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Est-il possible de penser sans douter ?

Publié le 06/09/2005

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Pour trouver une vérité certaine, il faut provisoirement faire comme si tout ce que l'on croyait été faux. Descartes radicalise même ce doute méthodique en doute hyperbolique en utilisant la fiction du malin génie. Cette fiction consiste à imaginer qu'un malin génie nous trompe sur tout et que donc l'on ne peut être certain de rien, pas même que 2 + 3 = 5, puisque ce malin génie pourrait me faire croire que c'est le cas alors qu'il n'en est rien.  Or au terme de cette radicalisation du doute, Descartes  formule cette première vérité inébranlable qu'est le cogito. Cela consiste à dire que même si ce malin génie me trompe sur ce que je crois être, il ne peut me tromper sur mon existence elle-même car pour penser il faut   bien être. Douter de tout permet donc bien de trouver une première vérité certaine, qui pourra servir de critère pour évaluer les autres choses que je crois être vraies. Le doute peut donc être nécessaire à la pensée à titre de moment fondateur dans la recherche de la vérité. On doit donc dire que l'on ne peut pas penser véritablement sans avoir douté. Mais cela ne signifie pas que penser implique de toujours douter. Une fois que l'on a atteint une vérité, on n'a plus besoin de douter (Descartes  considère que Dieu étant bon, il ne peut pas vouloir faire que ce que j'ai vu une fois comme vrai se révèle faux).

 La pensée peut s’entendre en un sens très large comme l’ensemble de l’activité de l’esprit. A ce titre, elle peut englober un grand nombre de choses, puisque l’esprit contient les diverses facultés que sont l’entendement, la volonté, l’imagination. C’est pourquoi Descartes  considère pour sa part dans les  Méditations métaphysiques, II, que « vouloir, juger, imaginer, sentir « (car c’est l’esprit qui perçoit via les sens), font partie de la pensée. Dès lors pourquoi faudrait-il nécessairement douter pour penser ? On peut par exemple imaginer quelque chose sans avoir à douter de la réalité de cette chose, et puisque l’imagination appartient à l’esprit, ce sera une forme de pensée. Pourtant certaines des activités de l’esprit semblent perméables au doute. Ainsi, lorsque je porte un jugement sur une situation, il est toujours possible que je me trompe, c'est-à-dire que je passe à côté de la vérité. Or en un sens plus restreint, penser, qui vient du latin pensare, peser, c’est justement peser le pour et le contre, ou évaluer les raisons que l’on a de tenir quelque chose pour vrai. Dans ce sens plus restreint, on peut effectivement se demander s’il est possible de penser, c'est-à-dire maintenant de donner son assentiment à la vérité ou à la fausseté d’un jugement, sans s’être préalablement interrogé sur les raisons que l’on a de le faire. En effet, en l’absence d’une telle interrogation, on court le risque de tomber dans un dogmatisme qui affirme péremptoirement certaines choses sans preuves, et sans même accepter la confrontation des opinions dans une discussion ouverte.

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