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Est-il facile de résister et de dire non ?

Publié le 27/02/2008

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Résister à quelque chose ou à quelqu'un, c'est d'emblée se mettre en opposition, refuser un accord ou un compromis avec ce qui est proposé. La résistance peut être ainsi considérée comme une attitude, une réaction face à une volonté extérieure. « Dire non », de la même façon, c'est montrer et affirmer son désaccord avec quelque chose ou quelqu'un de façon explicite par la parole. Nous pourrions même dire que le « non » est l'adverbe qui incarne, dans la parole, la résistance. Résistance qui ne peut se produire que si nous avons le moyen de la mettre en place. Autrement dit, il nous faut pouvoir être libres pour pouvoir résister. Dès lors, si nous devons nous interroger sur la facilité ou la difficulté de cet acte, il s'agit de savoir si cette liberté provient d'un mouvement naturel ou si elle nécessite un effort propre. L'homme, en effet, aime à imposer sa volonté et à exercer son pouvoir. Il semble alors que la résistance à toute volonté extérieure soit quasiment un instinct. Pourtant, l'homme, ce fameux « animal politique » dont parlait Aristote, ne peut se passer d'une société qui le libère. Il faut donc qu'il accorde son crédit à d'autres hommes que lui-même. S'il est vrai qu'il n'y a pas d'homme sans société, alors nous devons également qualifier ce processus de regroupement comme « naturel ». Nous chercherons donc si le fait d'être libre nécessite un effort particulier ou consiste à se laisser aller  à notre nature.

« (Kant, Qu'est-ce que les Lumières..

La liberté, en réalité, angoisse l'homme.

Quoi de plus angoissant que l'expériencede la liberté, dont il faut souvent se défaire pour chasser l'inquiétude liée à l'autonomie? Dès lors, contester ou maîtriser un mouvement naturel nécessite toujours un effort, et lorsque cet effort est sensé,il s'apparente à la vertu du courage.

Ne pas se laisser aller à sa peur par exemple, se « reprendre », c'est aller àl'encontre d'un mouvement naturel, le dominer et le surpasser.

Or, cela semble s'apprendre et nécessite un effortparticulier.

La liberté s'acquiert donc par une résistance à cet instinct naturel d'asservissement.

Dire « non »s'apprend et élève l'homme de son instinct grégaire.

II/ Le courageux est celui qui affirme L'homme qui cherche à être vertueux devrait donc apprendre à s'affirmer face aux autres et apprendre àrefuser.

Naturellement l'homme serait porté à suivre, et celui qui réagirait à l'encontre de ce mouvement généralpourrait être qualifié d'homme libre et courageux.

Or, celui qui conteste sans cesse et refuse tout n'est-il pas unhomme qui en vient à s'opposer à tout mouvement naturel.

Sa posture, en effet, devient celle de la réaction, durefus, et il semble difficile dans ce cas là de pouvoir encore suivre un instinct, un désir, une ambition ou même savolonté propre.

Nous supposions auparavant que la force était du côté de ceux qui arrivaient à contester unmouvement naturel par un effort personnel, une maîtrise d'eux-mêmes.

Mais peut-être ceux-ci ne suivent -ils pas cemouvement parce qu'il leur manque… la force de le faire.

Celui qui fait un effort, c'est peut-être celui qui assume sesambitions et qui change ce qu'il a espéré en une réalité.

Dans ce cas, celui qui s'affirme comme le plus fort est celuiqui résiste à la tendance non naturelle d'abandonner ses rêves et ses espoirs.

Calliclès dans le Gorgias défend d'ailleurs cette position avec brio.

« Pour bien vivre, il faut entretenir en soi –même les plus fortes passions au lieude les réprimer, et à ses passions, quelques fortes qu'elles soient, il faut se mettre en état de donner satisfactionpar son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu'elles désirent.

Mais cela sans doute n'est pas à laportée du vulgaire : de là vient que la foule blâme ceux qu'elle rougit de ne pouvoir imiter, dans l'espoir de cacherpar-là sa propre faiblesse ; elle déclare que l'intempérance est honteuse, s'appliquant, comme je le disaisprécédemment, à asservir les hommes mieux doués par la nature, et, faute de pouvoir elle-même procurer à sespassions une satisfaction complète, elle vante la tempérance et la justice à cause de sa propre lâcheté.

» En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est de subirl'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsi établies parles faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.

C'est du point devue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notion d'égalité dans lajustice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pascomme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieurl'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où laplus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant,massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, quicraignent les puissants et sont incapables de dominer.

Se révolter contre l'autorité d'un chef en refusant ou en limitant son pouvoir nous semblait être apparenté à unevertu.

Ici, à l'inverse, c'est par faiblesse que certains se rebellent et résistent.

Dire non, c'est donc déclarer safaiblesse ouvertement en étant incapable d'approuver la vie.

III/ La liberté reste propre à l'homme . Ainsi, la négation ou le fait de refuser quelque chose, de résister ne nous apparaît plus comme étant lesigne d'une difficulté qui aurait mérite à être surmontée.

Néanmoins, nous ne pouvons nier qu'une résistance ne peutavoir lieu sans une certaine force qui la soutien que celle-ci soit morale ou autre.

De la même façon, tout approuverou tout renier n'aurait aucun sens puisque nous perdrions justement cette capacité de choix entre ces deuxpossibilités qui nous caractérise.

La tendance naturelle que nous recherchions au départ est peut être quelquechose de bien spécifique, qui d'un certain point de vue s'écarterait de la nature elle-même.

La liberté, en effet, quinous donne la possibilité de nous déterminer selon un choix et de le suivre, semble alors la seule nature que nous. »

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