Est-il facile de s'aimer soi-même ?

« I.

Pour vivre une belle vie, l'homme doit comprendre le réel, à travers ses caractères tragiques, afind'accepter le réel sans le fuir 1) L' acceptation des caractères tragiques du réel est l'une des causes essentielles du bien-êtrePar définition, le réel est l'ensemble infini de choses, d'êtres, d'évènements, dont les hommes font partis.

Par ailleurs, on peut distinguer certains faits destinaux tragiques qui contrarient le désir essentiel des hommes qui estd'être heureux, mais qui doit être accepter afin de vivre pleinement la vie.

D'une part, l'individu doit comprendre lamort comme un événement destinal et admettre la mortalité : chaque chose appartenant au réel est éphémère.Selon Freud, la mort est une « blessure narcissique » dans la mesure où l'homme est incapable de concevoir la visionde son propre corps inactif.

La mort touche donc à l'amour de l'individu envers son éthique.

D'autre part, l'hommedoit comprendre le temps comme étant une puissance destinale qui contrarie le désir de retourner dans le passé oud'avancer dans le futur (irréversible), le désir de modifier la vitesse du temps (incompressible) et le désir d'éviter lescaractères tragiques (inévitable).

Selon Héraclite, « on ne rentre jamais deux fois dans le même fleuve ».

Cettecomparaison du temps à un fleuve est « parfaite » dans le sens où le temps est une puissance, une force enperpétuel changement.

Ces transformations peuvent être sources de malheur, quand elles ne sont pas acceptées.Ainsi, pour vivre une belle vie, il faut admettre les caractères tragiques du réel afin qu'ils ne deviennent pas unesource de malheur. 2) La fuite du réel entraîne cinq réactions que l'homme se doit de prohiber de son existence s'il veutpouvoir s'aimer soi-mêmeLorsque l'homme a compris le concept de ‘réel', encore faut-il qu'il ne le fuit pas ! La plupart des hommes, par peur, réagissent avec lâcheté en fuyant le réel, ce qui peut n'être que source de malheur.

Afin de vivre bien,l'homme doit faire face à certaines réactions qui modifieraient sa perception du réel, et donc l'empêcheraient desavourer pleinement et avec conscience la vie.

Tout d'abord, il s'agit d'éviter l'autodestruction, concept dont lesuicide en est un exemple.

Ensuite, il faut modérer ses aspirations car la force du désir humain peut entraîner desvisions psychotiques et mener à la maladie.

Pour vivre pleinement et consciemment , il faut également prohiberl'usage de produits modifiant la perception du réel que sont les drogues.

Le divertissement est, par définition, unmoyen de se détourner du réel ; il doit donc être banni de nos actes.

Enfin, il semble important d'interdire lasuperstition, si l'on désire bien vivre, dans la mesure où la foule croit en de nombreuses illusions, que sont lespuissances anthropomorphiques (surnaturelles), qui favorisent l'aliénation des superstitieux.

Ces personnes sont pardéfinition étrangère à elle-même : elles n'ont aucune conscience de leurs faits et gestes, et donc ne peuventtendre au bonheur.

Ainsi, de nombreuses réactions à éviter sont caractéristiques de la fuite du réel par l'homme.Pour bien-vivre et ainsi s'aimer soi-même, il faut donc être lucide, c'est-à-dire avoir conscience de ses actes. 3) L'acceptation du réel, par Pascal et LucrèceEn philosophie, l'acceptation du réel est l'une des causes principales du bonheur.

Cependant, les thèses sur la manière d'accepter le réel divergent : la perspective religieuse de Pascal diffère de la perspective philosophiquede Lucrèce.

Selon Pascal, « le réel est infini ».

De ce fait, la question de la place de l'homme dans le réel estproblématique, ce qui crée un sentiment de peur face à l'adversité : c'est pourquoi les hommes fuient le réel,s'agitent pour atteindre des buts précis.

Ainsi, Pascal explique que le bonheur est impossible, sans l'existence d'unautre monde, lequel serait meilleur pour les hommes dans la mesure où la vie serait immortelle et éternelle.

Croyantchrétien, Pascal affirme donc que pour être heureux, il faut que les hommes prennent conscience du réel (avectoute ces atrocités) afin qu'ils cherchent l'autre monde, dominé par Dieu.

Selon Lucrèce, le hasard est créateur duréel et le « bien suprême » provient du plaisir.

De ce fait, il en distingue trois : D'une part, l'homme doit être enbonne santé physiquement (pas de troubles ou de maux) : c'est le plaisir de l'être.

D'autre part, l'homme doit êtrecapable de réfléchir : c'est le plaisir de l'âme.

Enfin, l'homme doit accepter la mort, ne pas fuir le réel : c'est le plaisirde la vie.

Lucrèce affirme donc que pour être heureux, il faut que les hommes prennent conscience du réel etsurtout des causes de leurs peurs, de leur maux afin de pouvoir les guérir.

La thèse religieuse de Pascal et celle,philosophique, de Lucrèce permettent donc d'atteindre le bonheur, de tendre à une belle vie. Afin de vivre une belle vie, et donc être capable de s'aimer soi-même, il faut accepter les caractères tragiques du réel que sont la mort et le temps, afin d'accepter le réel sans le fuir. II.

Par ailleurs, l'homme doit apprendre à être ‘libre de penser' s'il veut vivre heureux, et pouvoir s'aimersoi-même : il doit passer de l'hétéromonie à l'autonomie 1) L'hétéromonie est un état commun à la plupart des individus Par définition, l'hétéromonie est un état dans lequel l'homme obéit à des principes, des règles, des nomes ou. »