, etc). Elle est, comme dit Lefèbvre, « l'ombre de la révolution manquée, sa parodie » (Introduction à la modernité). « À l'intérieur du monde renversé et non remis sur ses pieds, la modernité accomplit les tâches de la révolution : dépassement de l'art, de la morale, des idéologies... », on pourrait ajouter : mobilité, abondance, libérations de toutes sortes. Mais elle les accomplit sur le mode d'une révolution permanente des formes, dans le jeu du changement, finalement dans un cycle où se referme la brèche ouverte dans le monde de la tradition. La tradition vivait de continuité et de transcendance réelle. La modernité, ayant inauguré la rupture et le discontinu, s'est refermée sur un nouveau cycle.

L’idéologie est l'idée fausse, la justification d'intérêts, de passions - et l'acception neutre, la mise en forme plus ou moins rigoureuse d'une attitude à l'égard de la réalité sociale ou politique, l'interprétation plus ou moins systématique de ce qui est et de ce qui est souhaitable. La question est de savoir, si finalement les idéologies sont consubstantielles ou non à l’homme, ou si les idéologies sont datées historiquement, qu’elles sont quelques chose du passé. Notre époque serait une période sans idéologie, sans grand projet pour conduire son destin ? Est-ce exact ? Il conviendra de définir ce qu’est véritablement l’idéologie avant de se demander si celle-ci est vraiment périssable.

 

« perdurer ce même état de chose.

C'est pour cela que le pouvoir, les religions, une classe sociale use des idéologies.Ainsi, l'idéologie historique (selon Marx) d'une classe (la conscience de classe du prolétariat, par exemple) n'est pascréée, élaborée, inventée par celle-ci à la façon dont la première psychologie venue s'imagine qu'un sujet (individuou groupe) invente, consciemment ou inconsciemment, ses idées : elle est produite dans des conditions matériellesdonnées en face de l'idéologie adverse et en même temps qu'elle, comme une forme particulière de la lutte declasses, et elle s'impose dans la société (elle existe tout simplement) avec le développement de cette lutte.

End'autres termes, les idéologies sont consubstantielles à l'homme, une idéologie ne peut qu'en remplacer une autre.Le communisme n' a pas mis fin à l'idéologie bourgeoise ou chrétienne, et la fin du communisme n' a pas mis fin àtoutes les idéologies.

3) La modernité, l'ère des idéologies ? On peut émettre de sérieux doutes sur les nouvelles versions du mythe de la “fin des idéologies”, qui a pris un bainde jouvence avec la chute du Mur de Berlin, car elles font de la globalisation de la culture de masse un argumentcentral.

Un de ses plus fameux avatars est le recyclage qu'en a fait, à la fin de l'année 1989, Francis Fukuyama,directeur adjoint de la cellule stratégique du Département d'État américain, sous la forme du mythe de la “fin del'histoire”.

Le fait que les transistors soient devenus un gadget en Chine populaire, que Mozart serve de musique defond dans les supermarchés japonais et que la musique rock soit à Prague l'expression d'une révolte contre uneidéologie stalinienne à bout de souffle était pour ce néo-conservateur de trente-six ans un signe irréfutable del'homogénéisation démocratique du monde sous les auspices du libéralisme occidental.

Depuis lors, l'idée a pris racinedans la rhétorique du libre-échange : l'expansion des produits de l'industrie de l' entertainment amène automatiquement la liberté civile et politique.

Tout se passe comme si le statut de consommateur était l'équivalentde celui de citoyen.

L'analyse des sociétés décolonisées fait apparaître une autre expression spécifique de la modernité : l'idéologie.

Lesidéologies (nationales, culturelles, politiques) sont contemporaines de la détribalisation et de la modernisation.Importées d'Occident et imprégnées de rituels et de croyances traditionnelles, elles n'en constituent pas moins, plusque l'infrastructure économique, le lieu du changement et du conflit, du bouleversement des valeurs et desmentalités.

Il s'agit là encore plutôt d'une rhétorique de la modernité, qui se déploie en pleine ambiguïté dans dessociétés dont elle compense le retard réel et le non-développement.

De telles constatations peuvent aider à définirle paradoxe de la modernité.

Destruction et changement, mais aussi ambiguïté, compromis, amalgame : la modernitéest paradoxale, elle n'est pas dialectique.

Si l'idéologie est un concept typiquement « moderne », si les idéologiessont l'expression de la modernité, sans doute aussi la modernité elle-même n'est-elle qu'un immense processusidéologique.

La modernité n'est pas la révolution, même si elle s'articule sur des révolutions (industrielle, politique, révolution del'information, révolution du bien-être, etc).

Elle est, comme dit Lefèbvre, « l'ombre de la révolution manquée, saparodie » (Introduction à la modernité).

« À l'intérieur du monde renversé et non remis sur ses pieds, la modernitéaccomplit les tâches de la révolution : dépassement de l'art, de la morale, des idéologies...

», on pourrait ajouter :mobilité, abondance, libérations de toutes sortes.

Mais elle les accomplit sur le mode d'une révolution permanentedes formes, dans le jeu du changement, finalement dans un cycle où se referme la brèche ouverte dans le monde dela tradition.

La tradition vivait de continuité et de transcendance réelle.

La modernité, ayant inauguré la rupture etle discontinu, s'est refermée sur un nouveau cycle.

Elle a perdu l'impulsion idéologique de la raison et du progrès etse confond de plus en plus avec le jeu formel du changement.

Même ses mythes se retournent contre elle (celui dela technique, jadis triomphal, est aujourd'hui lourd de menaces).

Les idéaux, les valeurs humaines qu'elle s'étaitdonnés lui échappent : elle se caractérise de plus en plus par la transcendance abstraite de tous les pouvoirs.

Laliberté y est formelle, le peuple y devient masse, la culture y devient mode.

Après avoir été une dynamique duprogrès, la modernité devient lentement un activisme du bien-être.

Son mythe recouvre l'abstraction grandissantede la vie politique et sociale, sous laquelle elle se réduit peu à peu à n'être qu'une culture de la quotidienneté.

Conclusion.

L'idéologie semble être consubstantielle à l'homme, inséparable de sa manière de vivre, mais dans les paysoccidentaux avancés, c'est l'absence d'idéologie qui est idéologique, c'est le culte du changement permanent qui aremplacé la force des grands récits historiques, religieux.

Mais cela serait minorer la place dans nombre de sociétéqu'occupe la religion, le communisme et ses dérivés coloniales.

L'idéologie permet de structurer la vie politique despays émergents et d'ouvrir le débat sur des grands sujets comme la mondialisation, l'écologie.

Il y a peut être denouvelles idéologies encore en gestation autour de grandes questions.. »

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