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Est-il juste que seul le présent existe ?

Publié le 05/09/2005

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Car le présent ainsi défini n'existe pas ! C'est un néant, une poussière infinitésimale. Loin d'être Présence, comme nous le suggérait le texte de Gide, le présent est fuite, évanouissement. Comment serait-il possible de vivre au présent ? Cette expression même est rigoureusement antinomique, comme le sous-entend, en certains passages,. Jean-Paul Sartre : « Une analyse rigoureuse qui prétendrait débarrasser le présent de tout ce qui n'est pas lui, c'est-à-dire du passé et de l'avenir immédiat, ne trouverait plus en fait qu'un instant infinitésimal, c'est-à-dire, comme le remarque Husserl dans ses Leçons sur la conscience intérieure du Temps, le terme idéal d'une division poussée à l'infini du néant. » (l'Être et le Néant, Tel-Gallimard, p. 165). Il en résulte qu'il est contradictoire et non pensable de vivre au présent, puisque le présent n est pas. Conçu comme instant infinitésimal, il nous échappe et ne fournit pas la matière d'un exister. Il n'a pas de réalité propre.

Lorsque nous disons qu’une chose existe nous n’entendons pas simplement qu’elle est possible, mais bien qu’elle a une réalité actuelle, effective. Ainsi si l’on peut dire qu’une idée abstraite, l’idée du triangle par exemple, est en quelque façon, elle n’a pas pour autant une existence. Dans ce sens là il semble bien que seul le présent existe, puisque contrairement au passé qui n’est plus, ou au futur qui n’est pas encore, seul le présent a une réalité actuelle. Pourtant lorsque l’on examine le mode d’être du présent, on s’aperçoit qu’il consiste dans le fait de passer, donc de disparaître. En effet un présent qui ne passerait pas ne serait plus présent mais se confondrait avec l’éternité. Ainsi si seul le présent existe, son existence consiste à disparaître, donc en un sens à ne pas être. Pour sortir de l’aporie, il faut cesser d’envisager le présent comme un point qui marquerait la limite entre présent et passé, et l’envisager comme ayant une certaine épaisseur. La question deviendra alors de savoir ce qui distingue cette épaisseur de temps de celle qui s’étend virtuellement vers l’avenir et de celle qui s’étend vers le passé. Mais on peut également se demander dans quelle mesure le présent tel que le vit l’être humain ne se distingue pas de celui des choses ou des animaux. En effet l’homme est un être doué de conscience, qui se représente sa mort, ce qui l’amène à habiter une temporalité finie. Dès lors le présent, en tant qu’il est envisagé comme un mode de cette temporalité finie, ne peut être envisagé en dehors de sa relation à la mort à venir. Il se peut donc que le présent ne tire son existence proprement humaine que du rapport de l’homme à l’avenir.

« Bergson nous permet de comprendre que le présent existe véritablement à titre de durée, douée d'une épaisseur temporelle.

Mais puisque tout ce qui existe est immergé dans cettedurée, on a du mal à penser ce qui fait la spécificité de rapport de l'homme autemps.

Or l'homme étant doué de conscience, il se représente qu'il va mourir, eta donc un autre rapport au temps que les autres êtres vivants.

C'est en effet laconscience qu'il a de sa mort à venir, donc de sa finitude, qui fait que pourl'homme chaque instant est unique.

Dans Être et temps , Heidegger considère donc que le présent n'est pas ce qui existe au plus haut point, car ce n'estqu'en se projetant dans l'avenir (c'est-à-dire en se représentant sa condition demortel) que l'homme parvient à habiter le présent d'une manière véritablementhumaine.

Heidegger ne dit pas que le présent n'existe pas, mais que c'est en sedécidant à affronter la finitude de sa temporalité que l'homme parvient à donnerune consistance au présent en se décidant à vivre sur un mode authentique.Cette décision, est une résolution qui consiste à se projeter vers l'avenir, à seheurter à la pensée de la mort, et à revenir de là vers les possibilités léguées parle passé pour se décider pour le présent.

Ce n'est donc qu'en se projetant versl'avenir que l'homme peut donner du poids à son existence présente.

En ce sensil n'est pas juste de dire que seul le présent existe.

Pour autant ce n'est qu'ense décidant au présent pour un mode authentique d'existence que l'anticipationde la mort fait accéder l'homme à une existence véritablement humaine.

Doncl'avenir n'existe que si l'homme le fait exister au présent. Conclusion Dire que seul le présent existe semble être justifié négativement par le fait que le passé n'existe plus etque l'avenir n'existe pas encore.

Mais si l'on examine le mode d'être du présent, on constate qu'il ne peut consisterque dans une disparition qui empêche de lui donner véritablement de l'existence.

Le présent existe donc d'abord entant qu'il est une tension de l'âme qui mesure le passage du temps.

Cette tension qui s'étend vers le passé etl'avenir part fondamentalement d'un présent qui est celui de la conscience.

Mais cette approche subjectiviste estfondée sur une mécompréhension de l'essence du temps, qui le pense à partir de l'espace.

Lorsque l'on reconnaîtque l'essence du temps est durée, on doit admettre que seul le présent existe.

Mais en ce qui concerne le tempshumain, la consistance du présent provient de la capacité humaine à se projeter vers l'avenir, et il faut donc direque pour l'homme l'avenir a au moins autant d'existence que le présent. SUPPLEMENT: A première vue, seul le présent existe (car le passé n'est plus et le futur n'est pas encore), mais le passé et le futurexistent également dans le présent (nos souvenirs forgent ce que nous sommes dans le présent ) et nous bâtissonsnotre vie selon des projets à venir ; nous nous soucions de notre avenir.

A proprement parler, est-il possible devivre au présent, figer aupiquet de l'instant.

? Mais quel sens donner au verbe "exister" ? Exister, est-ce pas être toujours au-delà de soi ? Dene jamais coïncider avec une essence ? Un présent fugace et fugitif ? On est tenté de dire : seul le présent existeréellement.

Le présent semble être le temps de ma conscience, le passé, lui, n'existe qu'en souvenirs (parfoisdouloureux) et le futur n'existe encore pas du tout.

Qu'est-ce qui pourrait déterminer un privilège de l'existence duprésent sur les autres types d'existence (en pensée ?) du passé et du futur ? Peut-être parce que le présent est leseul temps où l'on fait effectivement quelque chose, où l'on peut agir, exister pleinement.

Le présent est le tempsde la décision et de l'action.

Mais est-ce que le passé et le futur n'ont pas eux aussi une action sur notre êtreprésent ? Le fait même de se représenter l'avenir comme quelque chose qui n'existe pas encore n'a-t-il pas uneaction sur nous ? Qu'est-ce que ce présent dont on dit qu'il serait le seul à exister ? Le présent n'est-il pastoujours divisible en passé et futur ? Et si l'on dit que le privilège du présent c'est d'être le temps de l'action, queexister, c'est agir, avoir une cause ou une effectivité, alors ne faut-il pas dire que l'action est au contraire ce qui unifie un passé (comme condition), un présent (comme lieu) et un futur (comme perspective de devoir-être) ? Nesommes-nous pas toujours au-delà ou en-deçà du présent ? Le pro-jet sartrien ne montre-t-il pas une consciencejetée vers l'avenir ? Cette crise mystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contrairepremier signe d'une conversion future ? Moi, selon que je déciderai — à vingt ans, à trente ans — de me convertir.Le projet de conversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'une prémonition que je n'avaispas prise au sérieux.

Qui décidera si le séjour en prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable ?Moi, selon que je renonce à voler ou que je m'endurcis.

Qui peut décider de la valeur d'enseignement d'un voyage,de la sincérité d'un serment d'amour, de la pureté d'une intention passée, etc.

? C'est toujours moi, selon les finspar lesquelles je les éclaire.Ainsi tout mon passé est là, pressant, urgent, impérieux, mais je choisis son sens et les ordres qu'il me donne par leprojet même de ma fin.

Sans doute ces engagements pris pèsent sur moi, sans doute le lien conjugal autrefoisassumé, la maison achetée et meublée l'an dernier limitent mes possibilités et me dictent ma conduite : mais c'estprécisément parce que mes projets sont tels que je réassume le lien conjugal, c'est-à-dire précisément parce que jene projette pas le rejet du lien conjugal, parce que je n'en fais pas un « lien conjugal passé, dépassé, mort », mais. »

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